Un article sur la discrimination positive outre-mer, écrit par Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit public à l’université Rennes 1, et figurant dans le « Dictionnaire historique et critique du racisme » paru en mai 2013 aux Presses universitaires de France (PUF), fait polémique. Et pour cause, il fait la part belle à une série de clichés sur les Français d’outre-mer.
Pourquoi resurgit-il maintenant ? C’est la romancière et dramaturge guadeloupéenne Gerty Dambury, qui, à la lecture de cet article,[ l’a signalé à nos confrères d’Outre-mer 1ère]urlblank:http://www.la1ere.fr/2014/02/04/discrimination-positive-massive-en-faveur-des-ultramarins-selon-un-article-du-dictionnaire-historique-et-critique-du-racisme-114043.html , qui ont publié des extraits de cette publication.
L’auteur de cet article de quatre pages, consacré à l’Affirmative action (expression américaine traduite en France par « discrimination positive »), évoque ainsi une « discrimination positive massive » en faveur des Ultramarins : « La seule discrimination dont puissent aujourd’hui se plaindre les citoyens français d’outre-mer est une discrimination positive massive : majoration de salaires et de retraites, exonérations sociales et fiscales, subventions à perte de vue, primes de toutes sortes, y compris les voyages gratuits ou à prix réduit vers la métropole au nom de la « continuité territoriale ».
« Enfin les français « issus de l’immigration« , écrit-elle encore, « qu’elle provienne des anciennes colonies ou d’autres pays, ne peuvent se prévaloir d’aucune autre distinction que celle du temps nécessaire à tous les immigrés pour s’intégrer et remonter la pente de la pauvreté économique et du retard culturel qui les a poussés à quitter leur pays. Ce temps varie évidemment selon la capacité et la volonté d’intégration des populations et leur écart socio-culturel avec la société d’accueil« .
Elle continue : « alors que la situation n’a rien à voir avec les Etats-Unis ou l’Afrique du Sud, il a fallu fabriquer de toutes pièces un prétexte selon lequel les populations « issues de l’immigration » seraient « au quotidien » victimes de discriminations ».
« Une collection de poncifs et de stéréotypes »
La déléguée interministérielle à l’égalité des chances des Français d’outre-mer, Sophie Elizeon, a qualifié cet article de « collection de poncifs et de stéréotypes« .
« Mme Anne-Marie Le Pourhiet semble avoir oublié le fondement du travail universitaire que constitue l’état de l’art », écrit Sophie Elizéon dans un communiqué. « Elle s’autorise à publier sous le seing de l’Université une collection de poncifs et de stéréotypes dont il n’est même pas nécessaire de lister les occurrences. Or, il est notoire que l’outrance n’ajoute aucune force à l’argumentation, et deux mensonges affirmés avec aplomb ne feront jamais une vérité. »
« Je pourrais rappeler que la discrimination subie par les ultramarins a été sanctionnée par les juridictions compétentes à de nombreuses reprises, que ce soit dans l’accès au logement, aux services bancaires ou à l’évolution professionnelle . Je pourrais redire que la continuité territoriale s’applique sans doute à la Corse mais que les Calédoniens, Polynésiens, Réunionnais ou Miquelonnais payent leurs billets d’avion aux prix communément pratiqués, de comme vers l’hexagone. Ainsi, un étudiant calédonien paiera pour rentrer en vacances auprès de sa famille à peu près 3500 euros, quand un Rennais qui ferait ses études à Paris paiera 96 euros », rappelle la déléguée interministérielle.
« Je n’en ferai rien » conclut Sophie Elizéon. « Le mépris que doit susciter chez nos compatriotes, originaires des outre-mer ou non, ce pseudo-travail est de mon point de vue la meilleure réponse« , écrit-elle. Cette dernière se réserve toutefois le droit d’interpeller Pierre-André Taguieff (qui a dirigé ce « Dictionnaire historique et critique du racisme »).