La prudence, c’est la position du Rectorat dans cette affaire sensible. Les parents de Léo*, âgé de 6 ans, sont révoltés. Ils accusent l’enseignante de leur enfant de maltraitances, physique et psychologique.
Une plainte a été déposée le 31 mars dernier. La mère de Léo raconte que son fils, en classe de CP, apeuré, ne veut plus se rendre à l’école depuis le début de l’année 2014. Elle explique que depuis la rentrée 2013, son institutrice lui mène la vie dure: « Lorsque j’ai vu mon fils qui était dépressif, j’ai parlé avec lui pour savoir ce qu’il y avait. (…) Il m’a dit que la maîtresse crie souvent, que la maîtresse le punit tout le temps« , assure-t-elle aux gendarmes.
Un jour, Léo est mis au coin: « Je le vois qui sort de la classe en titubant. Il me dit qu’il sort de derrière la porte, qu’il a été puni parce que lui et une autre enfant se sont chamaillés. Il m’a dit qu’il ne tenait plus sur ses jambes et qu’il avait un mauvais goût dans sa gorge. Il n’était pas bien. »
A l’occasion d’un cours de soutien, l’institutrice stoppe la leçon plus tôt et laisse l’enfant rentrer chez lui tout seul. Léo arrive à son domicile, qui se situe à cinq minutes de l’école, alors que son père est en train d’aller le chercher: « Je ne connais pas les raisons qui ont poussé madame (…) à partir plus tôt ce jour là mais elle a fait prendre des risques à mon fils« , commente la maman qui a fait appel aux services du bâtonnier Georges André Hoarau.
Les anecdotes s’enchaînent, la situation se dégrade. Léo, traumatisé, ne veut plus aller à l’école et un médecin diagnostique une dépression et le développement d’une phobie scolaire. Sa mère a été forcée de prendre un arrêt de travail pour s’occuper de son fils, désormais suivi par un pédopsychiatre. « J’ai vraiment mal de voir mon enfant dans cet état. Qu’il a été déscolarisé, sa santé s’affaiblit, son mal être, de ne plus avoir de copains, de rester seul dans sa chambre« , résume-t-elle. Selon cette dernière, l’institutrice aurait pris en grippe la famille depuis une altercation entre la grande sœur de Léo et une camarade de classe l’année précédente.
Une Atsem de l’école a accepté de témoigner en faveur des parents. Elle affirme dans une lettre que l’institutrice « passait son temps à critiquer les enfants de sa classe, en particulier Léo* qui a été obligé de quitter sa classe« . Cette même Atsem aurait dit à la mère de Léo avoir vu « une fois, madame (…) secouer Léo* dans la classe », avant de le punir et le mettre au coin. Elle aurait entendu crier à l’enfant « qu’il l’énerve, qu’il est un monstre et qu’elle avait envie de l’étrangler« , relate la mère dans son dépôt de plainte.
L’avocat de la plaignante, le bâtonnier Georges- André Hoarau, s’attachera à défendre cet enfant et sa famille avec d’autant plus de force que « mon père a exercé toute sa vie ce noble métier d’enseignant. Il avait l’habitude de dire qu’il avait charge d’âmes. C’est un sentiment partagé par la très grande majorité des enseignants mais hélas, cet enfant est tombé sur une exception qui porte atteinte tant à l’intérêt de cet l’enfant et de sa famille, qu’à celui de la profession« , commente-t-il.
D’autres parents se seraient plaints des agissements de l’institutrice qui a rendez-vous ce mercredi au Rectorat pour donner sa version des faits.