Au premier abord, on peut se demander pourquoi une cause aussi consensuelle que la sécurité routière déclenche une telle levée de boucliers .Il s’agit d’un concours international visant à encourager les élèves volontaires à créer une affiche sur le thème de la sécurité routière. “Les enfants et les jeunes sont les personnes les plus touchées par cette crise : les accidents de la route sont la première cause de mortalité pour les 5 – 29 ans. Pour réduire de façon durable l’ampleur de cette tragédie, il faut créer une synergie entre les nombreuses interventions de sécurité routière visant à prévenir ces blessures et à réduire les risques. L’éducation des jeunes à des comportements sécurisés sur la route fait partie de ces initiatives. C’est l’objectif du programme VIA”, explique le site du programme. Financé par les fondations Total Energies et Michelin. Près de 100.000 jeunes y participent chaque année.
C’est par le témoignage d’une enseignante de l’île, choquée de voir ce partenariat, que l’affaire a éclaté au grand jour à la mi-décembre. Ce qui interroge encore plus, c’est pourquoi l’Académie de l’île est la seule de France à avoir accepté de participer.
Les militants dénoncent également une publicité insidieuse au sein de l’école publique. Même s’il n’est pas question de “greenwashing” au sens strict du terme, il s’agit bien tout de même d’une campagne de communication financée par l’extraction des énergies fossiles. De plus, au moment où la major pétrolière s’est retrouvée au cœur des polémiques au moment des débats sur les superprofits liés à l’inflation, le choix de maintenir ce partenariat interroge d’autant plus.
“Ils veulent s’acheter une image de philanthropie et de générosité, et cela auprès des plus jeunes. Pourtant, leur bilan social et écologique est catastrophique”, avance Greenpeace.
Un partenariat « transparent et sur la base du volontariat”
Interrogée, la rectrice, Chantal Manès-Bonnisseau, réfute les accusations de liens “privilégiés » avec Total, avant d’ajouter : « L’Académie n’est pas la main de Total ou d’autres choses que j’ai pu lire”. “
“C’est la deuxième année consécutive que ce concours est proposé aux enseignants volontaires. Je peux comprendre ce débat, mais cela ne me semble pas contraire à nos valeurs. Ce partenariat fait l’objet d’une convention claire et transparente, comme avec d’autres acteurs qui peuvent intervenir à l’école. Enfin, il n’y a pas de lien financier avec Total, le rectorat ne gagne pas d’argent. Les seules sommes qui sont en jeu sont les 200 euros proposés aux cinq vainqueurs du concours, soit 1000 euros en tout, cette somme reste largement raisonnable”, précise la rectrice.
“La question de la sécurité routière est un sujet consensuel, et la prévention auprès des élèves ne doit pas être négligée. Cette démarche est conforme à nos priorités en la matière”, se défend également Chantal Manès-Bonnisseau.
Ce concours sera-t-il à nouveau proposé aux élèves l’année prochaine ? “Rien n’est décidé encore, cette décision dépendra du succès de l’édition de cette année”, confirme la rectrice. De son côté, Greenpeace Réunion, et les autres signataires, se dit déçu de la décision de la rectrice et affirme vouloir continuer à lutter contre ce partenariat. Des actions sont envisagées pour le courant de la semaine prochaine.
Interrogée, la fondation Total Energies n’a pas répondu à nos sollicitations.