Bilal R. est très peu intéressé par ce qui se passe autour de lui. Même ses accompagnateurs en uniforme, qui en ont vu des vertes, des talées et des pourries, qui viennent juste de l’extraire de sa villégiature forcée à Domenjod, n’ont jamais vu un être aussi peu concerné par tout ce qui l’entoure. Pas même sa propre personne. Crâne ras, barbu, il attend que ça se passe et, en attendant, toise l’assistance, sourire narquois aux lèvres : Attrape-moi si tu peux !
« Mais qu’est-ce que je fous ici ? »
Même lorsque le Président Karl procède à la lecture de son CV judiciaire, il semble se faire tartir comme une Tatin ; et se gratte la barbe. 4 condamnations : recel de vol ( 2 fois), conduite sans permis, violences avec usage d’arme. Il lui pèse sur la tête une Épée de La-dame-au-clefs (dixit Bérurier) plus lourde que Dure-en-dalle (comprenne qui veut) ! Mais s’il fallait se gâter les sangs pour de telles bricoles…
Tout a commencé en début de soirée, le 19 juin dernier au Port. L’ami Bilal est soupçonné de participation à un trafic de drogue à grande échelle ; en fonction de quoi les policiers vont faire une perquise chez lui. Menotté, le gars se laisse emmener jusque dans la cour de sa case et là, se met à gesticuler et ameuter le voisinage. Ce que constatant, les policiers lui demandent de la fermer. Le policier le plus proche de l’énergumène reçoit alors un coup de boule en pleine tronche. Ouaille ! Fortement attaché, Bilal est assujetti dans le fourgon où le surveille un autre policier.
Lequel se fait lors mordre sauvagement par l’incongru. Mordre jusqu’au sang. « Les traces de ses dents sont aujourd’hui encore, imprimées dans l’épaule de ce fonctionnaire », précisera le Procureur Trufféry.
Intervention du furieux : « Le policier m’a donné un coup de tête ». Bonsanmécébiensûr !
Il est bien connu qu’avant le flingue, le teaser, le tonfa, le karaté et les menottes, le coup-de-boule est la première technique de self-défense enseignée aux policiers. Le premier Benalla venu sait ça.
En attendant les Assises ?
« Que faites-vous dans la vie ? » demande le Président Karl.
« Ben… mi lé en taule ! »
« Je voulais dire dans la vie… » réplique le Président qui renonce devant l’impossibilité du dialogue.
Le Procureur Trufféry a salué « l’immense générosité du prévenu » qui n’a pas souhaité porter plainte suite au coup de tête soi-disant asséné par le policier. Mais a insisté sur la dangerosité du délinquant plusieurs fois condamné, notamment pour violences « Il considère normal de frapper les policiers ! »
Des remarques comme ça, ça fait mal, et la sentence fut à la hauteur : 1 an ferme ; mandat de dépôt à l’audience ; 500 + 1.000 + 300 + 800 euros d’amendes aussi diverses que variées.
Ce qui n’a pas non plus joué en faveur du pitbull, c’est qu’il est détenu dans le cadre d’une affaire non encore jugée, criminelle celle-là !