Robert a créé sa quincaillerie en partant de rien, et en tant que chef de famille, entend que ses enfants fassent ce qu’il leur demande sans trop poser de questions. "Il nous a retirés de l’école très tôt pour qu’on travaille avec lui". C’est en tout cas l’explication que Sylvaine*, la fille, martèle ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Saint-Pierre. En 2004, la famille crée une nouvelle société, la quincaillerie A. Sylvaine en devient la gérante de droit. La jeune femme continue d’assurer les tâches administratives et est en charge des transferts financiers, mais c'est toujours Robert, le père, qui détient les manettes. En 2007, les difficultés financières se font de plus en plus importantes. Pour y faire face, Robert incite Sylvaine à encaisser des chèques de la société sur son compte personnel pour ensuite lui remettre l’argent en liquide afin de payer les fournisseurs, lui assure-t-il.
Mais le trou dans les caisses ne cesse de se creuser. Il faut dire que Robert perçoit également des salaires alors qu’il ne figure aucunement dans les statuts de l’entreprise qui finalement est placée en redressement judiciaire. "On ne savait pas exactement comment gérer une entreprise. J’ai arrêté l’école en 3e et mon père ne sait pas lire ni écrire", livre Sylvaine comme explication. Un expert-comptable aide pourtant la famille dans sa stratégie. L'homme n'a jamais été interrogé mais semble jouer un rôle déterminant dans les choix de montage financier du père. Une deuxième société ouvre, la quincaillerie M, pour sauver la quincaillerie A. Dans les faits, la première est vidée de ses actifs au profit de la seconde. Sylvain*, le fils, en prend la gérance. L’emprise du père et les fraudes que Sylvain découvre font qu’il s’oppose pour la première fois au patriarche. Il quitte la gérance peu de temps après dans la violence, assure Sylvain qui a porté plainte. Une plainte finalement classée sans suite. La famille est prise dans un cercle vicieux.
Robert demande donc au gendre de prendre la tête de la quincaillerie M. Le beau-fils devient encore une fois un gérant de paille puisqu'il continue de servir les planches et le ciment dans la cour sans s’occuper du reste. Aux malversations s’ajoutent des vols qui précipitent encore davantage la nouvelle structure vers la chute. Rien ne va plus.
"L’apothéose d’un drame familial à la Dallas"
Au total, entre les chèques et les espèces, au moins 500.000 euros ont été détournés des sociétés. Pour Sylvain, ce n’est pas aux enfants de payer les malversations du père, absent à son procès pour des raisons médicales.
Être gérant de droit est une question de responsabilité, tance le parquet qui rappelle que la quincaillerie A a laissé un passif d’1,6 million d’euros dont 800.000 d’impayés aux fournisseurs ; la quincaillerie M. 200.000 euros. Même si le ministère public reconnait que la responsabilité de l’expert comptable peut être remise en cause, il requiert 12 mois ferme mais aménageables à l’encontre du patriarche Robert et 50.000 euros d’amende. Une peine justifiée, estime-t-il, par les 9 infractions qui lui sont reprochées et le fait qu’il a entrainé ses enfants.
Pour Sylvaine, qui "tenait la caisse mais était aussi une marionnette", 2 ans de sursis et 30.000 euros d’amende sont demandés. Son mari risque lui 12 mois de sursis simple et 15.000 euros d’amende. Pour tous les trois, l’interdiction définitive de gérer est également demandée. Le parquet requiert 6 mois de sursis et 8.000 euros d’amende contre Sylvain, lui laissant une chance de continuer à gérer sa société personnelle.
Face au tribunal, c’est un peu "l’apothéose d’un drame familial à la Dallas", note Me Farid Issé, conseil de Sylvaine et de son époux. C’est aussi l’histoire d’un homme de 72 ans qui a commencé à ramasser des clous rouillés, les a retapés pour les revendre, conte la robe noire. Beaucoup de grandes fortunes familiales réunionnaises ont commencé leur aventure de cette manière, rappelle Me Issé qui regrette que cette famille n’ait finalement pas réussi à se structurer.
Le délibéré est attendu le 2 juin prochain.
Mais le trou dans les caisses ne cesse de se creuser. Il faut dire que Robert perçoit également des salaires alors qu’il ne figure aucunement dans les statuts de l’entreprise qui finalement est placée en redressement judiciaire. "On ne savait pas exactement comment gérer une entreprise. J’ai arrêté l’école en 3e et mon père ne sait pas lire ni écrire", livre Sylvaine comme explication. Un expert-comptable aide pourtant la famille dans sa stratégie. L'homme n'a jamais été interrogé mais semble jouer un rôle déterminant dans les choix de montage financier du père. Une deuxième société ouvre, la quincaillerie M, pour sauver la quincaillerie A. Dans les faits, la première est vidée de ses actifs au profit de la seconde. Sylvain*, le fils, en prend la gérance. L’emprise du père et les fraudes que Sylvain découvre font qu’il s’oppose pour la première fois au patriarche. Il quitte la gérance peu de temps après dans la violence, assure Sylvain qui a porté plainte. Une plainte finalement classée sans suite. La famille est prise dans un cercle vicieux.
Robert demande donc au gendre de prendre la tête de la quincaillerie M. Le beau-fils devient encore une fois un gérant de paille puisqu'il continue de servir les planches et le ciment dans la cour sans s’occuper du reste. Aux malversations s’ajoutent des vols qui précipitent encore davantage la nouvelle structure vers la chute. Rien ne va plus.
"L’apothéose d’un drame familial à la Dallas"
Au total, entre les chèques et les espèces, au moins 500.000 euros ont été détournés des sociétés. Pour Sylvain, ce n’est pas aux enfants de payer les malversations du père, absent à son procès pour des raisons médicales.
Être gérant de droit est une question de responsabilité, tance le parquet qui rappelle que la quincaillerie A a laissé un passif d’1,6 million d’euros dont 800.000 d’impayés aux fournisseurs ; la quincaillerie M. 200.000 euros. Même si le ministère public reconnait que la responsabilité de l’expert comptable peut être remise en cause, il requiert 12 mois ferme mais aménageables à l’encontre du patriarche Robert et 50.000 euros d’amende. Une peine justifiée, estime-t-il, par les 9 infractions qui lui sont reprochées et le fait qu’il a entrainé ses enfants.
Pour Sylvaine, qui "tenait la caisse mais était aussi une marionnette", 2 ans de sursis et 30.000 euros d’amende sont demandés. Son mari risque lui 12 mois de sursis simple et 15.000 euros d’amende. Pour tous les trois, l’interdiction définitive de gérer est également demandée. Le parquet requiert 6 mois de sursis et 8.000 euros d’amende contre Sylvain, lui laissant une chance de continuer à gérer sa société personnelle.
Face au tribunal, c’est un peu "l’apothéose d’un drame familial à la Dallas", note Me Farid Issé, conseil de Sylvaine et de son époux. C’est aussi l’histoire d’un homme de 72 ans qui a commencé à ramasser des clous rouillés, les a retapés pour les revendre, conte la robe noire. Beaucoup de grandes fortunes familiales réunionnaises ont commencé leur aventure de cette manière, rappelle Me Issé qui regrette que cette famille n’ait finalement pas réussi à se structurer.
Le délibéré est attendu le 2 juin prochain.