Dans son rapport de 75 pages, la députée élue en 2022 fait figurer en première position la préconisation qui fait déjà beaucoup parler. Elle souhaite en effet mettre fin au visa territorialisé. Ce dispositif oblige les étrangers détenteurs d’un titre de séjour de rester sur le territoire de Mayotte.
Vers des visas normaux
« Les étrangers en situation régulière doivent ainsi demander un visa pour aller dans l’hexagone ou dans un autre département ou région d’outre-mer ou encore dans le reste de l’espace Schengen. Ces restrictions ont pour effet de fixer indéfiniment la population migrante dans une petite île de 375 km2. Il y a là une grande hypocrisie : l’Etat ne se donne pas les moyens d’arrêter l’immigration comorienne à Mayotte mais il n’assume pas pour autant d’en répartir la charge avec l’hexagone », a-t-elle fait valoir l’idée d’une sorte de péréquation nationale.
En présentant cette préconisation, Estelle Youssouffa est allée dans le sens de la proposition faite par l’ancienne directrice de l’Agence régionale de santé Dominique Voynet. Sur le plateau télé de l’émission « C ce soir » sur France 5 le 24 avril, elle avait présenté le dilemme dans lequel Mayotte se trouve.
« Il y a trop de monde »
« Même si l’Etat français investit énormément dans des écoles, des routes, des hôpitaux etc., comment apporter des emplois de qualité à 250.000 personnes ? Ça paraît un défi fou. Je vois au moins une solution pour sortir de la crise. Il y a trop de monde à Mayotte mais en même temps, les personnes qui sont en situation régulière ont des visas qui ne leur permettent pas de quitter Mayotte », a évoqué Dominique Voynet en détaillant sa proposition : « s’il y avait 100.000 Comoriens en métropole sur 70 millions d’habitants, on les voit pas; alors qu’à Mayotte, on ne voit que ça ».
« La crise migratoire à Mayotte n’ira qu’en empirant si des actes forts ne sont pas posés, sauf à croire, ce à quoi les rapporteurs se refusent, que l’espoir secret de certains responsables politiques ne soit que, de guerre lasse, la population mahoraise ne finisse par se résigner à la séparation d’avec la France et que les Comores aient réussi leur pari de renversement démographique », a déclaré Estelle Youssouffa lors de la présentation de son rapport.
96 % des entrées irrégulières détectées en 2022 à Mayotte ont concerné des Comoriens. Toujours en 2022, un peu plus de 25.000 personnes ont été reconduites aux Comores.