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Tromelin : Premiers résultats après la quatrième mission archéologique « Esclaves oubliés »

Après quarante-cinq jours passés sur l’îlot de Tromelin (Océan Indien), l’une des îles Éparses placées sous la juridiction du préfet administrateur supérieur des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF), la quatrième mission archéologique « Esclaves oubliés » vient de s’achever le 4 octobre. Cette mission qui venait après les trois premières campagnes effectuées en 2006, 2008, 2010, […]

Ecrit par – le dimanche 06 octobre 2013 à 10H23

Après quarante-cinq jours passés sur l’îlot de Tromelin (Océan Indien), l’une des îles Éparses placées sous la juridiction du préfet administrateur supérieur des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF), la quatrième mission archéologique « Esclaves oubliés » vient de s’achever le 4 octobre.

Cette mission qui venait après les trois premières campagnes effectuées en 2006, 2008, 2010, visait à élucider les conditions de survie matérielles, psychologiques et sociales des esclaves malgaches abandonnés sur l’île en 1761, après le naufrage de L’Utile, une flûte de la Compagnie française des Indes orientales.

L’histoire de l’île de Tromelin est en effet singulière :

En avril 1761, l’Utile, flûte de la Compagnie française des Indes Orientales, armée à Bayonne arrive à l’Ile de France (île Maurice). Deux mois plus tard, le gouverneur l’envoie à Madagascar pour s’y procurer les vivres (boeuf et riz) dont la colonie a besoin. Malgré l’interdiction qui lui en a été faite, Lafargue le commandant de la flûte embarque en même temps des esclaves, 160 hommes et femmes dans les cales du navire. Puis, il fait route vers l’île de France. En chemin, à la suite d’une erreur de navigation, le navire fait naufrage sur une île déserte, l’Ile de Sable, aujourd’hui ap-pelée Tromelin.

Au matin, les 122 hommes d’équipage et les 88 esclaves rescapés se retrouvent sur un îlot d’un kilomètre carré. Avec les matériaux récupérés du navire naufragé, les marins commencent à construire un petit ba-teau de fortune avec l’aide des esclaves. Deux mois plus tard, les 122 membres d’équipage s’y entassent avec des vivres. Les esclaves découvrent alors qu’aucune place n’a été prévue pour eux. On leur promet que les autorités seront alertées et qu’un autre navire viendra bientôt les chercher.

Cette promesse ne fut jamais tenue. Ce n’est que quinze ans plus tard, le 29 novembre 1776, après trois tentatives avortées, que le chevalier de Tromelin, commandant la corvette La Dauphine, récupérera huit survivants : sept femmes et un enfant de huit mois.

 

Découverte d’un nombre important d’outils

La fouille de cette année a permis de terminer l’étude de l’ensemble de l’habitat, lorsqu’il restait accessible. Ce travail a toutefois été malaisé, à cause des destructions provoquées par l’installation de la station météo, et celles datant de l’époque des naufragés.

Outre la conception d’ensemble de ce véritable hameau regroupant une dizaine de bâtiment, la campagne 2013 a permis de mettre en lumière quatre stades d’occupation, impliquant des remaniements importants et démontrant la maitrise par cette population de son habitat et de son environnement.

La découverte d’un nombre important d’outils : burins, grattoirs, gouges, hache, souligne une activité manuelle importante que révèlent par ailleurs les innombrables fragments de cuivre découpé. Deux nouveaux briquets et six fragments de silex très usés illustrent pour leur part l’importance du feu dans la vie quotidienne mise en évidence par la localisation de plusieurs foyers. La mise au jour d’objets de la vie courante est venue compléter l’importante collection issue de la mission 2008.

L’étude de la faune consommée a cette année été réalisée en temps réel, permettant une meilleure analyse spatiale et fonctionnelle de l’habitat. Des prélèvements de sédiment permettront enfin d’étudier l’état des ressources disponibles dans l’environnement et les modifications induites par la présence des naufragés.

Cette campagne a permis d’explorer la totalité des vestiges archéologiques accessibles sur l’île de Tromelin. Le travail de terrain s’achève donc et commence les missions d’études, de conservations et de restitution de ces découvertes.

 

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