Rachid S. a été condamné à 25 ans de réclusion criminelle ce vendredi pour torture ou acte de barbarie et viol par conjoint. Jugé en appel, il se a été condamné à une peine moins lourde qu’en première instance où il avait été condamné à 30 ans de réclusion. Il se voit par ailleurs retirer l’autorité parentale.
Après huit ans d’enfer et quatre ans de procédures judiciaires, Delphine S., 31 ans, a dû refaire face à son bourreau et replonger dans l’horreur. Battue, poignardée, violée, menacée… Entre zoophilie et autres pratiques sexuelles plus qu’inhabituelles, Delphine S. subissait des violences presqu’au quotidien. Les blessures, il les recousait lui-même. Le médecin comptait 177 cicatrices sur son corps.
Pour Me Marie Briot, avocate de la victime, le processus a toujours été le même : « La séduction de jeunes femmes âgées de 18 à 20 ans, puis la manipulation et l’isolement, détruisant leur égo, les traitant de mauvaise mère et de compagne infidèle ». Trois femmes qui témoignent des mêmes sévices sur une vingtaine d’années. Ses ex-compagnes avaient porté plainte mais il a fallu que Delphine S. craigne pour sa vie, qu’elle prenne son courage à deux mains et s’échappe de son emprise. De ces unions, huit enfants en tout, également touchés par des violences. Sans oublier les tortures d’animaux. Tous semblent y être passés.
Mais pour Rachid S., 43 ans, c’était lui la victime de tout ce dont il est accusé. Un effet miroir selon les experts psychiatriques provenant de mensonges ou d’une auto-persuasion pour éviter de se regarder en face et éviter un « effondrement psychique ».
Un terme de l’expert psychiatre repris par l’avocat de l’accusé, Me Jean-Christophe Molière pour expliquer les mensonges de son client. « C’est un menteur, affirme-t-il, il utilise tous les éléments pour aller dans la direction qu’il a choisie. Et il a fait ça toute sa vie ». Pour l’avocat, il s’agit d’un trouble pathologique de la personnalité. « Il ne peut donc pas être autrement ».
Après avoir expliqué les mensonges et le caractère agaçant de Rachid S., Me Christophe Molière évoque la peine requise de 30 ans. « Certains sont condamnés à 20 ou 22 ans pour avoir ôté la vie à quelqu’un. La victime est heureusement encore là et pourra se reconstruire, ajoute-t-il, sans minimiser les faits, bien sûr ».
L’avocat de Rachid S. : « Vous êtes la victime dans ce dossier et vous n’auriez jamais dû subir ces atrocités »
Mais Me Molière s’adresse avant tout à la victime : « Il est incapable de prendre ses responsabilités, donc je les prends pour lui. Vous êtes la victime dans ce dossier et vous n’auriez jamais dû subir ces atrocités. Vous avez été salie au long des années mais vous ne le serez pas dans ma plaidoirie ». Une plaidoirie courte – peu de moyens pour défendre un homme comme Rachid S. – suivie d’un premier soupçon de regret de son client : « Je sais qu’elle a souffert, j’ai eu beaucoup tort ».
Une introspection qui sera peut-être désormais possible pour lui en prison. Pour ce qui est de Delphine S., sa sœur la décrit comme une mère aimante « qui ne baisse pas les bras pour ses enfants » : « Il serait peut-être temps qu’elle s’occupe d’elle », conclut-elle, déclenchant les larmes chez la victime. Le verdict tombé, ce temps est peut-être arrivé.