« La part des personnes réunionnaises avec de tels revenus paraît donc élevée au regard du retard de développement économique de l’île », analyse l’Insee. « Le produit intérieur brut par habitant y est en effet inférieur de 26 % à la moyenne de province, en raison notamment du moindre nombre d’emplois à forte valeur ajoutée. Ainsi, les cadres des fonctions dites ‘supérieures’, qui bénéficient des rémunérations les plus élevées, sont près de deux fois moins nombreux à La Réunion (4,6 % des personnes en emploi contre 8,0 % en province) »
Des revenus équivalents à ceux de la province
Les revenus avant redistribution (impôts et prestations sociales) des Réunionnais les plus aisés sont équivalents à ceux des habitants de province. « Leur revenu mensuel médian s’élève à 11 530 euros par unité de consommation (UC) et 11 690 euros en province », peut-on lire dans la publication.
Par contre, les écarts de revenu entre les très hauts revenus et l’ensemble de la population sont un peu plus marqués à La Réunion, où le revenu initial médian des Réunionnais les plus aisés est plus de dix fois supérieur à celui de l’ensemble de la population (contre six fois en province).
« Avant redistribution, les 0,6 % de Réunionnais faisant partie des très hauts revenus français concentrent 5,3 % de la masse des revenus perçus à La Réunion tandis qu’en province, les 0,7 % les plus aisés de la population en détiennent 4,7 % », résume l’institut de statistiques. Mais la redistribution atténue davantage les inégalités à La Réunion.
Ainsi, après redistribution, les Réunionnais les plus aisés ne détiennent « plus que 3,7 % de la masse des revenus », comme en province. Mais ils disposent néanmoins d’un niveau de vie médian légèrement plus élevé qu’en province (8 780 euros mensuels par UC contre 8 570 euros) en raison d’un poids moins important des impôts. « En effet, les contribuables résidant sur l’île bénéficient d’un abattement de 30 % sur leur impôt sur le revenu, limité à 5 000 euros annuels (jusqu’en 2018) », rappelle l’Insee.
Des revenus non salariés plus importants qu’en province
La part des revenus des activités non salariées (perçus par des chefs d’entreprises ou professions libérales) dans le revenu avant redistribution des très hauts revenus est nettement supérieure à La Réunion, où elle est de 37 % contre 23 % en province. C’est même la source de revenus la plus importante devant les revenus des activités salariés (35 %) et ceux du patrimoine (23 %). D’autres départements sont dans le même cas, comme les Pyrénées Atlantiques, les Pyrénées-Orientales et la Somme.
À l’inverse, les revenus autres que ceux liés à l’activité professionnelle pèsent moins qu’en province. « D’une part, le niveau de patrimoine des Réunionnais les plus aisés est légèrement inférieur à celui de leurs homologues de province, d’autre part la proportion des retraités est plus faible (population plus jeune qu’en métropole) », explique l’Insee.
À noter également, la moitié des personnes à très hauts revenus vivent à Saint-Paul et à Saint-Denis (dans chacune de ces villes, 1 % de la population vit dans un ménage très aisé). Ces deux communes figurent d’ailleurs respectivement à la 6e et à la 9e place des 29 villes françaises dont la population est comprise entre 100 000 et 200 000 habitants et où la part de personnes très aisées est la plus élevée.