La compagnie pétrolière française Total a annoncé ce samedi qu’elle suspendait ses opérations de construction d’un site gazier au Mozambique. Mercredi dernier pourtant, elle annonçait vouloir reprendre les travaux.
« Total ne déplore pas de victimes parmi le personnel employé sur le site du projet » dans la ville d’Afungi, à dix kilomètres de Palma, mais est contrainte d’y « réduire au strict minimum le personnel ». « La remobilisation du projet envisagée en début de semaine est bien sûr suspendue », s’est rendu à l’évidence le géant pétrolier et gazier.
La menace se précise de jour en jour. La ville voisine de Palma est tombée entre les mains de jihadistes armés. Ces derniers ont lancé leur assaut mercredi, le même jour de l’annonce de la reprise du chantier. Total projetait de lancer l’exploitation du gaz pompé au fond de l’océan Indien à partir de 2024. Ce gaz doit être acheminé par pipeline vers la côte où il doit être transformé en gaz naturel liquéfié puis exporté par navire méthanier.
Le périmètre de sécurité a cédé
Selon l’organisation non gouvernementale Human Rights Watch citant des témoins de la zone de conflit, beaucoup de personnes ont été tuées dans la ville de Palma et des centaines de civils mais aussi des travailleurs engagés sur le complexe gazier ont pris la fuite pour se réfugier dans des villes voisines.
Des jihadistes connus sous le nom de Chabab y ont fait allégeance à l’organisation Etat islamique il y a deux ans. Leurs attaques auraient causé la mort d’au moins 2600 personnes, dont plus de la moitié seraient des civils.
Le groupe Total porte le projet Mozambique LNG aux côtés d’autres supermajors comme l’italien Eni et l’américain ExxonMobil mais la société française est le principal investisseur avec une participation de 26,5 %.
En janvier dernier, le PDG de Total Patrick Pouyanné avait rencontré le président mozambicain Filipe Nyusi pour évoquer la question sécuritaire du site à terre puisque les immenses réserves de gaz se trouvent dans le Canal du Mozambique. Le chef de l’Etat s’était à nouveau engagé à sécuriser un périmètre d’au moins 25 km autour du site terrestre mais ce périmètre a cédé.
Ces dernières années, les départements de Mayotte et de La Réunion étaient pressentis pour devenir la base arrière du site off-shore, notamment en matière d’assistance médicale.
2019 : ▶️ Travaux imminents dans le canal du Mozambique pour l’exploitation du gaz naturel