Faiseurs d’histoires ou les cinq tranches de la vie de Dina Nayeri : la fuite, le camp, l’asile, l’assimilation, le rapatriement culturel. A la quarantaine, l’auteur prend sa plume et nous invite à la lecture de son journal intime. Un journal étayé de témoignages d’autres migrants.
Son écriture, qu’elle a aiguisée dans différents ateliers ou en résidence d’écriture, est concise. Au cours du récit elle nous entraîne tout en douceur sur les routes de l’exode, les relations des uns, le regard des autres, les interrogations, l’accueil et sans oublier l’attente : une « situation inconfortable » qu’elle a apprivoisée à la lecture de Roland Barthes lorsqu’elle devient adulte.
Avec un vocabulaire d’une simplicité déroutante (merci à la traductrice), l’intensité des émotions d’une petite fille de 8 ans (elle a conservé ce regard d’enfant) entre son frère et une mère centuplée d’optimisme et de croyance, l’auteur nous invite dans sa vie d’intérieure et nous offre un récit (digne d’une enquête criminelle) sur notre rapport à l’autre à l’heure où le monde est devenu village.
Ce livre arrive à point nommé dans l’actualité de notre existence. Rien que pour ces deux phrases qui suivent : « je suis là parce que j’ai un don, enfanté par mon propre passé de réfugiée désœuvrée » (page 149). « Il faut le même raffinement narratif pour satisfaire un agent de l’immigration et un critique littéraire » (page 255).