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Tir de gomme-cogne à St-Gilles : 3 ans de prison pour le tireur

Il est 14h30 lorsque plusieurs détonations sont entendues dans une galerie marchande proche du commerce alimentaire Vival de Saint-Gilles les Bains. Un différend oppose deux frères et un homme, tous trois commerçants. Les deux frères sont jugés ce lundi pour des faits de violence aggravée à l'encontre de la victime.

Ecrit par zinfos974 – le lundi 06 septembre 2021 à 18H38

[Vendredi dernier, en début d’après-midi, des violences éclatent dans une galerie marchande du centre de Saint-Gilles les Bains.]urlblank:https://www.zinfos974.com/Tir-de-gomme-cogne-a-St-Gilles-Un-blesse-un-homme-en-garde-a-vue_a172949.html Antoine T., 38 ans, et Julien T., 43 ans, s’en prennent violemment au locataire qui fait face à leur commerce. Plusieurs détonations sont entendues par de nombreux témoins. La victime est lourdement blessée au dos, au bras et sur l’arrière de la tête. Elle se verra délivrer 10 jours d’ITT qui ne sont que provisoires. Elle parvient à courir vers la gendarmerie de Saint-Gilles pour déposer plainte. Les deux frères se rendent et sont placés en garde à vue. 

La victime a de nombreuses lésions abrasives faisant penser à des gerbes de plomb, indiquera le médecin légiste. L’enquête met en exergue un problème relationnel qui dure depuis plus d’un mois entre les commerçants.

Ce jour là, tout commence par un mauvais regard, indique la victime dans sa déclaration. « Tu ne me regardes pas comme ça », dit-il à Julien qui aurait répondu : « Arrête de me regarder comme une merde, si tu n’es pas content, tu dégages ». Le commerçant aurait ensuite senti une déflagration au niveau de la face, laquelle l’aurait rendu aveugle. Il s’est alors mis à genoux avant de se faire frapper au sol. Il a ensuite entendu trois autres déflagrations. Il dit avoir vu Antoine lui tirer dessus une fois mais ne plus avoir rien vu après. 

« Ça fait un mois qu’on vit dans notre magasin terrorisés »

Tous les projectiles du gomme-cogne utilisés seront retrouvés dans le couloir de la galerie. À la barre, les prévenus font état d’un tir d’avertissement dans leur boutique et de trois autres dehors. La présidente leur fait remarquer que ça ne correspond pas avec les relevés de l’enquête. Ils diront aux militaires qu’ils ne comprennent pas pourquoi ils sont placés en grade à vue et qu’ils trouvent ça injuste.

« Ça fait un mois qu’on vit dans notre magasin terrorisés », disent-ils au tribunal. « Je regrette, je n’aurais jamais dû faire ça, mais j’avais peur », explique Antoine. « Apparement, nous avons mal réagi, nous avons eu tort », ajoute son frère avant de se faire reprendre de volée avec véhémence par la présidente : « Vous allez changer de discours tout de suite ! Votre version est moins flagrante que les 15 photos de la victime qui sont dans le dossier« . 

« J’étais paniqué », répond le prévenu. « Oui mais c’est une panique qui dure ! Il faut un minimum se remettre en cause », insiste la présidente. Et Julien de lui répondre : « C’est un psychopathe très dangereux qui déforme les choses et qui fait en sorte que ça se passe bien quand il le faut ». Ils expliquent également qu’ils n’ont pas pris le temps de déposer plainte avant à l’encontre de la victime qu’ils décrivent comme étant un homme baraqué de 2 m de haut qui fait peur.

Les deux frères présentent une condamnation chacun à leur casier. Violences sur conjoint pour Julien et escroquerie pour son frère. La victime en revanche possède 17 mentions TAJ (Traitement d’antécédents judiciaires) dont des violences, mais n’a jamais été condamnée. 

« On se demande de quel coté se trouve le psychopathe ! »

« Il faut un certain aplomb pour traiter mon client de psychopathe après lui avoir mis 4 coups de gomme-cogne. On se demande de quel coté se trouve le psychopathe ! La scène est hallucinante, il faut s’en rendre compte. Il y a une volonté délibérée de l’action », plaide la partie civile qui demande un renvoi sur intérêts civils, une provision de 5000€ ainsi qu’une expertise psychologique, arguant que son client est choqué et apeuré.

« Saint-Gilles est le dernier endroit où l’on s’attend à ce genre de scène », rebondit la procureure. « Il y a une extrême violence avec arme, certes non létale, mais touchante. Il n’y a pas de débat sur la distance de tir, c’est à bout touchant. Il y a deux gars qui veulent en tuer un autre selon de nombreux témoins qui entendent ‘je vais te buter' ». 

« On n’est pas en légitime défense car il n’y a pas d’attaque. C’est presque de la violence gratuite qui ne se justifie pas, d’autant qu’ils ont du mal a reconnaitre ce qu’ils ont fait. Je vous demande 4 ans de prison avec maintien en détention pour les deux », requiert le parquet, considérant une action commune des deux frères.

« Il est très affecté par ce qu’il s’est passé, ça ne lui ressemble pas. Il s’est rendu compte qu’il a gâché sa vie. Le contexte est essentiel dans cette affaire car voilà un mois qu’ils vivent dans la peur, dans l’angoisse. Ils essayent de s’en sortir mais ils laissent la situation s’empirer. Il fonce sur lui mais mon client a une attelle, il se sent agressé et fait comme il peut. Il aurait dû s’arrêter au premier coup de feu car pour la suite, je ne suis pas en accord avec ses gestes. Pour autant, 4 ans de prison ce n’est pas adapté », plaide la défense d’Antoine qui rappelle au passage les 17 mentions TAJ de la victime. 

« C’est disproportionné mais en face vous avez un homme de 2 m »

La défense de Julien rebondit : « Il y a des différends depuis un mois. Il ne vient pas là pour parler – la victime -, il vient pour en découdre. Tout ça pour un motif futile. C’est disproportionné mais en face vous avez un homme de 2m ! Il a eu peur, il n’est pas rationnel car il est effrayé. 4 ans ferme pour des gens qui ne sont pas des délinquants, ce n’est pas adapté. Une peine, il en faut une bien sûr, mais elle doit être adaptée. Il a porté des coups car la victime est venue vers lui. Je vous demande de rapporter la peine dans de plus justes proportions« . 

Les plaidoiries des défenses ont été entendues par le tribunal. Antoine, qui a tiré, est condamné à la peine de 3 ans de prison dont 1 an avec sursis probatoire.  Julien, qui a porté des coups, est condamné à 2 ans de prison dont 1 an de sursis probatoire.

Les deux frères se voient interdire de détenir une arme pour 5 ans, d’entrer en contact avec la victime pour 3 ans et sont condamnés conjointement à l’indemniser. Ils sont maintenus en détention. 

 

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