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Trois ans après avoir été battue, Agnès trouve le courage de témoigner

Agnès Lougnon a été sauvagement agressée en novembre 2012. Jugeant la justice trop clémente à l'égard de son agresseur, la sexagénaire a décidé de briser la loi du silence sur cet épisode douloureux.

Ecrit par zinfos974 – le mercredi 24 février 2016 à 17H50
« Si on avait organisé un concours de monstre, je pense que j’aurais gagné ». C’est avec humour qu’Agnès Lougnon décrit l’état de son visage après avoir été passée à tabac, il y a trois ans.

Car en novembre 2012, c’est par un autre type de monstre qu’elle avait été sauvagement agressée, la rendant méconnaissable tant son visage et son corps étaient tuméfiés. Désormais remise de ses émotions, et « totalement reconstruite », selon ses mots, la femme de 68 ans souhaite mettre en lumière son histoire.

Ce n’est ni par son mari ni par son ex-conjoint qu’Agnès a été violentée, mais par un homme qu’elle hébergeait pour lui venir en aide. « Je tiens une agence immobilière, c’était un locataire que je connaissais bien. Lorsqu’il s’est retrouvé sans travail, je lui ai proposé de venir quelques temps chez moi, en échange d’une contribution aux charges ». Mais l’homme de 45 ans ne parvient pas à retrouver de travail et ne la paie plus. La note s’allonge. « Je lui ai fait comprendre qu’il fallait qu’il se bouge », rapporte-t-elle.

« Il avait probablement bu et consommé du zamal »

Ce jour de novembre 2012, sans qu’une quelconque dispute ait laissé présager une telle montée de colère, les choses dérapent. « Il a grimpé les escaliers 4 à 4 et m’a rejointe à l’étage. Il a attrapé les câbles de téléphone et les a serrés autour de mon cou. Ensuite il est redescendu avant de revenir avec un couteau de cuisine, me menaçant d’extirper mon cœur et de me jeter à la mer. Il me passe enfin à tabac sur le lit », se souvient la victime.  
 

Après ce déchaînement de haine, il part de la maison, avant de revenir avec un plateau repas et une fleur. Dans le même temps il coupe les téléphones et l’empêche de sortir. « J’étais complètement sonnée. Il avait probablement bu et consommé du zamal, je ne l’avais jamais vu comme ça ». Elle rapporte tout de même avoir déjà été violentée une première fois dans la voiture, quelques temps auparavant. Un dérapage qui aurait dû servir de sonnette d’alarme, se rend-elle compte après coup. 

Trois jours de calvaire

 
Ses amis et son fils s’étonnent du silence de cette femme connue pour être dynamique. Ils entrent en contact avec celui qu’elle héberge, qui leur explique qu’elle ne se sent pas bien, suite au décès d’un de ses amis, et qu’il s’occupe d’elle. Se rendant compte que la situation est tout de même anormale,  le fils d’Agnès se rend au commissariat pour faire part de ses doutes. Particulièrement inquiet, il part également frapper à la porte de sa mère, où il la découvre particulièrement amochée par les coups.

Devant son agresseur, Agnès explique à son fils être tombée dans les escaliers et avoir fini sa course sur la machine à laver. Une histoire qui ne convainc fort heureusement pas son fils, qui revient avec les policiers le lendemain, pour procéder à l’interpellation de l’agresseur. Au total, le calvaire aura duré trois jours. « Il se confondait parfois en excuses, il comprenait qu’il avait dérapé et tentait de minimiser la situation », se remémore la victime.

« Il va recommencer ! »

Pour avoir violenté Agnès, le prévenu a été condamné à lui verser 1000 euros de dommages et intérêts. Il lui incombe également de rembourser un montant de 14 000 euros, une somme correspondant à l’ensemble des frais avancés pendant cette cohabitation qui a duré un an. Mais à ce jour, Agnès n’en a toujours pas vu la couleur. « J’ai demandé une exécution de peine, et je viens tout juste d’adresser un courrier au procureur. Je veux que les choses bougent », explique-t-elle.

La sexagénaire s’insurge d’ailleurs de cette peine jugée trop clémente. « Il aurait dû faire trois mois ferme. Et être obligé de porter le bracelet électronique à sa sortie, mais aussi être astreint à une obligation de soins. Il va recommencer ! Pas avec moi, mais avec une autre ! » Agnès le confie, alors que rien n’a bougé en trois ans, elle en veut beaucoup à la Justice. Déterminée à faire avancer son propre combat, elle souhaite également appeler les femmes à ne pas se laisser terroriser : « Il faut aller à la gendarmerie »

Près de 5 plaintes par jour

Bien qu’elle ait écopé de « seulement » 8 jours d’ITT, le traumatisme psychologique est resté présent plus de deux ans. Un mal de tête l’a également poursuivi pendant près d’un an, et les bleus sont restés visibles de nombreux mois. La démarche qu’elle entreprend aujourd’hui représente pour elle un véritable « soulagement ». Comme une manière de reprendre le dessus sur une situation qu’elle a été contrainte de subir.

Malheureusement, son histoire n’a rien d’exceptionnel, comme en ont encore témoigné les récents faits divers. A La Réunion, on dénombre près de 5 plaintes par jour pour des violences faites aux femmes. Depuis l’agression d’Agnès, ce serait ainsi près de 6.000 plaintes qui auraient été déposées. Sans compter toutes celles qui n’osent pas faire la démarche et souffrent en silence.

 

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