Les mots du député Thierry Robert avaient été assez limpides hier sur la plage des Brisants à Saint-Gilles: « S’il y a des plaintes de déposées, certains risquent d’avoir des problèmes ». Directement mise en cause, l’autorité préfectorale évidemment, mais aussi les maires des communes impliquées par le risque.
La mairie de Saint-Leu n’a pas tardé à mettre en branle son arsenal juridique pour faire bouger les lignes. En se fondant toujours sur les textes de loi, Me Philippe Creissen, le conseil de la municipalité, propose une ébauche de dépôt de plainte potentiellement applicable par les surfeurs et autres pratiquants dont la vie serait délibérément mise en danger, selon la mairie.
En effet, pour la mairie de Saint-Leu, « il est manifeste qu’il y a bien lieu de suspecter les gestionnaires du domaine public maritime d’avoir exposé autrui délibérément à un danger connu en tardant à mettre en œuvre, a minima, à Saint-Paul et Trois Bassins, les mesures préconisées par l’IFREMER dès 1997 pour faire face au risque requin et pour ne pas avoir interdit l’exercice de ces activités sportives dans les lieux où aucune mesure de protection n’était mise en œuvre pour faire face à un risque de mort parfaitement connu et prévisible. »
Les premières lignes de la plainte pourraient se résumer ainsi : « en ma qualité d’usager habituel du domaine public maritime (DPM) des Villes de Saint-Paul et Trois Bassins, il me semble que les dernières attaques de requin intervenues sur des usagers ne sont que la résultante de l’imprudence et de la négligence des personnes en charge de la gestion de ce domaine public. »
« Atteinte involontaire à la vie »
La mairie de Saint-Leu tente de prendre à défaut les municipalités concernées. « Entre une première attaque dans les eaux de baignades de la plage des Roches Noires en juillet 2011 et l’attaque mortelle de Boucan Canot en septembre 2011, aucune mesure particulière n’a été prise, seules des mesures d’interdiction provisoire sont survenues à la suite de ce dernier événement. Aucune interdiction n’était en cours en juillet 2012 et aucune protection n’était en œuvre… un mort de plus », explique Me Creissen.
Pour ce dernier, qui s’appuie sur la responsabilité pénale, « il y a délit en cas de faute d’imprudence, de négligence ou de manquement à une obligation de prudence ou de sécurité prévue par la loi ou le règlement. Au cas présent, les autorités compétentes (le Sous-préfet de Saint-Paul) qui connaissaient parfaitement le risque, ont été destinataires d’études concernant le risque requin et elles n’ont pas mis en place les mesures de prévention et de sécurité qui entraient dans leur mission », poursuit-il.
Des textes de lois à l’action, la mairie invite tous ceux qui se sentent lésés à porter plainte contre X auprès du Procureur de la République « pour atteinte involontaire à la vie », telle que le veut la formulation juridique.