Enseignant, professeur, une vocation affirmée … de plus en plus difficile de faire ce choix et pourtant nombre d’entre nous sont passés ou passent encore par cette profession, titulaires ou non titulaires de la fonction publique.
L’Education Nationale, le Mammouth, dont seul les restes nous révèlent le glorieux passé.
Figé, fossilisé et pourtant régulièrement disséqué au gré des décisions politiques. Pilier de notre imaginaire collectif et fort de sa toute puissance inhumaine. Magnifique planification idéologique de la révolution, encore et toujours nécessaire à l’éveil des consciences. Dans une société ou l’avènement du consumérisme prime sur l’utilité du savoir, de la réflexion et des principes de vie en collectivité, le Mammouth est-il encore une grande institution s’appliquant à elle même les principes de base pour l’humain ?
Sa nécessité collective n’est plus à démontrer … mais dans l’aspect humain sa structure lourde et ses petits pouvoirs de barons, que l’on trouve également au niveau d’organismes comme les chambres consulaires, sont omniprésents.
Cette machine peut vous broyer, vous écrasez et vous rendre insignifiant en effaçant neuf années d’une vie.
Pourquoi ce peu d’humanité et de reconnaissance à un niveau où l’exemple devrait être la règle ?
Tout le monde s’en fout ! le Président, le Ministre de l’Education, le Recteur de l’Académie, la Responsable de la Dpes 4, le syndicat, tout le monde se contre-fout de savoir si les grandes idées qui fondent notre République, la fraternité, l’égalité, la solidarité, la reconnaissance du travail et de l’effort sont réellement appliquées au sein du ministère en gage de transmettre ces valeurs républicaines aux futurs citoyens !
Je fus vacataire puis contractuel pendant 9 ans au sein du Mammouth, neuf années de labeur précaire, passionnant mais aussi débordant. En effet ce métier s’exerce tant sur le lieu de travail qu’à la maison. Vous le vivez au delà du Collège et du Lycée, c’est une permanence mentale continue. Donc pas toujours simple aux plans émotif, psychologique et professionnel, n’en déplaisent aux contradicteurs bardés de raccourcis d’ignorants.
Inutile de rappeler ce que peut être le quotidien d’un prof dans ses meilleurs aspects comme dans les pires, mais pour un prof précaire c’est encore pire. Neuf années de précarité, travaille, travaille pas, argent ou dettes, batailles pour se maintenir, concessions, humiliations et j’en passe ; pourtant les preuves de nos compétences sont faites depuis longtemps sinon on ne travaille plus pour le Rectorat ; la décision de vous faire travailler se prend au niveau d’un service précis : la DPES 4 ; suivant votre barème, vos affinités avec l’interlocuteur et votre soumission, vous obtenez ou pas un poste. Pour moi tout cela se concluait sur le RSA et sur une non reconnaissance des efforts fournis hormis les avis toujours positifs des différents chefs d’établissement et d’un inspecteur … difficile à digérer.
Après neuf années de loyaux services, entrecoupées de périodes de chômage, d’où la non titularisation par un cdi, la santé se fragilisant et le désir de trouver de nouveaux « ressorts » m’amenèrent à demander une disponibilité pour convenance personnelle. L’administration m’en donnait le droit, mais à quel prix… J’étais encore contractuel pour diverses raisons : concours ratés mais aussi désir de rester domicilié dans un département précis : La Réunion.
Administrativement le syndicat me confirmait la prise en compte de cette demande. Mais dans les faits je ne recevais jamais l’arrêté le stipulant. Malgré le respect de toutes les formalités administratives, un an plus tard, je suis « disqualifié » et ne retrouve aucun emploi avec le Rectorat sous prétexte que ma disponibilité m’a retiré tout mon barème. Aléas d’une administration aux lourdeurs inhumaines prédominantes qui de manière surprenante se prive d’un enseignant avec 9 ans d’expérience sous le futile prétexte d’un retour au barème zéro. Effacé, écrasé, rebuté, ignoré, méprisé, un sacré pied de nez à celui qui a consacré son énergie et sa santé pendant 9 ans au Mammouth.
Aucune perspective et aucun soutien, aucun contact que ce soit avec l’administration ou le syndicat, démerde a ou !
L’Education Nationale m’a facilement mis au rebut, comme passé en pertes et profits dans une « entreprise » qui ne veut plus de ses humains … improductifs ou subversifs ?… j’avais osé alors que je n’étais qu’un simple précaire …
De tous vos boniments de politiciens que devons-nous croire encore M. le Président, le M. le Ministre, M. le Recteur, Madame la chef de service de la DPES 4 ? Vous n’êtes pas nos vrais représentants, vous ne savez pas !
Si les valeurs de la République ne sont pas en adéquation avec les actes de la collectivité ont elles encore du sens ?
En se souciant du devenir des vos précaires au sein de votre institution vous vous seriez grandi. Vous ne faites que détruire ceux qui vous ont servi durant des années, avec des armes déloyales et à sens unique. Vous brisez les pierres qui fondent l’édifice sans aucun scrupules. A vous comporter de la sorte vous êtes de plus en plus loin des réalités et de la vérité … c’est triste et dangereux pour la pérennité de notre pensée républicaine.
Si le mammouth ne veut pas régresser davantage du fait de son inhumanité, le sursaut doit être radical et profond ! Cessez d’être le pire des employeurs en France, celui qui fait la leçon mais qui ne se l’applique pas !