“Si je suis présent à la manifestation, c’est par solidarité mais aussi c’est parce que je n’ai plus de travail depuis quinze jours. Mes trois poids lourds sont chez moi”. Yves, 47 ans, était venu de Saint-Pierre. Il attendait beaucoup de la rencontre de mercredi entre le collectif de défense pour les entreprises de travaux publics et transports, et la Préfecture.
“Plusieurs d’entre nous n’ont plus de chantier donc plus de rentrée d’argent. Mais, il faut malgré tout payer les factures. Chaque véhicule, c’est en moyenne 2 000 euros mensuels et le salaire d’un chauffeur. Chaque mois, je dois trouver 10 à 12.000 euros pour ces charges directes”.
Récemment un transporteur a fait l’acquisition d’une remorque rétractable d’une valeur d’un million d’euros. La défiscalisation d’une part, et le jeu d’un prix surélevé pour éviter à l’entreprise les 10 % d’apport, facilitent ces acquisitions. Le report des échéances initiales à trois ou quatre mois permet ensuite à l’acheteur de régler tranquillement les premières traites.
Malheureusement, le contexte économique actuel a cassé cette dynamique. Plusieurs entrepreneurs ont du mal à faire face aux charges directes. “Il y a des jours, j’ai l’impression d’être dans un tunnel sans fin”. Yves ne cache pas son désespoir. “Il m’arrive d’en pleurer”.
Quelques entrepreneurs ont bien tenté de rapporter le matériel inutilisé, “mais les maisons de crédit ont refusé”. Certains patrons qui se sont portés cautions personnelles espèrent un retour rapide à la normale. “Si la maison de crédit saisit le véhicule et le revend en dessous de sa valeur, le chef d’entreprise est obligé de compenser la différence”.
Si la situation ne se débloque pas, 360 véhicules sont menacés de saisie d’ici la fin de l’année. L’intervention du Préfet va sans doute réduire ce chiffre. Mais, seule la certitude d’ouverture de chantiers publics pour 2009 pourrait sauver un plus grand nombre.