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Transition agroécologique : Qu’est-ce qu’on attend ?

Le consommateur a toute légitimité pour questionner les responsables des politiques agricoles, puisqu’il est, finalement, celui pour qui toute cette énergie est déployée. Vouloir se nourrir sainement, sans souffrances inutiles infligées aux animaux, durant leur vie et au moment de leur abattage, sont des conditions que nous ne pouvons pas passer sous silence. Les poules […]

Ecrit par Nazir Houssen – le mercredi 17 juin 2020 à 17H43

Le consommateur a toute légitimité pour questionner les responsables des politiques agricoles, puisqu’il est, finalement, celui pour qui toute cette énergie est déployée. Vouloir se nourrir sainement, sans souffrances inutiles infligées aux animaux, durant leur vie et au moment de leur abattage, sont des conditions que nous ne pouvons pas passer sous silence. Les poules élevées en batterie et dont les membres s’atrophient par manque de place pour s’ébattre, les élevages intensifs, pour la viande ou pour le lait, où les animaux sont gavés avec une nourriture contenant des OGM et n’ont jamais vu la moindre prairie, etc. Tous ces mauvais traitements infligés aux animaux, nous, consommateurs, n’en voulons plus et nous avons le pouvoir et de choisir, et de boycotter lorsqu’il nous apparaît que les animaux ne sont pas respectés en tant qu’êtres vivants dotés d’une sensibilité. Ceci est le but vers lequel nous souhaitons tendre, sachant bien que les  industriels de l’agro-alimentaire n’ont aucun intérêt à ce que ceci change : la malbouffe, chez nous à la Réunion, avec toutes les enseignes de restauration rapide où le client n’a même plus à sortir de sa voiture pour être servi, se porte bien merci, et une partie de la population, malheureusement, est plongée dans une consommation aliénante qui risque de lui coûter cher, à lui d’abord, en termes de santé, et à l’ensemble de la société ensuite, par le coût en termes de traitement des pathologies associées à la mauvaise hygiène alimentaire, et en termes de dépollution.

Tout ceci pour dire qu’entre l’agrochimie, une forme d’agriculture qui n’a que faire du vivant, et une autre, l’agrobiologie, qui respecte TOUTES les formes du vivant, notre choix est fait et s’imposera de lui-même. Toutes les études ont d’ailleurs démontré qu’elle était la seule soutenable à long terme, l’autre forme, qui use et abuse d’intrants chimiques de toutes sortes et laisse les terres exsangues, n’ayant aucun avenir. Le rapporteur spécial à l’alimentation de l’ONU en 2010, Olivier de Schutter, après une tournée dans pas moins de 180 centres d’agrobiologie dans le monde, tirait la conclusion que cette forme d’agriculture, non seulement pouvait nourrir la planète, mais qu’il n’y a que comme cela qu’elle pourrait le faire durablement. En effet les formes actuelles, très dépendantes des énergies fossiles, n’empêchent pas les famines et la sous-alimentation constatées dans plusieurs régions du monde, d’Asie et d’Afrique notamment, mais aussi d’Amérique latine.

Le mouvement va clairement dans le sens de l’Agriculture Biologique : en 2018, 5.000 agriculteurs sont passés de l’agrochimie à l’agrobiologie en France, 7.000 en 2019, et une prévision de 10.000 nouveaux pour 2020 !

L’agriculture intensive, en termes de santé, de coûts de production, avec la pollution des sols, des eaux, et de l’air, la disparition de la biodiversité, en raison du déboisement soutenu (en Amazonie, en Afrique, en Malaisie, en Indonésie et ailleurs), montre chaque jour un peu plus ses limites. Pourtant, c’est ce modèle qui continue pour l’heure à s’imposer. Les militants écologistes, à travers la planète et ici à la Réunion, réclament un changement radical et en profondeur des pratiques, changement sans lequel nous allons droit dans le mur d’une façon beaucoup plus rapide qu’il n’y paraît. L’heure n’est plus aux discussions stériles et aux atermoiements. L’épidémie de coronavirus, qui est loin d’être terminée dans ses conséquences, devrait être le signal d’une prise de conscience de notre impréparation collective à relever les défis d’une agriculture saine et autosuffisante. Nous sommes, plus que jamais, dépendants des approvisionnements extérieurs, dont on ignore jusqu’à quand ils pourront se maintenir…

Cette agriculture industrialisée et mondialisée, destructrice de l’environnement, et qui contribue fortement au réchauffement climatique, apparaît désormais pour ce qu’elle est vraiment : un colosse aux pieds d’argile, qui peut s’effondrer à tout moment.

C’est pour toutes ces raisons que je fais partie des 30.000 signataires du Manifeste d’Oasis Réunion à lire et signer sur https://oasis-reunion.bio/  et que je partage ses 3 objectifs :
▶ 1° Une agriculture autosuffisante 100% biologique locale et paysanne
▶ 2° Une alimentation saine, sûre, durable, pour tout le monde, au juste prix
▶ 3° Une consom’action éco-responsable, écologiquement maîtrisée et solidaire, économiquement circulaire et redistributive

 

 

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