Le 7 février dernier, les gendarmes réalisaient un coup de filet en interpellant dans le département neuf personnes soupçonnées de participer, de près ou de loin, à un trafic de cocaïne. Ces arrestations font suite à un signalement effectué par Tracfin. Les agents de ce service de renseignement français chargé, entre autres, de la lutte contre le blanchiment d’argent, ont été alertés par le train de vie des mis en cause qui ne semblait pas être en adéquation avec leurs activités professionnelles.
Cinq d’entre eux ont été présentés au parquet de Saint-Denis, trois hommes et deux femmes. Selon les premiers éléments d’une enquête préliminaire ouverte il y a deux ans, Karim B. serait une des têtes d’un réseau qui prendrait sa source en Guyane et en métropole à destination de consommateurs réunionnais. L’argent issu du trafic aurait été blanchi via des sociétés de location et de vente de véhicules d’occasion de grandes marques. L’arrivée de ces véhicules en provenance de la métropole aurait pu être facilitée par des cols blancs mouillés dans cette affaire en tant que consommateur.
C’est ainsi qu’entrent en scène l’ex-compagne de Karim B. tout comme l’actuelle, une influenceuse bien connue dans le paysage télévisuel de l’île ainsi que pour ses séjours à Dubaï affichés sur les réseaux sociaux. Toutes deux auraient accepté d’être à la tête des fameuses entreprises de location de voitures destinées à blanchir le produit de la vente de stupéfiants. Bien qu’elles s’en défendent, les deux jeunes femmes qui ont indiqué qu’elles ne
« savaient rien de ce qui se tramait en sous-marin de leurs activités » sont soupçonnées d’être des prête-noms. Elles ont été placées sous contrôle judiciaire au même titre qu’Irshad A., un Portois né en 1993, mécanicien de son état.
Le trentenaire aurait croisé la route de Karim B. à la mosquée. Ce dernier lui aurait proposé d’améliorer son quotidien en lui rendant des services : nettoyer sa piscine, tondre la pelouse de son jardin mais surtout, encaisser des mandats cash à sa place. C’est ainsi que « malgré lui », Irshad A. se serait trouvé impliqué dans du blanchiment. Ce mardi, le Portois a comparu devant la chambre de l’instruction suite à un appel du parquet souhaitant son incarcération pour la suite de l’enquête. Son avocat, Me Marius Rakotonirina, s’est employé à démontrer que son client n’était qu’un factotum au sein d’un trafic qui le dépassait et dont il n’était qu’un faible maillon. Ces arguments n’ont pas convaincu la cour qui a décerné, ce mercredi après-midi, un mandat d’arrêt à son encontre.
Le 8 février dernier,
Bilal R., habitant du Port, avait été placé en détention provisoire. Son implication dans le trafic ferait écho à un autre, plus ancien mais qui avait fait couler beaucoup d’encre avec à sa tête Wilson Titus, a développé la représentante de la société lors de l’audience de ce mardi matin.
D’autres interpellations pourraient avoir lieu prochainement.