« C’est très critique par moment« , confie à [Mayotte Hebdo]urlblank:https://www.mayottehebdo.com/actualite/sante/covid-19/week-end-haute-tension-centre-hospitalier-mayotte/ le Dr Christophe Caralp, le chef du pôle URSEC du CHM. « C’est très critique par moments. Nous avons eu jusqu’à 33 patients dans le box des urgences« . Et le problème, c’est que le pire est encore à venir puisqu’on attend le pic des arrivées en réanimation uniquement pour début mars. D’ici là, les médecins du CHM attendent « entre 40 et 60 nouvelles entrées par semaine« .
Autre problème : Sur ces entrées, « 70% sont porteurs du variant sud-africain« , à en croire « Les Nouvelles de Mayotte ».
Au point que le médecin avoue craindre « de devoir prendre en charge des intubés ventilés en dehors de la réanimation, avec un risque de 24 heures d’attente avant de pouvoir les envoyer » vers La Réunion.
Des Mahorais sont très peu nombreux à porter le masque et à respecter les gestes barrière
La solution la plus simple, pour ne pas dire la plus évidente, serait que la population respecte les gestes barrière, le port du masque ainsi que le confinement qui a été instauré depuis le 5 févier dernier. Il n’en est malheureusement rien.
D’après tous les témoignages que nous avons reçus et au vu des vidéos circulant sur les réseaux sociaux, il apparait que rares sont ceux qui portent le masque. Quant au confinement…
Les Mahorais de ce qu’on nous rapporte de plusieurs sources, préfèrent faire confiance à la protection divine plutôt que d’écouter les conseils des autorités.
Dans ces conditions, tout repose donc sur la capacité des structures de santé à absorber le flux de malades. Et quand les capacités du CHM sont dépassées, alors même que les soignants mahorais ont reçu le renfort de militaires du service de Santé et que la transformation de la salle de réveil du CHM en salle de réa a permis de récupérer 5 lits supplémentaires, il ne s’agit que de gouttes d’eau dans l’océan des arrivées quotidiennes.
Ne restent que les évacuations sanitaires vers La Réunion et bientôt vers la métropole
Ne reste alors plus que la solution de l’évacuation sanitaire vers le CHU de La Réunion qui met quotidiennement 6 lits à disposition afin d’accueillir les Evasan de Mayotte.
Les patients évacués vers notre ile, dont beaucoup sont des clandestins arrivés en kwassa kwassa à Mayotte, sont souvent les plus gravement atteints. On privilégie « les intubés ventilés qui présentent moins de contraintes médicales que ceux assis, à haut risque de dégradation durant le vol« , nous apprend Mayotte Hebdo.
Mais il ne faut pas croire que ces transferts soient simples. Selon [Mayotte 1ère]urlblank:https://la1ere.francetvinfo.fr/mayotte/mamoudzou/un-service-reanimation-sature-au-chm-936652.html , « un transfert d’un patient vers Saint-Denis ou Saint-Pierre, c’est 8 h porte à porte. Il faut qu’il prenne l’ambulance, la barge, il faut qu’il soit manipulé pour être transporté dans l’avion. A chaque étape de la manipulation, il y a un risque pour le patient, que son état se dégrade, qu’il décède pendant le transfert« .
Et malgré ces rapatriements, le nombre de décès reste très élevé. « 4 hier, 3 avant-hier« , selon Les Nouvelles de Mayotte. Sans compter ceux qui décèdent à La Réunion. Le tout pour une population de 270.000 habitants. Si l’on voulait faire une comparaison avec La Réunion, il faudrait quasiment multiplier ces chiffres par 3 !
La Réunion risque d’être à son tour saturée
Le risque, c’est que les différents services de réa de La Réunion se retrouvent à leur tour saturés, sachant qu’un malade gravement atteint reste hospitalisé pendant environ deux mois. On a déjà rouvert la semaine dernière celui du CHOR dans l’Ouest, et malgré cela on atteint un taux d’occupation de 40% sur l’ensemble de l’ile.
Que se passera-t-il lorsque Mayotte connaitra son pic de malades prévu pour début mars ? Et que se passera-t-il si La Réunion est à son tour touchée par une nouvelle vague ?
La seule solution consisterait alors à évacuer nos malades vers la métropole grâce à un Boeing 777-300 spécialement aménagé. C’est même « acté« , selon le Dr Christophe Caralp, dans des propos repris par Mayotte Hebdo.
Pourquoi ne pas les envoyer directement de Mayotte au lieu de les faire transiter par La Réunion, ce qui double quasiment les temps de transfert ? A cause de la piste trop courte de l’ile aux Parfums. Sauf si on utilise l’A400M de l’armée de l’Air, une solution apparemment également à l’étude, mais qui pose d’autres problèmes, notamment à cause d’un rayon d’action trop faible de l’avion qui l’obligerait à faire une escale technique à Djibouti. Ou à être ravitaillé en vol…
En attendant, la situation continue à se dégrader à Mayotte. « Il y aura des dizaines de morts par jour. Il y a des patients qui seront aux urgences qui ne pourront plus monter en réanimation« , affirme le Dr Renaud Blondé, le chef du service réanimation du CHM sur Mayotte 1ère…