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Un caillou dans notre Histoire

John R. SEARL comparait les mots à des clous auxquels le locuteur accroche des réalités souvent changeantes. Il en va sûrement de même pour des statues. Alors que le mot est quelquefois pris pour la chose, le plâtre, le bronze, le fer… qui font les statues deviennent, par la force d’un artiste, réalité ; quand […]

Ecrit par Frédéric ROUSSET – le dimanche 21 juin 2020 à 17H09

John R. SEARL comparait les mots à des clous auxquels le locuteur accroche des réalités souvent changeantes. Il en va sûrement de même pour des statues. Alors que le mot est quelquefois pris pour la chose, le plâtre, le bronze, le fer… qui font les statues deviennent, par la force d’un artiste, réalité ; quand Dom Juan compte visiter un monument, Sganarelle parle d’aller voir un homme: le Commandeur. Le sculpteur peut, toutefois, connaître quelques défaillances. Ainsi, au Burkina Faso, ce dernier a dû corriger sa création car la représentation de Thomas SANKARA n’était pas assez ressemblante et ne rendait pas hommage au héros.

Ce qui nous occupe,  actuellement, n’est pas tant le talent des artistes* mais la polémique sur le déboulonnage de certaines statues d’hommes convaincus de racisme. Cela fait écho à Race[s], cette pièce de François BOURCIER (programmée au Festival Komidi l’année dernière) qui retrace la pensée raciste installée par des hommes célèbres tout le long de l’Histoire et dont on méconnaît, le plus souvent, les textes.  Les avis fusent sur la toile jusqu’à nous diviser, par-delà les générations (remake de la querelle des Anciens contre les Modernes), par-delà les mers quelquefois : on érige des monuments à la mémoire de Gandhi à La Réunion, on les déboulonne au Ghana, en Afrique du Sud, au Malawi… Personnellement, si j’ai frémi à chaque coup de marteau porté au patrimoine culturel de Palmyre, je doute avoir la même émotion le jour où Mahé de LABOURDONNAIS sera placé en cale sèche. J’entends la violence symbolique que cette figure cristallise dans les jardins mêmes jouxtant la Préfecture. Par ailleurs, l’argument selon lequel, ce faisant on effacerait un pan de l’Histoire relève, pour moi, d’une conception fétichiste de l’Histoire. Je serais plus intéressé à la révision de nos manuels scolaires. Enfin, je suis décidé à vivre ici et maintenant, dans ce grand pays. Aussi, ce sont des vivants que je déboulonnerai dimanche 28 juin avec mon bulletin de vote pour placer une Marianne dans la Maison commune…en espérant qu’elle ne se statufie pas, faute de souffle ; seuls les cailloux n’ont pas de projet.

Frédéric ROUSSET

*Appel à candidature relatif au mémorial en hommage aux victimes de l’esclavage au sein du Jardin des Tuileries publié par le Ministère de la Culture.
https://www.marches-publics.gouv.fr/?page=entreprise.EntrepriseAdvancedSearch&AllCons&refConsultation=589121&orgAcronyme=f5j

 

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