En septembre dernier, six hommes ont été condamnés pour trafic de zamal entre La Réunion et Maurice, par le tribunal correctionnel de Saint-Denis en comparution immédiate. Interpellés le 31 mai au port de Sainte-Rose et soupçonnés d’avoir été actifs depuis mars, ils avaient été accusés de vouloir exporter 140 kilos de zamal en 12 sacs vers Maurice. La valeur estimée : près de deux millions d’euros.
Les deux Réunionnais et quatre Mauriciens avaient alors écopé de peines allant d’un à deux ans ferme ainsi que du sursis, soit de peines inférieures à ce qu’avait requis le procureur. Ils avaient également été relaxés pour la plupart des faits de transport de stupéfiants, le zamal n’ayant jamais quitté La Réunion. Ne pouvant prouver qu’ils avaient tout manigancé ensemble, le tribunal les avait aussi relaxés des faits de « participation à association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un délit puni de 10 ans d’emprisonnement ».
Au vu des peines inférieures et cette dernière relaxe, le Parquet avait décidé de faire appel de la décision du tribunal correctionnel. Ce jeudi, les cinq détenus et le sixième sous contrôle judiciaire, étaient jugés devant la cour d’appel.
L’avocat général, Benoît Delepoulle, a donc procédé à démontrer que deux groupes avaient certes été identifiés mais qu’ils avaient travaillé ensemble pour organiser l’export du zamal – huit sacs d’un côté, le reste de l’autre, et leur arrivée en deux voitures, au même moment au port. Mais il n’est pas certain que ses arguments soient retenus. Si ce n’est pas la cas, pourquoi ne pas considérer que les deux groupes sont chacun de leur côté coupable de « participation à association de malfaiteurs ».
Il redemande alors des peines plus lourdes, à savoir de 3 ans ferme à 5 ans ferme. Au tour donc des avocats des prévenus de répondre. Pour Me Julien Barraco, « la justice va trop vite, on juge les trafiquants et mules de plus en plus souvent en comparution immédiate. C’est pour cela qu’on a passé notre temps aujourd’hui à rien comprendre. On se base sur des garde à vue dans instruction et c’est tout ce qu’on a pour comprendre l’affaire ». Pour lui, cela laisse trop de place aux présupposés, comme « les théories » de l’avocat général.
La décision de la cour d’appel sera rendue le 2 janvier.