Près de 40 000 manifestants ont défilé hier soir dans les rues de Tunis pour réclamer le départ du gouvernement des islamistes d’Ennahda. Pour cause, la suspension des travaux de l’Assemblée constituante.
Mustapha Ben Jaafar, le président de l’Assemblée nationale constituante, a réclamé l’ouverture de négociations pour sortir de la crise politique. Dans la soirée, des dizaines de milliers de personnes ont marché contre le pouvoir islamiste. « J’assume ma responsabilité de président de l’ANC et suspends les travaux de l’assemblée jusqu’au début d’un dialogue (entre pouvoir et opposition) et cela au service de la Tunisie », a déclaré à la télévision d’Etat cet allié laïque de centre-gauche du parti islamiste Ennahda, qui dirige le gouvernement.
Il a ajouté que « le peuple en a marre de cette situation et ne peut plus supporter cette attente ».
Pour rappel, depuis la révolution de janvier 2011, la Tunisie a été déstabilisée par une série de crises politiques, certaines déclenchées par les violences orchestrées par la mouvance jihadiste qui connaît un essor depuis deux ans.
Ce gel des travaux de l’ANC remet en cause le calendrier de sortie de crise du Premier ministre islamiste Ali Larayedh, qui avait proposé d’achever les travaux de la Constituante d’ici au 23 octobre, pour l’organisation d’élections le 17 décembre.
Actuellement au pouvoir, le parti islamiste Ennahda refuse toute négociation dont la précondition est le départ du cabinet en place. Et mardi, Ali Larayedh avait même exhorté les députés de la Constituante à accélérer leurs travaux.