Revenir à la rubrique : Faits divers

Une maison vieille de 30 ans…condamnée à la destruction?

Correctionnelle Sud – Mardi 15 mars 2016 :

Ecrit par Jules Bénard – le mercredi 16 mars 2016 à 01H03

Gilbert (nom d’emprunt), 58 ans, est poursuivi pour deux maisons construites sans autorisation sur son terrain, au Coin-Tranquille, Plaine-des-Cafres. Il fut charpentier avant de se reconvertir dans l’agriculture et l’élevage : quelques vaches, un peu de maraîchage, du maïs. Pour élever une famille, un hectare et demi, c’est pas le Pérou.

Comme il y avait deux cases, modestes mais correctes, sur ce terrain acquis auprès d’une de ses sœurs, il les a retapées et mises en location. Rapport brut des logements, 1000 euros. De quoi mettre (un peu) de beurre dans les brèdes lastron.

Les maisons sont vieilles de plus de 30 ans et, selon Me Motais, avocat du prévenu, « aucun de ses locataires ne s’est jamais plaint de rien ».

Aucun locataire sauf une qui, un jour, a été mise à la porte par Gilbert parce que ne payant pas son loyer. Il n’en a pas fallu plus, la dame, furibarde, est allée dénoncer Gilbert comme exploitant des maisons à usage d’habitation sur un terrain non constructible.

Ainsi commence cette lamentable affaire, que l’on pourrait qualifier de stupide. Car des décennies durant, l’homme a régulièrement casqué les impôts fonciers réclamés. Pour des cases vieilles, sans l’ombre de commencement d’un luxe quelconque.

Là-dessus, voici que l’une des cases est passablement abîmée par un incendie que Gilbert qualifie de criminel. Il sollicite un permis de construire pour refaire la toiture et, au bout de deux mois, ne voyant rien venir, considère qu’il y a acceptation tacite, ce qui est effectivement prévu par la loi.

Mais voilà, en cas de contestation par l’administration, l’acceptation tacite tombe d’elle-même. Trop tard, la maison a été refaite et relouée.

La présidente Tomasini, le représentant de l’Urbanisme et le Parquet ont longuement débattu, face au bâtonnier Motais qui a montré que l’âge ne lui ôtait rien de sa combattivité légendaire. Et alors que l’accusateur public réclamait la démolition des ouvrages litigieux, avec 15 000 euros d’amende et une astreinte de 250 euros par jour de retard au bout de quatre mois, Me Motais s’est attaché à démolir pièce par pièce tous les éléments en défaveur de son client. Accentuant son plaidoyer sur l’état du logement dans l’île.

« Sur cette surface habitable réduite, 850 000 habitants doivent se loger… Il y a nécessité de construire… Mon client est victime d’une réglementation inadaptée… Il faudrait 10 000 logements par an et on est loin du compte quand 20 000 familles sont en attente d’un toit… En 30 ans, on ne lui a rien dit mais il a honoré rubis sur l’ongle ses impôts… Il a fallu d’un litige avec une locataire mal lunée pour que l’administration vienne s’acharner sur quelqu’un qui est un gros travailleur mais vit très chichement malgré ces locations de faible rapport… Que devient le droit de propriété dans ce pays ?… Veut-on voir plus de gens dormir sur des cartons dans un coin de trottoir ?… »

La voix tonitruante du bâtonnier en a secoué plus d’un dans l’auditoire. A-t-elle convaincu le tribunal ? La relaxe sollicitée sera-t-elle accordée ? Jugement le 12 avril.
 

 

Thèmes :
Message fin article

Avez-vous aimé cet article ?

Partagez-le sans tarder sur les réseaux sociaux, abonnez-vous à notre Newsletter,
et restez à l'affût de nos dernières actualités en nous suivant sur Google Actualités.

Pour accéder à nos articles en continu, voici notre flux RSS : https://www.zinfos974.com/feed
Une meilleure expérience de lecture !
nous suggérons l'utilisation de Feedly.

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Dans la même rubrique

Agression du personnel pénitentiaire au Port : Le détenu voit rouge suite à la confiscation d’un plant de tomates

Julien L., détenu au centre pénitentiaire du Port, a reçu 30 jours de cachot pour avoir agressé des surveillants le 11 avril lors d’une inspection de cellule où son plant de tomates a été confisqué. Il a jeté une bouteille en verre et utilisé une casserole comme arme contre le personnel d’intervention. Suite à cet incident, qui a nécessité neuf personnes pour le maitriser, il a été condamné à huit mois supplémentaires de prison par le tribunal correctionnel.

Coup de folie dans un restaurant de St-Denis : L’individu armé n’avait pas toute sa tête

Noor-Mohamed M., souffrant de troubles psychiques, a provoqué un incident violent dans un restaurant à Saint-Denis, menaçant des clients avec un couteau et une matraque télescopique. L’altercation s’est poursuivie jusqu’à ce que la sécurité intervienne et que la police l’arrête en état d’agitation extrême. Diagnostiqué avec plusieurs troubles mentaux, il a été condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis probatoire, et doit suivre des soins obligatoires.

Accident mortel à Saint-Joseph : Le conducteur placé sous contrôle judiciaire

Le conducteur est soupçonné d’avoir provoqué un accident mortel dimanche matin à Saint-Joseph. Dans un premier temps, une femme s’était dénoncée, mais les investigations ont fait douter les enquêteurs qui pensent qu’elle a tenté de couvrir son fils. Ce dernier a été placé en garde à vue et déféré ce mercredi après-midi au tribunal. Il a été placé sous contrôle judiciaire.

St-André : En incendiant un véhicule, il met le feu à un immeuble

Guillaume R., 33 ans, a mis le feu à la voiture dans laquelle il avait élu domicile, entraînant l’incendie de deux autres véhicules et la propagation du feu à un immeuble voisin. Après avoir avoué « bêtement » son geste aux policiers, il a été jugé et condamné à 18 mois de prison pour incendie volontaire, malgré des antécédents psychiatriques et des troubles exacerbés par la consommation de substances.