Le 6 décembre dernier, nous avons suivi avec intérêt la conférence sur le thème “Kozman kaf, du déni à la réhabilitation” qui s’est tenue au campus universitaire du Moufia à quelques jours de la fête du 20 décembre.
Il convient en premier lieu de saluer cette initiative intéressante, qui a ainsi permis d’aborder les thèmes de la place du Kaf dans l’histoire et la société réunionnaise, ou encore ceux des conditions de vie et du niveau d’insertion des Kaf et métis dans notre île .
Les interventions des nombreux chercheurs, spécialistes et représentants de la société civile présents à cette occasion (anthropologues, sociologues, docteurs, intellectuels…) ont été très riches d’enseignement sur un sujet ô combien important pour l’équilibre de notre société.
S’il est important de connaître le dernier écart du Mozambique qui a dansé le Maloya ou le premier quartier qui a pratiqué le Moringue au Brésil, maintenant il devient nécessaire de changer de braquet, briser les chaînes pour modifier les comportements, le savoir-être, et être respecté.
Nous partageons pleinement le diagnostic formulé par le sociologue Laurent MEDEA, selon lequel « aucune politique d’intégration n’a été mise en place après l’esclavage, laissant place à un phénomène de délaissement, aux conséquences psychologiques et matérielles« .
Cependant pour avancer sur l’amélioration de la cause des Kaf et métis ainsi que leur niveau de représentation dans la société, il est primordial de faire cesser les grands discours identitaires ou portant sur l’origine « du brède manioc ou du boucané bringelle« , mais plutôt de mettre en place un vrai Plan stratégique pour « faire sortir le Kaf du fénoir« : en clair définir le comment faire (*) ?
Un plan stratégique triennal qui définit les actions concrètes, avec des objectifs précis, (spécifiques, mesurables, atteignables et réalisables dans le temps…) afin que le Kaf soit autour de la table, participe à l’évolution de son pays et trouve sa juste place. Ceci afin que son repère, sa boussole ne soit plus l’autre, le plus souvent, celui qui vient d’ailleurs, qui connaît tout, qui détient tout…
Ce plan stratégique pour l’évolution de la cause des Kaf et métis doit être réalisé en concertation avec toutes les parties prenantes, sans exclusion, car la Réunion est aussi une terre de métissage ne l’oublions pas. Ce plan doit être tiré par le haut, afin de donner une autre image du Kaf qui « l’est pas plus, mais qui l’est pas moins que les autres » et qui doit être un vecteur de progrès,
Sans un projet crédible qui souligne et qui met en avant: une ambition partagée, les forces et les résistances, les menaces et les opportunités à saisir, associé à un plan d’actions d’envergure et un pilotage par des experts de chaque domaine, il serait illusoire d’envisager des avancées significatives de cette problématique. En effet trop de freins existent encore sur ce sujet tabou, qui dérange encore beaucoup de monde.
C’est ce combat qu’il convient de mener en faveur d’une plus grande cohésion sociale et pour l’édification d’un mieux vivre ensemble. Il est grand temps…
Eric DELORME – Dominique HENRY
Membres du PSR