Ce week-end, ce ne sont pas moins de 5 concerts qui ont été consacrés aux musiques traditionnelles de la Réunion et de Mayotte dans le cadre d’un cycle intitulé «Une île, un monde». Des tambours malbar aux chants mahorais, en passant par l’accordéon de René Lacaille et les kayambs des musiciens de Maloya, c’est tout un pan de la diversité française de l’Océan Indien qui à été présenté à un public sous le charme.
Même si une partie des spectateurs a pu regretter qu’Urbain Philéas et Gramoun Sello s’expriment en créole pour capter l’auditoire, Réunionnais comme métropolitains ont passé un vrai moment de fête. Ceux qui connaissaient déjà les rythmiques et sonorités de chez nous ont notamment apprécié de pouvoir danser du maloya à Paris. Les autres, ceux qui découvraient, ont été agréablement surpris, au point même, pour certains, de vouloir se rendre sur l’île pour en entendre un peu plus.
Du côté de Mayotte, le public a tout autant été conquis même si, cette fois, il ne fut pas du tout enclin à se lever et tenter quelques pas de danse. »Je découvre et je ne suis absolument pas déçue, c’est magnifique du début à la fin« , a exprimé une auditrice à la fin des prestations mahoraises de chigôma, une danse masculine, et de deba, une musique et danse religieuse exclusivement féminine et musulmane. « Même si c’est répétitif et qu’on ne comprend pas les paroles, on ressent la joie qui est exprimée dans les chants« , a confié une autre spectatrice. Les mahorais eux-mêmes ont été très satisfaits, retrouvant exactement ce qu’ils ont pu vivre sur leur île lors de mariages ou d’autres cérémonies.
A travers l’histoire et les origines de ces différents styles musicaux, c’est aussi la richesse culturelle et le métissage qui transparaissent, autrement dit la multiculturalité. Comme l’explique Alain Weber, conseiller culturel, « le monde dans 50 ans sera peut-être ce qu’est la Réunion aujourd’hui : un lieu où l’on peut vivre avec l’autre sans tomber dans l’uniformisation ». Et concernant Mayotte, à l’heure où l’on s’interroge sur l’identité nationale, il était important selon lui de montrer « l’autre islam, un islam populaire qui laisse un champ d’expression aux femmes Soufies« . Car, « même si sa musique est liée à la culture du Zanzibar et des Comores, Mayotte c’est aussi la France« .