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Une adolescente dénonce des violences régulières, son père condamné

Ce lundi comparaissait un homme de 46 ans pour des faits de violences sur conjoint mais également pour des violences sur mineur. Cette triste affaire, sur fond d'alcoolisme, laisse apparaitre une réalité bien plus triste que l'addiction qui rend violent ce père de famille.

Ecrit par 1167938 – le mardi 06 juin 2023 à 10H00

Les faits qui sont reprochés à Adrien M. courrent sur une période de prévention qui s’étend du 1er janvier 2019 au 29 mars 2023 à Saint-André. Fait assez rare, c’est la fille du couple qui émet un signalement à son école sur les violences dont elle est victime par son père. Elle dénonce également les violences que subit sa mère. Un signalement est fait au parquet par le médecin de l’école, entrainant les auditions de la fille et de sa mère qui déposent plainte en avril dernier.

Le déclencheur est la journée du 29 mars. Alors qu’elle dit être allée à la piscine sans l’autorisation de ses parents pour justifier son absence, la jeune fille est battue par son père qui est en état d’ivresse. La mère en aura également pour son compte selon les dires de l’adolescente. Elle dénonce ensuite ces faits à l’école qui fait un signalement. 

Lors des auditions qui suivent, la mère reconnait des violences subies depuis une longue période. Elle met l’accent sur l’alcoolisme de son mari et indique avoir peur des représailles. Elle demande même des mesures de protections. Ses dires sont corroborés par sa réaction lorsqu’elle apprend qu’il vient d’arriver au commissariat. S’en suit une crise de panique avec des difficultés respiratoires. Les policiers indiqueront également le comportement particulièrement provocateur et agressif de l’époux ce jour-là. La mère explique aussi qu’elle a reçu un coup de couteau il y a plusieurs années, alors qu’il était une fois encore sous l’empire d’un état alcoolique. Il s’avère que le quadragénaire possède un revolver flash-ball qu’il ne se gêne pas d’exhiber même s’il ne menace personne. 

Il reconnait les violences sur sa fille et sa femme

Compte tenu de la gravité des faits, même s’il n’a pas de casier, le père de famille est renvoyé en comparution immédiate pour être jugé. Une première fois renvoyée début avril pour qu’il puisse préparer sa défense, l’audience a eu lieu ce lundi après presque deux de détention provisoire.

La famille du prévenu est présente. Dès le début de l’audience, il adopte le comportement d’un homme repenti, la tête basse et prêt à être jugé pour ce qu’il a fait. Il reconnait les violences sur sa fille et sa femme, mais dans une moindre mesure alors que pour les faits du 29 mars, la mère a reçu 4 jours d’ITT et la fille 10 jours. Le médecin constate alors des marques de scarifications sur les bras de la petite. 

La mère et sa fille sont alors appelées à la barre par le président. Tremblante, la jeune fille refuse de parler, c’est sa mère qui répond au président. Ce qui va suivre est, malheureusement, commun dans les dossiers de violences : « Il ne m’a jamais menacé avec l’arme et le coup de couteau, c’était il y a longtemps. Il y a des violences oui, mais elles sont occasionnelles. On se dispute oui, mais au point de me frapper, non. Il y a eu des bousculades oui, mais des violences physiques, c’est très rare. Il a giflé sa fille oui, mais pas deux ou trois fois par semaine comme elle l’a dit. Aujourd’hui je n’ai plus peur de lui, je veux qu’il reprenne contact avec ses enfants car c’est un bon père et un bon mari« , témoigne l’épouse.

« Vous nous dites exactement l’inverse de ce que vous avez dit en audition« 

Elle ajoute ensuite pour justifier le comportement de sa fille qui dénonce des violences régulières : « Elle a subi des violences et des pressions à l’école en raison de son orientation sexuelle ». À cet instant, le tribunal parait circonspect et le procureur ne se gêne pas pour le faire savoir au témoin : « J’ai un peu de mal à comprendre votre revirement. Vous nous dites exactement l’inverse de ce que vous avez dit en audition« . Quelque peu étonnée par le témoignage, le présidente demande ensuite à la jeune fille de venir à la barre. Elle éclate en sanglots dans les bras de sa grand-mère et sort en pleurs de la salle. Le président n’insiste pas. 

« Il n’y a pas de doute sur les violences« , estime la partie civile. « Ce n’est pas facile quand c’est un proche qui dépose plainte. Enfin, il est prêt à accepter ce que dit sa fille« , conclut habillement la robe noire en recentrant le débat. « Les faits sont plus complexes qu’il n’y parait« , poursuit le parquet. « On sera dans le flou jusqu’au bout sur la nouvelle version donnée. La seule qui mérite une attention aujourd’hui, c’est cette jeune fille qui a une version constante. Il a failli en tant que père et tant qu’époux, il n’a pas protégé son foyer. Sa femme a demandé une protection et aujourd’hui, elle le décrit un bon père avec un problème d’alcool. Il a un double visage avec une posture d’acceptation à la barre, de circonstance. Il reconnait une partie des faits« , tance le procureur qui requiert une peine de 12. mois de prison dont 6 mois de sursis avec maintien en détention, estimant que les faits sont graves. 

« Il sait qu’il fallait arrêter toute cette violence »

« Ce n’est pas un comportement de circonstance mais celui d’une personne consciente de ce qu’elle a fait« , répond la défense. « Aujourd’hui, celui qui se présente devant ses juges a la tête baissée car il a compris ce que l’alcool lui fait commettre, qu’il n’a pas répondu aux attentes de sa famille. Cette audience doit servir à réconcilier un père et sa fille. Ce qui est important, c’est que cette famille se retrouve. Je vous demande une peine juste qui le ramène à la dignité d’un père qui doit être la sienne. Il sait qu’il fallait arrêter toute cette violence« , plaide la robe noire.

« Mi aime mes enfants, ma femme, mi regrette« , termine le prévenu en pleurs. Il est reconnu coupable et condamné à 1 an de prison dont 6 mois de sursis probatoire. Les 4 mois fermes restants seront effectués sous la forme d’une détention à domicile dont les modalités seront fixées par le juge de l’application des peines. Il lui est également fait interdiction de paraitre au domicile familial pendant 2 ans et il devra suivre un stage de sensibilisation aux violences familiales. 

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