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Tribune libre : Vous nous décevez Monsieur Emmanuel Macron

par André ORAISON, Professeur des Universités, Juriste et Politologue

Ecrit par André Oraison – le lundi 23 juillet 2018 à 10H23

Monsieur le président de la République, vous avez trahi le peuple de France. À vous écouter pendant votre campagne électorale, vous aviez la main sur le cœur. Par vos paroles rassurantes et des trémolos dans la voix, vous donniez des espérances à tous ceux qui sont en difficulté ou sur le bord du chemin, quand ils ne sont pas au bord du gouffre.
 
Voici maintenant plus de quatorze mois que vous êtes au sommet de la pyramide et que vous conduisez le char de l’État. Or, les résultats espérés ne sont toujours pas au rendez-vous et les Français, pendant cette période, sont passés pour 70 % d’entre eux de l’espoir au doute et parfois même à la révolte, comme le révèlent les derniers sondages d’opinion. De fait, beaucoup de citoyens qui ont voté pour vous à l’élection présidentielle ne vous soutiennent plus.
 
Sur un plan général, vous êtes en train de jeter, sans état d’âme, dans la grande poubelle de l’histoire le concept protecteur traditionnel d’État-providence qui s’était imposé à la Libération et, par ricochet, vous remettez en cause le « service public à la française » que le monde étier nous enviait mais qui est aujourd’hui, par votre faute, en voie de disparition.
 
Malgré la casse du Code du travail dont vous avez été le maître d’œuvre, le chômage ne diminue pas mais progresse en France comme par le passé. Les contrats aidés sont massivement supprimés, mettant les collectivités territoriales – notamment les communes – en difficulté au plan financier ou dans l’impossibilité de mener à bien leurs obligations de service public de proximité. Les aides sociales sont revues à la baisse dans tous les secteurs et notamment les aides au logement. L’augmentation de la contribution sociale généralisée (CSG) de 1,7 % à compter du 1er janvier 2018 frappe lourdement les retraités qui, par définitions, sont des personnes âgées à la santé fragile. Vous envisagez maintenant de supprimer ou de réduite les pensions de réversion qui profitent essentiellement aux veuves, des personnes qui ont eu le tort, selon vous, de rester à la maison pour s’occuper de leur progéniture.
 
Vous songez également à remettre en cause le dispositif d’abattement d’impôt sur le revenu – un abattement de 30 à 40 % selon les territoires ultramarins – dont bénéficient, depuis 1960, les contribuables domiciliés dans les départements périphériques en compensation de la cherté de la vie qui ne cesse pourtant d’augmenter. En renforçant la pression fiscal sur les Ultramarins, après avoir porté atteinte à leurs acquis sociaux, vous allez encore diminuer fortement leur pouvoir d’achat et, par voie de conséquence, ralentir de manière sensible les activités économiques dans ces territoires, des territoires qui sont déjà pour la plupart dans un coma social prononcé. En d’autres termes, Monsieur le président de la République, vous êtes en train de mettre en place une départementalisation au rabais ou départementalisation « low cost » en Guadeloupe, à Mayotte et à La Réunion et dans les deux autres collectivités territoriales périphériques régies par l’article 73 de la Constitution : la Guyane et la Martinique. Manifestement, l’Outre-mer n’est pas votre tasse de thé.
 
Malgré vos gesticulations tous azimuts et une détermination obstinée, Monsieur le président de la République, vous êtes doublement incapable.
 
Au plan international, vous êtes incapable de faire entendre la voix de la France. Tous les Français on pu constater avec effroi ou amusement que vous avez été ridiculisé par votre homologue, le caricatural et imprévisible président Donald Trump, lors de votre visite officielle aux États-Unis, et cela sans obtenir la moindre contrepartie. Vous êtes bien incapable de résoudre ou même de réduire les tensions commerciales entre l’Union européenne et les États-Unis ou de trouver une solution idoine au problème majeur posé par les récents flux migratoires en direction de l’Europe occidentale.

Au plan interne, vous êtes incapable à ce jour de réduire le chômage. Vous êtes également incapable de lutter contre la cherté de la vie. Vous êtes enfin incapable de réduire les inégalités sociales de plus en plus grandes qui existent dans le royaume de France, un royaume métamorphosé sous votre règne en une monarchie absolue où toutes les décisions sont prises par un roi autoritaire depuis le palais de l’Élysée, sans concertation avec les citoyens et même malgré leurs désapprobations et les grèves à répétition.
 
Monsieur Emmanuel Macron, sachez que vous êtes perçu dans l’opinion publique comme étant le président de la « France d’en haut », la France des riches, menant une politique résolument de droite, pour ne pas dire ultra réactionnaire. Vous excellez dans le domaine qui consiste à faire de gros cadeaux aux « premiers de cordée », entendez par là ceux qui appartiennent au club fermé des riches, des riches dont les fortunes ne cessent de grandir de manière exponentielle depuis le début de votre quinquennat. À la grande joie de ces privilégiés, vous avez déjà supprimé l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) qui rapportait, bon an mal an, plusieurs milliards d’euros à l’État. Pour ne pas effaroucher vos amis, les riches, pour les caresser dans le sens du poil, vous ne luttez pas vraiment contre la fraude et l’évasion fiscale qui sont le fait exclusivement de vos supporters – les plus fortunés du royaume de France – et qui coûtent à notre pays, chaque année, des dizaines et des dizaines de milliards d’euros.
 
Monsieur Emmanuel Macron, vous êtes le président de la « France d’en haut ». C’est dire a contrario que vous êtes un chef d’État qui méprisez ouvertement les plus fragiles, ceux qui croupissent dans la « France d’en bas ». N’avez-vous pas clamé le 12 juin dernier, dans une vidéo, que ceux que vous considérez en fait comme des « gueux » coûtent au budget de État – selon vos propres paroles – un « pognon de dingue » ?
 
Oui, Monsieur le président de la République : le domaine privilégié dans lequel vous êtes le champion incontesté depuis le début de votre présidence, c’est quand vous vous en prenez aux citoyens lambda, ceux qui sont au bas de l’ascenseur social. Vous êtes capable de vous en prendre uniquement aux plus faibles : vous êtes capable de rogner sans vergogne les acquis sociaux du plus grand nombre au risque d’accroître leu désespoir.
 
En un mot, vous menez une politique antisociale, inégalitaire et partisane qui est plus que détestable : elle est même franchement cauchemardesque. Cette politique – votre politique – n’est pas sans rappeler la formule polémique prêtée à François Guizot qui fut la figure centrale de la Monarchie de Juillet, dans la première moitié du XIXe siècle, sous le règne du roi Louis-Philippe Ier. Comme lui, votre unique slogan – un slogan au demeurant simpliste – est bien le suivant : « Français, enrichissez-vous ! ». 
 
En réalité, pas à pas, vous nous menez – tel un troupeau de moutons résignés – au bord d’un précipice béant. Dites-nous franchement Monsieur le président : quelle assurance pouvons-nous avoir aujourd’hui que vous n’allez pas demain nous pousser d’une chiquenaude dans des abysses insondables ?
 
Pour éviter cette fin apocalyptique, nous espérons que les Français ne vont pas se laisser faire pendant votre mandature qui est déjà fort décevante et qu’ils vont réagir, non seulement en paroles, mais aussi dans les actes. Comme le conseillait le grand Victor Hugo : « Il vient une heure où protester ne suffit plus : après la philosophie, il faut l’action ». Ne sommes-nous pas aujourd’hui à la croisée des chemins ? Allons-nous vraiment attendre qu’un illuminé dont l’incompétence n’a d’égal que la suffisance appuie sur un bouton pour nous faire tous sauter ?
 
Faut-il en dernière analyse vous rappeler, Monsieur le président de la République, qu’une Révolution a déjà eu lieu dans le royaume de France en 1789 et qu’elle a mis fin à la monarchie absolue avant d’envoyer le monarque à l’échafaud. L’histoire peut parfois bégayer. Ne l’oubliez pas.

 

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