Le lieutenant-colonel Pascal Morisot est le patron du centre du service national pour la Réunion et Mayotte, c’est à dire du service qui entre autres organise tous les ans la Journée Défense et Citoyenneté au cours de laquelle des militaires sensibilisent les jeunes de 18 ans à la citoyenneté et au missions menées par l’armée. C’est également là qu’on procède à des tests pour évaluer le niveau d’apprentissage des acquis fondamentaux de la langue française des jeunes de cette tranche d’âge. Ces tests ont pour but de détecter les jeunes en difficulté de lecture ou en décrochage scolaire.
Tout ça pour dire que le lieutenant-colonel Pascal Morisot, travaillant auprès d’une population défavorisée, devrait être porteur d’un humanisme, d’une capacité de compréhension et de compassion supérieurs à ceux de ses collègues au sein de l’armée. On ne lui demande pas d’apprendre à tuer, mais d’évaluer, d’accompagner et d’apprendre les règles essentielles du savoir vivre ensemble à ceux qui vont passer entre ses mains.
C’est la raison pour laquelle on est droit d’être particulièrement choqué des propos qu’il a tenus dans une lettre écrite le 18 mai dernier et qui semble s’adresser à un contingent de nouveaux militaires métropolitains venus à la Réunion travailler sous ses ordres. Dans ce courrier de bienvenue que nous reproduisons ci-dessous, il se croit obligé de décrire notre ile et ses habitants à ses subordonnés. Après une rapide description des paysages de notre ile, qui « offre d’incomparables opportunités de randonnées« , il précise que sa « population est accueillante et chaleureuse« . Jusque là rien à dire.
Ca va encore quand il constate, parlant des Réunionnais que, « jeunes filles ou jeunes hommes, certains sont, vous le constaterez, complètement « paumés« , en désespérance, parfois gravement illétrés ou inadaptés aux exigences de notre société ». C’est dur, mais malheureusement pas complètement faux, s’agissant d’une certaine tranche de notre population.
C’est malheureusement après que ça se gate. Pour lui, les Réunionnais sont « rétifs aux mutations irréversibles d’un monde qui bouge« . « Ils sont bien souvent ballotés entre atavisme familiaux et les différents pourvoyeurs de belles promesses d’ici ou d’ailleurs qui se révèlent être autant de freins à une inévitable et salvatrice mobilité« .
« Atavisme familiaux« , le terme est laché et fait référence à des tares liées à l’hérédité. Le lieutenant-colonel Morisot a su retenir sa plume à temps, mais il n’empêche que l’on voit bien qu’il fait là allusion à ce reportage télévisé qui avait fait passer les « petits blancs des hauts » pour des dégénérés consanguins qui se vautraient dans l’alcoolisme… Par extension, pour lui, c’est l’ensemble des Réunionnais qui souffre d' »atavisme« …
D’après nos informations, le lieutenant-colonel Morisot est un habitué de ce genre de propos, encore plus violents et plus crus à l’oral qu’à l’écrit…
Dans son courrier, il nous apprend qu’il quittera l’ile définitivement le 26 juillet prochain. Désolé, mon colonel, mais la Réunion ne vous regrettera pas…