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Un conseil municipal sous haute tension

Après trois heures d'un conseil municipal houleux et passionné à la Rivière Saint-Louis, la hausse des impôts locaux a finalement été votée hier soir. Souvent inaudible à cause de l'ambiance, la séance a de nouveau mis aux prises majorité et opposition, qui faisait son retour. Sévèrement critiqué pour sa gestion, Claude Hoarau a retenu la responsabilité partagée du déficit abyssal de la commune.

Ecrit par Ludovic Robert – le vendredi 16 avril 2010 à 08H00

Police municipale, gendarmerie nationale, « garde rapprochée« , on ne peut pas dire que les moyens aient été oubliés ce jeudi soir, à l’occasion d’un conseil municipal qui fera date. Il est 17h30 lorsque Claude Hoarau fait irruption avec les élus de la majorité sous un tonnerre d’applaudissements. Les militants venus en nombre ne voulaient pas manquer le retour des joutes verbales entre majorité et opposition. Il faudra près de trois heures pour que la séance soit levée.

Compte de gestion et compte administratif en guise de préambule

« Nous voulons une séance de sérénité. Nous avons à montrer à ceux qui ont annoncé l’Afghanistan ou la Colombie que nous sommes bien loin de tout cela, mais cela dépend de vous« , lance Claude Hoarau à l’assemblée survoltée.

Saluant le retour de l’opposition, Jean Piot introduit alors la séance aux côtés du maire avant de laisser la parole à l’opposition reléguée au fond de la salle. L’examen des comptes de gestion de l’exercice 2009 débute, mais c’est bien le Compte administratif 2009 qui lance les débats.
Claude Hoarau détaille alors les données de son CA. Avec un déficit de 21,223 millions d’euros en fonctionnement et un « excédent » de 13,722 millions d’euros (travaux en régie), le maire présente un déficit global de 7, 5 millions d’euros. Un chiffre qui prête à confusion et qui interpelle l’opposition : « Vous comprendrez que l’opposition puisse difficilement voter pour« , explique Cyrille Hamilcaro, de retour aux affaires municipales. Difficilement audible et souvent coupé par les invectives des militants, l’ancien maire évoque « un budget complètement déstructuré » et un déficit qui aurait pu être ramené à 9 millions d’euros au vu des préconisations de la Cour régionale des comptes. « Peut-on rester dans cette voie sans hypothéquer l’avenir ?« , s’interroge Thierry Sam-Chit-Chong.

« Nous avons notre part de responsabilité et nous ne le nions pas, mais vous avez également la votre en 2001 et 2008 » indique Jean Piot. Le plat principal allait arriver, celui des orientations budgétaires et des impôts locaux.

 

Orientations budgétaires et taxes locales, un vent d’opposition

La passe d’armes entre opposition et majorité ne faiblit pas pour autant et le débat sur les orientations budgétaires ne déroge pas à la règle. Mettant en avant le contexte de crise, les « restrictions drastiques des marges d’intervention de la Région et du Département« , la majorité détaille son plan de retour à l’équilibre. Réduction des dépenses relatives au train de vie de la commune et au personnel, suppression de 230 CDD, réduction du temps de travail et des salaires de 5%, tels sont les points principaux de ces OB, votées dans la confusion. « La problématique première de notre budget 2010 est donc celle du rééquilibrage de la section de fonctionnement pour laquelle nous mobilisons tous les moyens« , précise le rapport de l’affaire.
Restait alors à Cyrille Hamilcaro de prendre la parole, sous les quolibets répétés de l’assemblée : « Vous proposez l’inacceptable. (…). Les orientations budgétaires doivent aller dans le sens de l’enrichissement de la commune, alors qu’ici nous trouvons exactement l’inverse« .

En réponse, Claude Hoarau intervient rapidement pour dénoncer les provocations de l’opposition et calmer l’assemblée. « Votre débat n’est pas un débat mais une somme de provocations. Quant au déficit, vous avez votre part de responsabilité entre 2001 et 2008. Je vois mal comment vous pourriez nous donner des leçons« , répond Claude Hoarau dans une ambiance électrique alors que survient une altercation dans le public, juste derrière les journalistes.

La séance commence à devenir limite, mais il reste encore les taux des trois taxes locales qui doivent être votées avant minuit.

 

Vote des impôts locaux ou politique fiction ?

Avec 15 voix pour, sept opposition, une abstention et une explication de vote, les taux sont validés après que les répartitions des votes aient été finement calculés par la majorité avant même le conseil.

La Taxe d’habitation passe ainsi de 31,35% à 45,51% tandis que la taxe foncière bâtie grimpe également à 57,36%. La taxe foncière non bâtie sera de 67,58% pour une recette propre de 371.800 euros. « La seule diminution des dépenses ne nous permettra pas de résorber le déficit (…) C’est pourquoi, ils nous faut procéder à l’augmentation des impôts« . Chose étonnante, les recettes des impôts locaux atteignent la somme de 21,993 millions d’euros, une somme très proche du déficit en fonctionnement.

Pour Cyrille Hamilcaro, il est « hors de question d’augmenter encore les impôts. Vous dites qu’il faut que nous proposions des solutions… Allons-y. » Mais c’était sans compter sur Claude Hoarau qui, muni de sa baguette d’enseignant, n’a pas manqué de faire un petit cours de recettes fiscales à l’assemblée. Recettes que l’on pouvait déjà apercevoir sur un tract fané à l’extérieur de la mairie.

Parfois digne de la politique fiction ou du vaudeville, ce conseil municipal a tenu toutes ses promesses : ambiance électrique, échanges vifs, répliques et provocations en tout genre. « C’est une situation douloureuse pour tout le monde » a conclu Claude Hoarau.

 

 

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