Comme toutes les mules, il prétend devant le tribunal ne pas savoir ce qu’il y avait dans les boîtes de litière. Pour autant, il avoue à la présidente avoir récupéré les boîtes 2 jours avant son départ. Lors de l’audience, Heinrick B. prétend être SDF en métropole. Il explique que le 21 mai dernier il rentrait définitivement à La Réunion pour vivre à Bras Panon chez sa grand-mère. La présidente reste perplexe sur ses affirmations. En effet, le prévenu est venu deux fois depuis le mois de septembre sur l’île. Ses deux voyages mettent en évidence deux versements Western Union le lendemain de ces voyages.
Les deux mandats de 800 et 1000 € ont été versés par la même personne à son attention. « Cet argent me servait à vivre, je n’avais rein pour vivre là-bas. Je suis parti en métropole pour gérer des papiers administratifs » s’explique-t-il. Pas très convaincant pour le tribunal. Il est SDF et au RSA et, à chaque fois, il a pris ses billets au dernier moment. « Je suis SDF et alcoolique ! » lance Heinrick B. à la présidente. « Vous êtes un SDF qui prend souvent l’avion » lui répond-elle quelque peu agacée. Contrairement aux autres mules, Heinrick B. est bien plus érudit.
Il s’exprime bien, mais surtout, il a bien préparé son discours. Il reconnaît qu’il savait pour le cannabis qui était son dédommagement pour le transport. En revanche, il réfute savoir ce qu’il y avait dans les boîtes de litières. Il a également refusé de donner son code de téléphone aux enquêteurs lors de la garde à vue. Présente à l’audience, la représentante des douanes demande au tribunal de fixer le montant de l’amende à 88 000€ soit 15€ le cachet d’ecstasy et 150€ le gramme de cocaïne. « C’est une mule plus intelligente que les autres qui sait orienter les faits sur son alcoolémie. Les faits sont simples et justifient l’action fiscale », indique-t-elle.
« Il y a deux types de mules : celles qui assument et les autres comme Mr Heinrick B., qui se déclarent naïves et qui parlent beaucoup pour essayer de noyer le poisson » entame la procureure de la République. « Il reconnaît avoir récupéré la marchandise 48h avant le départ, donc reconnaît matériellement les faits. Sa ligne de défense est simple : Il est naïf ! On est en droit de considérer que ses déclarations sont fausses, car à aucun moment, il ne donne d’éléments pour prouver sa bonne foi. Il faut une peine dissuasive, il faut préserver La Réunion ! » requiert la procureur qui demande une peine de 6 ans avec maintien en détention.
Après délibération, le tribunal reconnaît Heinrick B. coupable et le condamne à une peine de 4 ans de prison avec maintien en détention et une amende de 88 000€