Le conseil municipal de Saint Denis votait ce samedi l’adoption de la Charte du Parc National de la Réunion. J’étais le rapporteur de la délibération. J’ai exagéré un peu en disant que cet oiseau très rare ne vivait que sur le territoire de la ville de Saint Denis : en fait il y a quelques nids sur la Possession. Mais quelle ne fut pas ma surprise d’entendre Madame Dindar me corriger en disant qu’il y avait des tuit-tuits partout dans l’île!
Cette grosse méconnaissance du problème de la part de la présidente de l’établissement public qui possède, et de loin, le plus gros patrimoine foncier naturel de l’île a de quoi surprendre, mais en fait non, c’est une confusion assez courante entre le tuit-tuit, qui ne compte que 90 spécimens tous localisés sur le massif de la Roche Ecrite et le zoiseau-blanc (et gris) qui se rencontre couramment en petite bande dans la nature et dans les jardins. Ils sont tous les deux gris et blancs, avec un bec effilé, mais le tuit-tuit est de la taille d’une tourterelle et le zoiseau-blanc moitié moins grand.
On comprend qu’avec ce genre de confusion certains ne s’inquiètent pas des cris d’alarme des naturalistes. Le tuit-tuit, le vrai, est classé par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature comme espèce en voie de disparition. D’autant que sur les 90 spécimens il n’y a que 30 femelles, car restant plus longtemps sur le nid elles sont davantage les proies des rats et des chats devenus sauvages.
Il y a donc urgence à se mobiliser. Pourtant la préservation du patrimoine naturel est loin d’être le premier budget du Parc National! Pourtant l’Office National des Forêts semble surtout se préoccuper de rénover ses gîtes! Sauf urgence, et pour moi le ravitaillement du gîte n’en est pas une, le massif de la Roche Ecrite ne doit pas être survolé. La chasse doit y être interdite et les cerfs déplacés. Il faut étendre la lutte contre les rats et les chats devenus sauvages, il faut augmenter la surveillance et poursuivre l’étude de l’espèce. Voilà la seule façon de préserver notre bien, car si nous continuons à ravager de la sorte, nous commettrons l’irréparable et nous n’aurons bientôt plus à présenter aux touristes et surtout à nos enfants qu’un coffre à bijou vide.
Jean-Pierre Espéret