Il s’agit d’un médecin métropolitain d’origine algérienne qui exerce aujourd’hui à Lille. Mais ce vendredi, il est à La Réunion car jugé par le tribunal correctionnel de Saint-Denis pour agressions sexuelles sur deux jeunes femmes alors qu’il exerçait dans un dispensaire à Mayotte en 2012 puis au CHU de Bellepierre en 2014.
"Je suis innocent" sont les premiers mots du quinquagénaire. Il assure avoir ausculté cette patiente de 20 ans au CHU, une habituée de l’hôpital à cause de sa maladie, et rien de plus. Elle l’accuse pourtant de l’avoir touché au niveau des seins, des cuisses et entre les jambes alors que ses douleurs se trouvaient au niveau du dos. Devant le tribunal, c’est une jeune femme timide, anxieuse et en pleurs qui décrit comme elle peut la scène.
Des faits difficiles à prouver, malgré tout, pour la patiente qui a déposé plainte. Mais ce médecin a cependant une autre accusation datant de 2012 à Mayotte qui le suit. La patiente, âgée 21 ans, se rend dans un dispensaire avec une question d’ordre sexuelle. Ce même médecin l’ausculte puis propose de l’emmener en voiture à l’hôpital pour une prise de sang. Il aurait placé sa main sur sa cuisse dans la voiture puis en quittant l’hôpital, aurait insister pour faire un arrêt chez lui. Il aurait eu "des choses à faire rapidement". Mais une fois chez lui, elle explique s’être mise nue sur le lit à sa demande afin d’être auscultée. Il l’aurait alors violé, prétextant un but médical. Quelques semaines plus tard, la femme se trouve enceinte et se fait avorter.
L’analyse psychologique révèle une jeune femme intelligente mais influençable et immature. L’enquête relève qu’en effet, un avortement a bien été réalisé. Les versions du médecin, quant à elles, varient au long des auditions. Il assure que rien ne s’est passé ce jour-là à son domicile mais qu’il y avait eu des relations intimes et non sexuelles. Puis, il affirme qu’il y a eu des relations sexuelles consenties. Puis il refuse cette dernière version, expliquant avoir été "déstabilisé en garde à vue".
"Les trois victimes qui ne se connaissent absolument pas"
"Les trois victimes qui ne se connaissent absolument pas", rappelle Me Céline Cabaud, l’avocate d’une des patientes. En effet, une patiente mineure l’avait aussi accusé en 2002 d’un comportement déplacé, soit un baiser. Mais le prévenu décrit trois cas bien différents. Le président d’audience évoque en effet les 30 ans de métier avec le nombre de patientes qui va avec. Un élément qui décrédibilise les trois femmes ? Me Céline Cabaud s’indigne : "Je suis choquée qu’on en parle. On sait très bien que la plupart des victimes n’en parlent pas". Et selon l’avocate de la seconde plaignante, Me Fanny Olivier : "Elles étaient toutes vulnérables, ces victimes-là".
Pour la procureure, une autre logique peut être adoptée. "Si celui-ci a certes examiné beaucoup de femmes au long des années, il y a aussi beaucoup de médecins qui exercent et seul 1% d’entre eux sont accusés d’un abus sexuel. Donc ce monsieur, accusé trois fois, n’a vraiment pas eu beaucoup de chance".
Une défense qui tient la route
Pour l’avocat de la défense, Me Iqbal Akhoun, c’est le cas. Après avoir rappelé l’expertise psychiatrique qui le considère comme "pas dangereux" et que les versions divergentes en garde vue ne constituent pas une preuve de culpabilité, il se concentre sur les victimes présumées. Pour la patiente du CHU de Bellepierre, sa maladie serait de l’ordre psychiatrique et les soignants la qualifient d’ "un peu spéciale" et "à problèmes". D’autres plaintes auraient été déposées à l’encontre d’autres hommes auparavant. Pour l’incident à Mayotte, il soutient l’hypothèse de la relation consentie, insistant sur le fait que la jeune femme se soit déshabillée d’elle-même et que la grossesse, hors mariage, aurait été une honte. Me Iqbal Akhoun a donc demandé la relaxe de son client.
La procureure a quant à elle requis 5 ans de prison dont 3 avec sursis, une obligation de soins, une interdiction de contact avec les deux femmes et que le prévenu soit inscrit au FIJAIS. Pour elle, les faits à Mayotte sont de l'ordre du viol (un crime) qui a été correctionnalisé, et donc jugé en tant qu’agression sexuelle (un délit) devant le tribunal correctionnel. "Si ça avait été un viol jugé devant les Assises, vous savez très bien qu’il aurait été acquitté, explique l'avocat de la défense. Mais il s’agit aujourd’hui d’une agression sexuelle, donc vous n’avez pas à requérir une peine comme s’il s’agissait d’un viol". Un point de droit qui aura peut-être son poids au moment du délibéré, prévu le 4 décembre.
"Je suis innocent" sont les premiers mots du quinquagénaire. Il assure avoir ausculté cette patiente de 20 ans au CHU, une habituée de l’hôpital à cause de sa maladie, et rien de plus. Elle l’accuse pourtant de l’avoir touché au niveau des seins, des cuisses et entre les jambes alors que ses douleurs se trouvaient au niveau du dos. Devant le tribunal, c’est une jeune femme timide, anxieuse et en pleurs qui décrit comme elle peut la scène.
Des faits difficiles à prouver, malgré tout, pour la patiente qui a déposé plainte. Mais ce médecin a cependant une autre accusation datant de 2012 à Mayotte qui le suit. La patiente, âgée 21 ans, se rend dans un dispensaire avec une question d’ordre sexuelle. Ce même médecin l’ausculte puis propose de l’emmener en voiture à l’hôpital pour une prise de sang. Il aurait placé sa main sur sa cuisse dans la voiture puis en quittant l’hôpital, aurait insister pour faire un arrêt chez lui. Il aurait eu "des choses à faire rapidement". Mais une fois chez lui, elle explique s’être mise nue sur le lit à sa demande afin d’être auscultée. Il l’aurait alors violé, prétextant un but médical. Quelques semaines plus tard, la femme se trouve enceinte et se fait avorter.
L’analyse psychologique révèle une jeune femme intelligente mais influençable et immature. L’enquête relève qu’en effet, un avortement a bien été réalisé. Les versions du médecin, quant à elles, varient au long des auditions. Il assure que rien ne s’est passé ce jour-là à son domicile mais qu’il y avait eu des relations intimes et non sexuelles. Puis, il affirme qu’il y a eu des relations sexuelles consenties. Puis il refuse cette dernière version, expliquant avoir été "déstabilisé en garde à vue".
"Les trois victimes qui ne se connaissent absolument pas"
"Les trois victimes qui ne se connaissent absolument pas", rappelle Me Céline Cabaud, l’avocate d’une des patientes. En effet, une patiente mineure l’avait aussi accusé en 2002 d’un comportement déplacé, soit un baiser. Mais le prévenu décrit trois cas bien différents. Le président d’audience évoque en effet les 30 ans de métier avec le nombre de patientes qui va avec. Un élément qui décrédibilise les trois femmes ? Me Céline Cabaud s’indigne : "Je suis choquée qu’on en parle. On sait très bien que la plupart des victimes n’en parlent pas". Et selon l’avocate de la seconde plaignante, Me Fanny Olivier : "Elles étaient toutes vulnérables, ces victimes-là".
Pour la procureure, une autre logique peut être adoptée. "Si celui-ci a certes examiné beaucoup de femmes au long des années, il y a aussi beaucoup de médecins qui exercent et seul 1% d’entre eux sont accusés d’un abus sexuel. Donc ce monsieur, accusé trois fois, n’a vraiment pas eu beaucoup de chance".
Une défense qui tient la route
Pour l’avocat de la défense, Me Iqbal Akhoun, c’est le cas. Après avoir rappelé l’expertise psychiatrique qui le considère comme "pas dangereux" et que les versions divergentes en garde vue ne constituent pas une preuve de culpabilité, il se concentre sur les victimes présumées. Pour la patiente du CHU de Bellepierre, sa maladie serait de l’ordre psychiatrique et les soignants la qualifient d’ "un peu spéciale" et "à problèmes". D’autres plaintes auraient été déposées à l’encontre d’autres hommes auparavant. Pour l’incident à Mayotte, il soutient l’hypothèse de la relation consentie, insistant sur le fait que la jeune femme se soit déshabillée d’elle-même et que la grossesse, hors mariage, aurait été une honte. Me Iqbal Akhoun a donc demandé la relaxe de son client.
La procureure a quant à elle requis 5 ans de prison dont 3 avec sursis, une obligation de soins, une interdiction de contact avec les deux femmes et que le prévenu soit inscrit au FIJAIS. Pour elle, les faits à Mayotte sont de l'ordre du viol (un crime) qui a été correctionnalisé, et donc jugé en tant qu’agression sexuelle (un délit) devant le tribunal correctionnel. "Si ça avait été un viol jugé devant les Assises, vous savez très bien qu’il aurait été acquitté, explique l'avocat de la défense. Mais il s’agit aujourd’hui d’une agression sexuelle, donc vous n’avez pas à requérir une peine comme s’il s’agissait d’un viol". Un point de droit qui aura peut-être son poids au moment du délibéré, prévu le 4 décembre.