Le 16 mars 2005, un gros dossier constitué de copies d’époque et de correspondances privées à propos de l’affaire Furcy et du conflit interne à l’administration réunionnaise ont fait l’objet d’un achat pour le compte des Archives départementales de La Réunion lors d’une vente publique à l’Hôtel Drouot. L’affaire Furcy a représenté le plus long procès jamais intenté par un esclave à son maître, 30 ans avant l’abolition de 1848.
Furcy est un esclave de 31 ans qui en octobre 1817, sur l’île de La Réunion (Ile Bourbon à l’époque), intente un procès à son maître pour exiger sa liberté. Lorsqu’il entame sa démarche en justice, il trouve un certain soutien en la personne du procureur général Louis Gilbert Boucher. Pour ses sympathies antiesclavagistes, celui-ci s’attire l’hostilité de Joseph Richemont Desbassyns, le commissaire ordonnateur général de La Réunion.
L’affaire fait grand bruit à Saint-Denis car elle ouvre une brèche qui permettrait la libération de 15.000 individus. Aussi, sous la pression des colons, Gilbert Boucher doit quitter l’île et son jeune substitut, Jacques Sully Brunet, est également écarté du dossier. Furcy mourra en esclave, après avoir entretenu une correspondance suivie depuis Maurice où il s’était exilé, avec la famille Brunet à La Réunion et Gilbert Boucher lui-même en métropole.
C’est au tribunal de Saint-Denis que le procès, qui a duré 27 ans, a trouvé son dénouement le 23 décembre 1843 à Paris. Le président Portalis déclare : « La cour dit que Furcy est né en liberté ». Un dossier volumineux, des années de procédure, et finalement, Furcy reste mystérieux ne laissant que si peu de traces sur sa vie. L’auteur de l’ouvrage, Mohammed Aïssaoui a donc croisé les récits des archives et son imagination pour reconstituer le périple de Furcy.
L’Affaire de l’esclave Furcy, par Mohammed Aïssaoui, Gallimard, 198 p., 16,90 euros.