Les précédentes déclarations du Président de la république, Nicolas Sarkozy, lors de son précédent déplacement en Martinique ne sont pas restées vaines. L’éventualité d’un nouveau statut, plus autonome pour ce département, semble, en effet, aussi intéresser le Parti socialiste guyanais.
Rassemblés samedi dernier à Régina, les socialistes guyanais et leur secrétaire générale, Marie-José Lalsie, ont clairement indiqué que c’était au peuple guyanais « de choisir » son avenir et qu’une nouvelle collectivité devenait nécessaire. Voici un extrait d’un entretien réalisé par le média France-Antilles :
« L’objectif est de se retrouver autour de notre projet politique et de société. Nous sommes pour l’évolution statutaire : nous devons donc présenter un projet de société dans la droite ligne de nos idéaux.
C’est cet attachement quasi culturel, cette dépendance à tout ce qui vient de l’extérieur. Nous sommes peut-être la France, mais pas en France. Nous sommes dans un univers amazonien.
Nous voudrions avoir notre place dans le Carecom. Pas comme observateur mais comme associé, parce que nous avons les mêmes problématiques. Nous avons les mêmes potentiels que nos voisins et nous devons acquérir leurs savoir-faire. Par exemple, en matière d’éducation, on pourrait s’inspirer de ce qui se fait au Brésil. (…).
Il faut enseigner la langue française autrement. Elle doit être enseignée comme une langue étrangère, en s’appuyant sur la langue maternelle des élèves. Un bushinengué peut être très bon en mathématiques. Mais parce qu’il n’arrivera pas à l’exprimer en français, on aura l’impression qu’il n’est pas bon.
Des sénateurs proposent de créer des classes de niveau plutôt que des classes d’âge à l’école. (…). Je n’ai pas lu tout le rapport, mais les parties consacrées à la Guyane. Je ne sais pas si je serais aussi péremptoire. Il faut pouvoir adapter. Dans certains milieux, il faut mettre des classes de niveau. Mais pas à chaque fois. (…).
Nous n’aurons jamais les moyens de construire autant d’écoles. Mais regardons comment fonctionnent nos voisins. Avec les mêmes bâtiments, ils arrivent à avoir un rythme qui permet à chacun de recevoir les fondamentaux. Si nous n’avons pas le matériel, il faut que dans nos structures, tout le monde, y compris les parents, puisse venir suivre des apprentissages. On ne pourra plus construire ; il faut faire autrement. (…).
Le problème, c’est l’accession au foncier. Tout le monde doit pouvoir y accéder. Les communes pour avoir une urbanisation concertée. Construire des logements sociaux, c’est bien. Mais pouvoir dire à quelqu’un, selon ses moyens : «Voici le terrain auquel vous avez droit, construisez votre logement» , c’est mieux. (…). Il faut trouver de nouvelles ressources. La nouvelle collectivité que nous voulons doit avoir des moyens. Il faut créer une nouvelle forme d’économie qui génère de la richesse. Il faut sortir des sentiers battus.(…).
Il faut une collectivité qui ait le levier sur les taxes. Que l’on donne un code aux activités en Guyane. Si on met en place un code du tourisme, on dit comment on veut le développer, ce qu’il est possible de faire et quelles ressources les collectivités peuvent demander aux opérateurs. C’est pour cela que nous voulons sortir du cadre institutionnel actuel. (…). Quand on prend les responsabilités d’un pays, il faut accepter les difficultés. Effacer les dettes et recommencer à zéro n’est pas la solution. Mais donner les moyens de payer nos dettes, c’est mieux. La politique de la main tendue, ce n’est pas la politique du Parti socialiste guyanais. Il faut être suffisamment attractif pour faire venir les investisseurs et, avec les codes que nous aurons mis en place, recueillir de la richesse et payer nos dettes si l’on en a. (…).
Nous souhaitons que la population soit interrogée sur notre évolution. (…). Est-ce que oui ou non, nous voulons une évolution statutaire sur l’article 74 comme le souhaitent les élus ? (…). Nous nous rendons compte que nous, élus, nous faisons de la gestion, pas de la gouvernance. Allons vers les responsabilités. Allons à l’article 74 et voyons quelles compétences nous voulons, puisqu’on peut les acquérir au fur et à mesure. (…). J’aimerais bien que cette question soit posée et qu’il n’y ait pas d’élections régionales en 2010. (…). (L’article 74) est celui qui nous rend plus autonomes et qui permet à la Guyane de créer elle-même ses passerelles pour son développement. (…). Je lui dirais que nos élus ont enclenché un processus d’évolution statutaire. Le président a dit à la Martinique qu’elle aura sa consultation. La Guyane a été frustrée en 2003 (année d’un premier référendum aux Antilles mais pas en Guyane, ndlr). Aujourd’hui, il faut que nous puissions choisir. Et le peuple décidera. (…). Dans un pays tel que la Guyane, le traitement de l’immigration doit être fait avec les collectivités, quand bien même c’est une compétence régalienne. Nous devons pouvoir fixer des règles transfrontalières, parce que les rives des fleuves n’empêcheront jamais les gens de s’entrecroiser. »