A l’heure du déconfinement le 11 mai, le manque de visibilité sur le comportement du virus ne permettait pas aux professionnels du tourisme de clamer haut et fort la réouverture de Gillot, sachant la probable protestation populaire qui aurait pu en découler.
Mais après un mois de recul et une épidémie qui reste contenue à des chiffres faméliques à La Réunion, les pro du tourisme montent cette fois franchement au créneau, dans la lignée du lobbying opéré la semaine dernière par la Fédération des entreprises d’Outre-mer (FEDOM).
[FEDOM : Le trafic aérien est rétabli en Corse et sans quatorzaine. A quand à La Réunion ?]urlblank:https://www.zinfos974.com/FEDOM-Le-trafic-aerien-est-retabli-en-Corse-et-sans-quatorzaine-A-quand-a-La-Reunion_a155678.html
« A l’heure où l’Europe rouvre ses frontières sans contraintes de quatorzaine ou de justificatifs de déplacement, et que la Corse n’est plus soumise aux dispositions restrictives grâce à la pression des élus, la situation des territoires d’outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Réunion) pourtant en zone verte contrairement à d’autres départements de l’Hexagone dont les libertés ont été rétablies, reste inchangée malgré les annonces de ce weekend », comparent-ils cette « spécificité domienne » dont ils se seraient bien passés.
« Les professionnels sont toujours en attente de l’égalité de traitement entre les régions métropolitaines, la Corse et les Outre-mer. La destination Réunion doit être pleinement accessible aux mois de juillet et août. Et c’est maintenant que tout se joue ! », clament les professionnels du tourisme, soutenus par le MEDEF Réunion, réunis à la Nordev.
Des chiffres en baisse de 40% sur l’année
« L’heure est grave, il y a même un sentiment de colère », résume Didier Fauchard, le président du MEDEF Réunion, alors que la perte est estimée à 25% sur juillet-aout, et à 40% sur l’année.
« Il y a 40 ans, il n’y avait pas de tourisme », rappelle Patrick Serveaux, le président de l’UMIH Réunion, soulignant que le secteur, « première ressource de La Réunion avant la canne à sucre », concentre aujourd’hui 11500 emplois et plus d’un milliard de chiffre d’affaires, avec près de 500 000 touriste par an. « À La Réunion, on a maintenu des quotas dans les avions, malgré avis de l’Europe », déplore-t-il. « C’est discriminatoire, le Parisien peut aller à Marseille ».
Pour Jean-Marc Grazzini, il reste un frein à la reprise du trafic : la quarantaine alors que « le test PCR paraît être une solution », estime le directeur général adjoint d’Air austral. « Les voyages en avion sont sûrs », veut en outre rassurer Claire Tabakian, directrice régionale Océan Indien d’Air France, rappelant les mesures comme la prise de température, le port du masque, le filtrage de l’air et la stérilisation, mais aussi les tests « pour montrer à la population réunionnaise que les touristes qui arrivent sont sains ».
Pour les hôteliers, la situation est critique. « On a la chance d’avoir la clientèle locale qui nous aide. Mais c’est seulement 30% de la clientèle », fait remarquer le vice-président de l’UHR (Union des hôteliers de La Réunion).« Il est impossible de rentabiliser nos établissements avec 2 jours plein par semaine », constate-t-il.
« Tant que le tourisme ne reprend pas, les patrons ne peuvent pas se verser de salaire », ajoute Yves Scullier, le représentant de l’association Défi Réunion. Alors qu« un Français sur 2 à déjà réservé ses vacances, mais rien sur les DOM-TOM », il tire la sonnette d’alarme : « 20 à 30 000 emplois sont menacés ».
Un plan de soutien demandé à l’Etat
Parmi les secteurs impactés figure aussi celui de la location de voiture. « Cela représente près de 22,1% des recettes liés au tourisme, c’est le deuxième après logement », rapporte Yves Tabuteau, président de la branche location du syndicat de l’importation et du commerce de la réunion (SICR), agacé ne n’avoir vu que de simples « mesurettes. »
La restauration est également en souffrance. « La restauration a été stigmatisée : on a été les premiers fermés et les derniers ouverts », s’insurge Philippe Doki-Thonon, restaurateur, comparant la situation à la crise du Chikungunya. « On n’est jamais pris en compte dans les décisions. On est les seuls patrons à n’avoir reçu aucune aide », dénonce celui qui reste tout de même optimiste avec « 40% du chiffre habituel ». Un autre regrette les contrôles des gendarmes, « comme si on était des voyous ».
Réclamant la fin de la quarantaine, les professionnels du tourisme demandent à l’Etat une campagne de promotion, une campagne de commercialisation et un plan de soutien. Une aide en somme similaire à celle octroyée lors de la crise du Chikungunya.