Hier, mardi 24 septembre, dans un communiqué, le syndicat national des journalistes nous apprend qu’une motion de défiance a été adoptée à plus de 94% contre le directeur de la rédaction avec un taux de participation de 69,64%.
Une situation qui découle de plusieurs épisodes, rapprochés, de censure dont les journalistes ont été victimes, selon le syndicat :
– un article sur une subvention de 160 000 euros effectuée auprès de la Région ;
– une interview du président de l’OPMR ;
– un article me concernant dans lequel je lançais un appel aux acteurs économiques réunionnais concernant vindémia ;
– une interview de François Caillé traitant du rachat de vindémia.
– une enquête sur la SPL Réunion des Musées Régionaux.
Des censures au motif « d’un temps économique préoccupant » se justifie la direction, mais pour le syndicat : « le directeur de la rédaction a cédé aux pressions des annonceurs » (groupe Hayot, Région Réunion…)
Cette situation est extrêmement grave. La liberté des journalistes est piétinée et le pire est devant nous :
1°) si le projet de rachat de vindémia par GBH se concrétise, il se trouvera en position de quasi-monopole économique sur le territoire. GBH détiendrait une grande partie du portefeuille publicitaire ; gare à ceux qui ne se plieraient pas à ses ordres.
2°) nous entrons dans une très longue période électorale : municipales, régionales, départementales, présidentielles et législatives, qui va nous conduire jusqu’en 2022 ! Les candidats anti-Macron courent de grands risques d’être censurés ou des articles risquent d’être escamotés.
L’histoire du journal le Quotidien a débuté en 1976 grâce à la solidarité de beaucoup de Réunionnais. Parce qu’à l’époque, le pouvoir en place voyait d’un très mauvais œil l’arrivée d’un nouveau journal indépendant. Le symbole du journal est d’ailleurs très parlant : le paille en queue : liberté et oiseau emblématique de la Réunion.
Nous avons connu aussi l’épisode de freedom dans les années 90. Le pouvoir politique et économique s’étaient ligués pour tuer la télé, entrainant des émeutes meurtrières en 1991, et pour organiser le boycott publicitaire de la radio dont le symbole est la colombe.
N’oublions pas non plus l’histoire du journal Témoignages fondé en 1944 par le Docteur Raymond Vergès. Saisi plusieurs fois ; boycotté par le monde économique, privé d’annonces légales, etc….
Grace à la solidarité des Réunionnais, le journal a résisté mais a dû cesser de paraitre en 2013 emporté par les difficultés financières que traversent toute la presse.
Témoignages, le plus vieux journal de l’île est le 1er à basculer au tout numérique.
3 exemples qui démontrent que le pouvoir économique et le pouvoir politique ont déjà fait beaucoup de dégâts à la liberté d’opinion, à la liberté d’expression.
C’est pourquoi, j’exprime ma totale solidarité avec les journalistes du Quotidien. Car même si parfois je ne suis pas d’accord avec vos articles, vos analyses, vous avez un droit fondamental, inaliénable : l’écrire.
Je me battrais toujours pour que votre liberté soit respectée.
La domination de l’argent ne doit pas être un modèle. Résistez.
Jean-Hugues RATENON
Député de la Réunion