Tout d’abord, je voudrais préciser qu’avec les membres du PSR nous avons toujours été favorables à la prise de responsabilité des Réunionnais et à la préférence régionale dans le cadre français et européen. Nos projets de 2003 et 2006 issus de nos séminaires et débats avaient pour slogan : « Donn’ créol responsabilités et métissons les sphères de décisions ».
A l’époque, nous pensions qu’il s’agissait de donner du sens et des perspectives à nos jeunes de plus en plus nombreux et diplômés et que ces derniers ne devaient pas rester de simples spectateurs au développement de notre île… Force est de constater que le compte n’y est pas et que le déséquilibre s’est accentué dans ce domaine.
Intéressé par cette problématique, je voulais échanger sur « les limites à la préférence régionale à l’embauche » et connaitre les éléments de réponse apportés par Mr André Oraison lors de la conférence du 24 septembre dernier à la faculté des lettres.
Et là, comme beaucoup d’autres participants présents dans ce temple du savoir qu’est l’université, j’ai été surpris que le conférencier n’a pas pu exposer sa thèse, n’a pas pu s’exprimer et développer ses arguments. C’était une cacophonie où personne ne s’entendait plus. C’est dommage et indigne. Pire, il fallait que le conférencier s’exprime « quelques minutes et sous certaines conditions… »
Nous n’étions pas obligés d’être d’accord avec la position de Mr ORAISON , bien au contraire, au vu de notre slogan ci-dessus. Mais ce qui est déplorable c’est qu’on ne lui a pas laissé le temps ni l’occasion de s’exprimer, d’exposer ses arguments, bref, ce pourquoi il était venu ce 24 septembre. Ces opposants auraient eu tout le loisir de se manifester ensuite lors du débat démocratiquement.
Par ailleurs, nous entendons souvent dire ici et là que notre île est une terre de tolérance, d’accueil, d’ouverture et de solidarité, bref un modèle qui est mis en avant … Ce 24 septembre 2015 à l’université de la Réunion j’ai assisté à quelque chose qui ne fait pas honneur à notre « vivre ensemble », quelque chose d’inquiétant pour l’avenir et le devenir de notre île à court et moyen terme.
En fait, à la place des échanges, des arguments et du débat, les participants ont assisté à plusieurs formes de violence et de haine : violence au niveau des mots, au niveau des gestes et postures, au niveau du comportement. Oui de la haine aussi quand devant l’absence d’échanges il y a des insultes (limite à connotation raciste), de la vulgarité et des procès d’intention où il n’y plus de place au respect de l’autre. Non, aucune revendication ne peut justifier de telles attitudes.
Cette situation doit interpeller tous les acteurs et forces vives de notre île, car tout peut dégénérer à n’importe quel moment devant l’inconscience de quelques personnes qui en fait, revendiquent clairement le changement du statut de notre île voire son indépendance, et qui veulent que « ça pète, que ça explose… »
Qui disait : « Je ne suis pas d’accord avec vous, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire » à méditer.
Eric DELORME