C’est dans les poubelles du centre pénitentiaire du Port qu’un détenu qui conduisait le camion benne récupérait des colis stupéfiants. Ceux-ci étaient préparés dans l’appartement d’une complice : "un élément essentiel du trafic". À Sainte-Clotilde, cette épouse d’un détenu se faisait livrer de l’ecstasy, de la résine de cannabis, du cannabis et du tabac chimique à son domicile. Parfois, elle prenait le bus pour s’approvisionner à Bras-Panon ou au Port.
Puis, la quadragénaire se faisait conduire au centre pénitentiaire du Port par une autre épouse de détenu qui participait également à l’affaire. Avant leur visite au parloir, elles balançaient les paquets dans les containers à poubelle. A la barre, elle a reconnu avoir fait 19 livraisons au cours des huit mois précédents.
11 pochons dans le caleçon
Le 18 juillet dernier, le conducteur du camion poubelles s’est fait coincer lors d’une banale fouille. Les paquets étaient cachés dans ses chaussettes et son caleçon. L’homme de 49 ans au lourd casier judiciaire - 30 mentions et 15 ans de détention en cumulé - purge une peine lourde pour des faits de vols et de recels jusqu’en juin 2022 à laquelle il faut ajouter une peine d’un an supplémentaire au-dessus de la tête en attente d’un jugement par la cour d’appel.
Quant au commanditaire, l'homme de 51 ans purgeait une peine jusqu’à la fin de ce mois pour trafic de stupéfiants. "Vous encourez 20 ans", lui assène la présidente du tribunal correctionnel, relevant l’état de récidive. C’est lui qui se chargeait des commandes passées par les autres détenus et qui les communiquait à sa compagne de Sainte-Clotilde. "J’ai gagné des trucs à manger, du linge en échange", explique le détenu, ses déclarations peu plausibles agaçant visiblement le tribunal.
Des tas de salades
Chaque membre de l’équipe a tenté de minimiser son rôle lorsqu'est venu le temps des explications. Les magistrats ont même eu droit à la livraison de graines pour planter des salades ou de la pâte de piment. "C’est la semaine végétale", résume la présidente de l’audience avant d’interroger le dernier des prévenus en détention jusqu’en 2023 pour trafic de stupéfiants. Celui-ci a confirmé qu’il participait à un concours de jardinage d’où les graines, les pochons et quelques grammes d’herbe gratuits. L’enquête a, malheureusement pour lui, montré qu'il menait aussi un trafic de téléphones avec l’aide de sa compagne. Un smartphone se négocie 450 euros derrière les barreaux.
"Un trafic gravissime bien pire à l’intérieur d’une prison qu’à l’extérieur", pour la procureure qui a requis des peines comprises de 4 ans, 3 ans et 2 ans pour les détenus, 2 ans dont 1 avec sursis probatoire pour les deux épouses avec un mandat de dépôt à la clé. Enfin 15 mois dont 8 avec sursis probatoire pour le rabatteur.
Après en avoir délibéré, le tribunal a décidé de condamner les détenus à des peines de 4 ans, 3 ans et 30 mois ferme pour les trois détenus. L’un d’entre eux devait sortir de prison aujourd’hui même. Les deux épouses sont condamnées à 2 ans de prison dont 1 avec sursis probatoire. L’une d’elles est immédiatement incarcérée. L’autre pourra faire aménager sa peine. Enfin, le rabatteur écope de 12 mois intégralement assortis d’un sursis probatoire.
Après en avoir délibéré, le tribunal a décidé de condamner les détenus à des peines de 4 ans, 3 ans et 30 mois ferme pour les trois détenus. L’un d’entre eux devait sortir de prison aujourd’hui même. Les deux épouses sont condamnées à 2 ans de prison dont 1 avec sursis probatoire. L’une d’elles est immédiatement incarcérée. L’autre pourra faire aménager sa peine. Enfin, le rabatteur écope de 12 mois intégralement assortis d’un sursis probatoire.