Alertée mardi matin par une habitante de Saint-Pierre, Radio Freedom envoie sur place son correspondant Frédo Rivière. La chaîne de solidarité commence alors à se mettre en place pour "le SDF" de la Rivière d'Abord, autrement dit "monsieur Hoarau".
Un rapide tour du quartier donne l'étrange impression que les SDF sont assez nombreux à se réfugier dans la tranquillité du bord des remparts de la Rivière D'abord. "Mi voit tous les soirs deux ou trois gars qui entrent par ce sentier" nous indique un premier commerçant. Avec plus de précision, celui-ci estime à 50 ans environ l'âge de ces SDF. Nous poursuivons nos recherches. Pierre Hoarau n'est donc pas seul le long de l'interminable rue Auguste Babet.
Un peu plus bas, en-dessous du poste transformateur EDF, l'avancée du pont de la Rivière d'Abord offre en effet un ombrage salutaire. Un vieux lit s'y trouve, des tôles croisées qui ont sans doute pu servir d'abri mais pas de présence humaine immédiate. Les indications des riverains se font plus précises.
Deux cent mètres avant le pont de la Rivière D'abord, c'est là, sous les branchages que le vieil homme a choisi comme ultime refuge une végétaion abondante qui crée une voûte au-dessus des têtes. L'indication du "passage" nous est donnée par un habitant et sa femme. "Na un an de ça, lu dormait sous le pont de la rivière, nou l'avait appel les pompiers pour prendre à lu en charge. C'était dans temps passage d'un cyclone".
Un rapide tour du quartier donne l'étrange impression que les SDF sont assez nombreux à se réfugier dans la tranquillité du bord des remparts de la Rivière D'abord. "Mi voit tous les soirs deux ou trois gars qui entrent par ce sentier" nous indique un premier commerçant. Avec plus de précision, celui-ci estime à 50 ans environ l'âge de ces SDF. Nous poursuivons nos recherches. Pierre Hoarau n'est donc pas seul le long de l'interminable rue Auguste Babet.
Un peu plus bas, en-dessous du poste transformateur EDF, l'avancée du pont de la Rivière d'Abord offre en effet un ombrage salutaire. Un vieux lit s'y trouve, des tôles croisées qui ont sans doute pu servir d'abri mais pas de présence humaine immédiate. Les indications des riverains se font plus précises.
Deux cent mètres avant le pont de la Rivière D'abord, c'est là, sous les branchages que le vieil homme a choisi comme ultime refuge une végétaion abondante qui crée une voûte au-dessus des têtes. L'indication du "passage" nous est donnée par un habitant et sa femme. "Na un an de ça, lu dormait sous le pont de la rivière, nou l'avait appel les pompiers pour prendre à lu en charge. C'était dans temps passage d'un cyclone".

Des bouteilles d'eau au contenu douteux s'entassent près de la bouche d'évacuation des eaux de pluie
Le voisinage semble ne connaître que quelques bribes du puzzle de l'histoire de Pierre Hoarau. Tous avancent le fait qu'après avoir été sauvé des eaux par les hommes du 18, il a vite fait de regagner son îlot de désolation. De la rue, rien n'est perceptible. Un talus dans lequel il faut se frayer un passage donne sur un sentier à pic, dangereux pour un gaillard de 20 ans, alors que faut-il en penser pour un homme de 70 ans ?
Sous la végétation, plusieurs compartiments ont leur utilité
"Lu na toute sa tête, lu cause très bien avec moi. Lu n'aurait 77 ans" mais il "paraît plus jeune, disons 60 ans" estime à vue Darlène Grondin, qui n'en revient toujours pas. "Mi peut pas dormir maintenant que mi connaît que quelqu'un i vive comme ça à côté de chez moi" dit-elle avec empathie, elle qui a déjà apporté au gramoun quelques nécessités les plus basiques : de l'eau, de quoi grignoter.
En contrebas du talus, sous une couverture végétale, la "tanière" s'ouvre sur un dépotoir d'environ 10m2. Il laisse transparaître du quotidien du "propriétaire". Toutes regroupées autour d'une sortie d'évacuation des eaux de pluie, des bouteilles d'eau au contenu jaunâtre ont été puisées en sortie du tuyau. Des dizaines de rasoirs jetables à même la terre donnent peut-être l'illusion aux personnes qu'il croise en centre ville qu'il a un toit et une vie normale.
Darlène Grondin montre du doigt une bâche en plastique sur laquelle il dormirait : "ça, c'est sa chambre !". Enfin, un bout de tôle sert de parapluie pour le vieil homme qui n'a qu'un maigre toit végétal pour premier rempart. "Il ne semble pas malade mais il parle très peu" poursuit la voisine qui a donné l'alerte, après avoir vu de la fumée s'échapper de la végétation il y a deux jours. "Il faisait à manger".
"Pierre Hoarau était vendeur de mandarines", raconte Darlène Grondin qui tient ces propos de l'homme lui-même. Celui-ci aurait été mis à la porte de la maison d'une hypothétique soeur, du coté de Saint-Joseph. Une information que les services sociaux tentent de baliser. Vers 13h30, deux agents du CCAS de Saint-Pierre s'avancent justement, au-delà du trottoir. Trop abrupt, les deux femmes, pas équipés de baskets, ne descendront pas voir le triste spectacle. Peu importe, Pierre Hoarau est absent, sans doute descendu en ville pour y trouver de quoi tenir un jour de plus.
"Il faut déjà voir s'il veut de l'aide"
De loin, elles perçoivent le désastre, les déchets qui s'accumulent sur le sol. "C'est vraiment sale? Comment, moi, du CCAS, je peux laisser quelqu'un dormir dans ses conditions" avoue l'une d'entre elles qui dit n'avoir jamais été alertée pour ce cas précis. Brigitte Francomme cherche des yeux le repère du vieil homme, invisible du bord de la route. "Il y a pourtant un immeuble sur deux étages en face dont un personnage bien placé au Conseil général", lance amer Darlène Grondin.
Les allées et venues du bonhomme doivent malgré tout être vus de tous, d'autant plus qu'il se déplace pendant la journée. Mais impossible d'être sûr. "Il faut déjà voir s'il veut de l'aide. Ensuite, nous essaierons de déterminer s'il est éventuellement sous tutelle. Et si oui, qui en a la charge" évoque Brigitte Francomme. "Nous pourrions débloquer un logement d'urgence après en avoir demandé l'autorisation au sous-préfet ou alors en centre de relai". Dans le dernier des cas, et devant un éventuel refus du SDF, Brigitte Francomme évoque la possibilité de lui apporter quelques commodités avant de se rétracter. "Après tout, non ! Si nous commençons à l'aider ici, il ne va pas vouloir partir de là".
Avec plus de chance, elle espère aujourd'hui pouvoir croiser le vieil homme afin de déterminer s'il est coopératif ou pas.
Sous la végétation, plusieurs compartiments ont leur utilité
"Lu na toute sa tête, lu cause très bien avec moi. Lu n'aurait 77 ans" mais il "paraît plus jeune, disons 60 ans" estime à vue Darlène Grondin, qui n'en revient toujours pas. "Mi peut pas dormir maintenant que mi connaît que quelqu'un i vive comme ça à côté de chez moi" dit-elle avec empathie, elle qui a déjà apporté au gramoun quelques nécessités les plus basiques : de l'eau, de quoi grignoter.
En contrebas du talus, sous une couverture végétale, la "tanière" s'ouvre sur un dépotoir d'environ 10m2. Il laisse transparaître du quotidien du "propriétaire". Toutes regroupées autour d'une sortie d'évacuation des eaux de pluie, des bouteilles d'eau au contenu jaunâtre ont été puisées en sortie du tuyau. Des dizaines de rasoirs jetables à même la terre donnent peut-être l'illusion aux personnes qu'il croise en centre ville qu'il a un toit et une vie normale.
Darlène Grondin montre du doigt une bâche en plastique sur laquelle il dormirait : "ça, c'est sa chambre !". Enfin, un bout de tôle sert de parapluie pour le vieil homme qui n'a qu'un maigre toit végétal pour premier rempart. "Il ne semble pas malade mais il parle très peu" poursuit la voisine qui a donné l'alerte, après avoir vu de la fumée s'échapper de la végétation il y a deux jours. "Il faisait à manger".
"Pierre Hoarau était vendeur de mandarines", raconte Darlène Grondin qui tient ces propos de l'homme lui-même. Celui-ci aurait été mis à la porte de la maison d'une hypothétique soeur, du coté de Saint-Joseph. Une information que les services sociaux tentent de baliser. Vers 13h30, deux agents du CCAS de Saint-Pierre s'avancent justement, au-delà du trottoir. Trop abrupt, les deux femmes, pas équipés de baskets, ne descendront pas voir le triste spectacle. Peu importe, Pierre Hoarau est absent, sans doute descendu en ville pour y trouver de quoi tenir un jour de plus.
"Il faut déjà voir s'il veut de l'aide"
De loin, elles perçoivent le désastre, les déchets qui s'accumulent sur le sol. "C'est vraiment sale? Comment, moi, du CCAS, je peux laisser quelqu'un dormir dans ses conditions" avoue l'une d'entre elles qui dit n'avoir jamais été alertée pour ce cas précis. Brigitte Francomme cherche des yeux le repère du vieil homme, invisible du bord de la route. "Il y a pourtant un immeuble sur deux étages en face dont un personnage bien placé au Conseil général", lance amer Darlène Grondin.
Les allées et venues du bonhomme doivent malgré tout être vus de tous, d'autant plus qu'il se déplace pendant la journée. Mais impossible d'être sûr. "Il faut déjà voir s'il veut de l'aide. Ensuite, nous essaierons de déterminer s'il est éventuellement sous tutelle. Et si oui, qui en a la charge" évoque Brigitte Francomme. "Nous pourrions débloquer un logement d'urgence après en avoir demandé l'autorisation au sous-préfet ou alors en centre de relai". Dans le dernier des cas, et devant un éventuel refus du SDF, Brigitte Francomme évoque la possibilité de lui apporter quelques commodités avant de se rétracter. "Après tout, non ! Si nous commençons à l'aider ici, il ne va pas vouloir partir de là".
Avec plus de chance, elle espère aujourd'hui pouvoir croiser le vieil homme afin de déterminer s'il est coopératif ou pas.

Darlène Grondin a donné l'alerte en appelant Radio Freedom devant les refus des pompiers, de la mairie ou du Conseil général (après quelques réticences pour être filmée, elle a accepté d'être photographiée visage découvert)

"L'univers" du sans domicile

Le SDF montre comment il procède pour s'abriter tant bien que mal (Photo prise par Darlène Grondin)

Pour la première fois, Pierre Hoarau voit son histoire relayée dans les médias. Ici avec Frédo Rivière de Freedom