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Communiqué

Tribune libre de Geneviève Payet sur les violences intrafamiliales


À la lumière du drame qui s’est déroulé à Saint-Just dans le Puy-de-Dôme, coûtant la vie à 3 gendarmes, Geneviève Payet revient sur la situation des violences conjugales en France. La présidente du réseau VIF (violences intrafamiliales) estime que tous les acteurs de lutte doivent à présent travailler main dans la main afin de venir à bout de ce fléau.

Par - Publié le Jeudi 24 Décembre 2020 à 11:14

Tribune libre de Geneviève Payet sur les violences intrafamiliales
La Tribune libre de Geneviève Payet : 
 
 
Violences conjugales : indispensable partenariat entre forces de l’ordre et acteurs de terrain 
 
 
L’extrême gravité des événements qui se sont déroulés hier dans le Puy de Dôme, en cette année de forte mobilisation nationale suite au Grenelle des violences conjugales, nous rappelle que ce phénomène sévit encore et toujours dans notre société. Pour rappel, à ce jour, 93 femmes ont été tuées en France par leur partenaire ou ex-partenaire depuis le début de cette année.
 
Des réalités qui font écho à ce qui se passe autour de nous à La Réunion
 
Parmi les éléments relatés par la presse, citons ces faits qui se sont produits ces dernières années dans notre département :
  • Le 26 mai 2018, 3 corps sans vie ont été découverts dans une maison à Saint-Louis. Il s’agit d’un double homicide, suivi d’un suicide. Selon le vice-procureur, un homme s'est rendu au domicile de son ex-compagne. Le couple de trentenaires, parents de 2 enfants de 6 ans et de 8 mois, s'était séparé depuis peu. L'homme l'a tué, ainsi que son nouveau conjoint et s'est ensuite donné la mort. Selon les premières constatations, 2 armes à feu auraient été utilisées, une arme d'épaule et un revolver. 
  • Le 6 novembre 2018, l’auteur présumé des coups de couteau mortels sur sa compagne vendredi dernier à Bois-de-Nèfles Saint-Paul a été mis en examen et écroué. Il a porté sept coups à l’arme blanche au total sur sa compagne, décédée de ses blessures. Le meurtrier présumé ne reconnait pas avoir voulu la tuer et plaide l'accident. Le couple sortait d’une sieste lorsque l’homme s’est emparé d’un couteau. Il a alors poignardé à plusieurs reprises sa compagne encore allongée sur le canapé dans la région du coeur. Pas de dispute, la victime n’a eu aucune chance face à ce geste de sang-froid. L’agresseur a par la suite appelé lui-même les secours. À l’origine du drame, une histoire de jalousie sur fond d’alcool. 
  • Le 25 mars 2019 : Un homme a été mis en examen pour l’assassinats de ses fils de 1, 3 et 5 ans, à la Rivière-des-Galets. Le père de famille a aussi reconnu avoir tenté d'assassiner sa fille de 9 ans en voulant l'électrocuter dans la baignoire. La mère de famille avait emménagé dans un logement social à Bras-Panon. Elle a aussi expliqué que, « durant la dizaine d'années de leur vie commune, il y avait régulièrement des menaces, des violences qu'elle n'avait pas dénoncées.». Après ses crimes, l’auteur a voulu se donner la mort en se pendant à une poutre avec un câble électrique. Juste avant, il avait passé un coup de fil à son ex-conjointe pour lui annoncer qu'il avait tué leurs trois fils. « Les policiers l'ont dé-pendu. A cinq secondes près, il serait décédé » a indiqué le procureur. 
Changement d’année, vacances et fêtes : une période sensible 

Les festivités qui marquent cette période sensible, souvent placées sous le signe du plaisir et des retrouvailles, sont aussi des moments propices à une tendance à la libération des contraintes qui s’imposent à nous toute l’année. Elles peuvent donner lieu à différentes formes de transgressions des limites, dans l’intime comme dans l’espace public.  

A la faveur des regroupements familiaux et amicaux, dans une ambiance de fête où l’alcool est fortement présent, il arrive que les échanges ne soient plus soumis aux mêmes règles de nuance et de contrôle que l’on exerce habituellement en toute lucidité. Ce qui, jusqu’alors, faisait consensus dans les relations établies, peut soudain voler en éclat. Aux accords et consentements librement fixés peuvent brusquement succéder de nouvelles exigences qu’aucune tentative de compromis ne semble pouvoir réguler.

Au sein des situations les plus fragiles, les conflits encore non résolus peuvent être nombreux et sont susceptibles de s’imposer sans préparation sur le devant de la scène. Les sujets de discorde peuvent être très variés : éducation ou garde des enfants, crainte d’une séparation, partage des charges économiques, soupçons d’infidélité, participation aux responsabilités du ménage, naissance d’un enfant non-désiré, rapports avec la famille élargie, litige autour des croyances religieuses, …

Dans les contextes de couple où respect et bienveillance n’ont plus cours, où les mécanismes de domination et d’emprise sont déjà installés, en silence et parfois depuis bien longtemps, l’humiliation, le chantage, la menace, le rejet peuvent rapidement et régulièrement donner lieu à d’autres formes d’agressions : économiques, administratives, physiques, sexuelles et même symboliques (dissimuler la carte de séjour ou brûler le livret de famille, par exemple). On le constate bien des fois, à l’effet de surprise succède une sidération immédiate du côté des personnes victimes qui ne sont pas toujours en capacité de témoigner des faits, de se protéger, encore moins d’alerter.

Prise en compte des situations de Grand Danger au sein du couple 

Depuis 2013, considérant qu’il devenait nécessaire de mesurer le degré de gravité de la violence perpétrée au sein des couples, notre département s’est doté d’une structure en capacité d’évaluer les situations à hauts risques, donc de prendre en charge autant les victimes (femmes et enfants) que les auteurs (il s’agit d’hommes dans 88% des cas). Cette orientation, initialement perçue comme à contre-courant des représentations et des pratiques, n’a cependant pas rencontré d’obstacle majeur sur le terrain partenarial. Elle a même permis de revisiter les modalités d’intervention, de créer de nouveaux critères dans l’approche des 
Violences Faites aux Femmes, d’instaurer des pratiques spécifiques, de faciliter le déploiement de dispositifs juridiques. 

Par le prisme du Grand Danger, il nous est ainsi devenu possible, en plus du travail déployé auprès de la victime, de tenir compte des réactions et demandes de l’auteur : quand il nie les menaces avec arme, minimise des antécédents judiciaires parfois de violences sur d’autres compagnes, fuit la relation, reporte sur l’autre la responsabilité des actes, … Aussi, quand il révèle ses peurs, son intolérance, son irritabilité, ses addictions, sa dépendance affective à sa partenaire intime, ses blessures anciennes, sa peur d’être abandonné, l’angoisse de perdre les enfants, … Également, quand il ne se reconnaît plus dans ses agissements, ne comprend pas voire a oublié ce qui s’est passé, s’accuse, demande pardon. 

Vulnérabilité des victimes et dangerosité des auteurs

Les critères liés à la vulnérabilité de la victime et à la dangerosité potentielle de l’auteur sont étudiés par le Réseau VIF à partir de différents indicateurs permettant d’apprécier le risque d’altération significative de l’intégrité physique et psychique, pouvant aller jusqu’à la mort. Parmi ces indicateurs, nous prenons en considération : la nature de la relation au sein du couple, le passage du conflit vers la violence, la périodicité et les modalités de ces violences (ponctuelles, réactionnelles, chroniques, cycliques, unilatérales, réciproques aussi parfois), les évènements précipitants (nouveau partenaire, deuil, perte d’un emploi, grossesse, départ hors département, procédure judicaire, déracinement géographique, isolement sociétal, …), l’altération de la capacité à se protéger et à protéger les enfants au foyer, le profil de l’auteur, dont son rapport à la loi et à son ex compagne, son attitude en prison le cas échéant, sa posture vis-à-vis de la relation avec l’ex conjointe et le risque potentiel de réitération des faits. 

La prise en compte d’une ‘culture du danger’ dans le dépistage et le traitement des violences conjugales est désormais fortement soutenue au travers des différents textes de loi pour lutter contre les violences intrafamiliales et le sexisme (dont la loi pour l’égalité réelle entre les hommes et les femmes). Ce cadre juridique prévoit des dispositifs pour lutter contre ces violences spécifiques ; parmi ceux-ci, le Téléphone Grave Danger en 2014, le Bracelet Anti Rapprochement en 2020. Cet ensemble outille notre pratique dans l’approche du risque auto et hétéro agressif (féminicide, homicide, suicide) régulièrement présent dans les situations de Grand Danger. 

Des partenaires institutionnels et associatifs qui travaillent en réseau

A l’échelle mondiale, 38% des femmes assassinées l’ont été par leur partenaire intime, et 42% des femmes ont souffert de violences physiques ou sexuelles commises par un partenaire intime. 

Face à la persistance des violences conjugales (moyenne de 5 plaintes par jour – peut-être 6 maintenant - dans notre département) et en raison de leurs impacts sur notre société et sur la santé, dont celles des enfants maltraités et psychotraumatisés, tous les acteurs du judiciaire, du sanitaire, du social, de la prévention, de la réinsertion … travaillent désormais en synergie et développent leurs compétences. Localement, cet indispensable partenariat entre les professionnels de terrain et les forces de l’ordre est fortement soutenu par la Délégation aux Droits des Femmes et à l’Egalité entre les Femmes et les Hommes et l’Observatoire des Violences Faites aux Femmes. 

Autant de raison pour nous d’exprimer toute notre émotion suite au drame qui déroulé à Saint-Just et tout notre soutien aux familles des gendarmes qui ont perdu la vie. Autant de raison pour nous de rappeler l’importance de maintenir notre forte mobilisation en réseau autour de ces situations qui, on le sait bien, se répètent et s’aggravent au fil du temps.

 
Saint-Paul, 23 décembre 2020
Geneviève PAYET, Présidente du Réseau VIF

 


Gaëtan Dumuids
« Dans la vie, les choses sont simples, ce sont les esprits qui les compliquent ». Cette citation... En savoir plus sur cet auteur


1.Posté par MICHOU le 25/12/2020 20:31

vous avez raison, mais les femmes qui ont vécu une relation avec un homme mais même s'ils sont séparés et que cet homme a refait sa vie , il se permet de harceler, de pourrir la vie .
Et cela en toute impunité car on estime que ce n'est pas grave parce qu'ils ne vivent pas ensemble alors on estime que la femme et les enfants ne sont pas en danger et cela en 2020.
Harcèlement téléphonique, propos racistes, harcèlement physique quand il finit par trouver l'adresse, dénigrement- continu, alternance entre propos malveillants et tu étais pourtant la femme de ma vie...
vies saccagées et pourtant classement sans suite malgré des preuves
Nous ne devons plus accepter ça et ce collectivement, rappelons le à toutes les instances concernées.

2.Posté par Emmanuelle HOARAU le 26/12/2020 12:08

Il faut savoir que dans la tuerie des trois gendarmes à Saint-Just, l'ex-épouse avait signalé le comportement violent de son ex-mari à la police, à la gendarmerie et à l’aide à l’enfance, sans jamais avoir été entendue. Si les forces de loi mettaient autant d'énergie à la chasse aux personnes violentes, que celles qu'ils usent contre ceux qui ne bouclent pas leur ceinture en voiture, nombreuse seraient les femmes encore vivantes aujourd'hui !

3.Posté par MICHOU le 27/12/2020 11:13

pratiquement dans toutes les affaires c'est: déjà connu des services de police mais libre de faire ses conneries cf il y a quelques jours sur Freedom
Une jeune femme se fait rentrer dedans par un individu qui l'insulte et la menace de représailles si elle ne paie pas les dégâts pour la voiture du fautif.
Elle se tourne vers les forces de l'ordre qui lui annoncent qu'il est connu et lui conseillent de trouver un arrangement à l'amiable!

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