Claude Moutouallaguin poursuit sa route des municipales à Saint-Paul sous une autre forme. Candidat jusque-là, il se rallie à Joseph Sinimalé (Union de la droite). L’officialisation s’est faite hier à Crève-coeur.
La présentation de son programme détonant, faisant de Cambaie un futur Las Vegas, a suscité des réactions positives si l’on en croit Claude Moutouallaguin. Les premiers messages sont venus d’entrepreneurs emballés par son projet de « Grand Cambaie ».
Sans entrer dans le détail de son méga projet pour Saint-Paul qu’il compte exposer le 9 mars lors d’un rassemblement, rappelons que Claude Moutouallaguin projette non seulement sur Cambaie, mais aussi sur Saint-Paul, un projet très ambitieux, farfelu diront certains mais qui n’est pas sans rappeler celui de marina et d’hippodrome porté par l’ancien maire, Alain Bénard.
Il part d’un constat simple : La zone Omega, c’est 164 hectares inoccupés. « Grand voyageur », Claude Moutouallaguin a gardé de son tour du monde le sentiment d’un trésor inexploité à La Réunion. Il ose un rapprochement avec une célèbre ville américaine et dévoile alors les grandes lignes de son projet, annonce pour le moins surprenante qui avait suscité de vives réactions.
« Il n’y avait pas une goutte d’eau à Las Vegas, dit-il, ils ont pourtant tout créé pour en faire une ville de spectacles permanents », revit-il son périple aux USA. D’une emprise certes plus modeste, son projet « 10.000 emplois pour Saint-Paul » est donc du domaine du réalisable selon lui. De grands hôtels, un casino, un centre d’affaires, un centre de conventions et de spectacles, des banques internationales, des boutiques de grandes marques, des nightclubs,…: voilà le type d’aménagement que l’homme souhaite voir s’y développer à Cambaie. Viser le tape à l’œil et le luxueux est le gage, selon lui, d’inscrire La Réunion dans le circuit des destinations croisières de premier plan.
Il balaye les réticences des sceptiques par un effet miroir : « Les Réunionnais vont à Maurice pour quoi ? Pour se faire servir, pour ses grands centres commerciaux, ses boutiques internationales pour le shopping. Je veux dépasser Maurice », lance-t-il modestement.
Sa frénésie ne s’arrête pas là. Le débarcadère actuel serait redessiné en « grand quai ». L’objectif : en faire un point d’accostage pour palaces flottants où 2.000 touristes seraient pris en charge pour des circuits touristiques façon sightseeing, ces bus qui sillonnent les capitales européennes et mondiales. Entre une grotte des premiers français, Villèle, la Tour des Roches, le Bernica et sa vue sur la baie, la chaussée royale et son canal d’eau douce où l’homme y verrait bien une explosion de jets d’eau ou encore la construction d’une grande roue façon London Eye pour avoir une vue imprenable sur la baie, Claude Moutouallaguin voit grand, très grand.
Des appels à projets internationaux
La Réunion a trois atouts dont elle ne joue pas, explique-t-il. Son premier label est évidement celui de l’Unesco, le second est le maloya puis celui du volcan. Entre survols en hélicoptères, accueil chaleureux dans les rues de Cambaie « Las Vegas » ou, encore plus surprenant, la réalisation d’une plage artificielle, Claude Moutouallaguin a pensé à tout pour en mettre plein la vue à des touristes prêts à claquer leur argent.
En se retirant de la course aux municipales mais en signant un accord de principe avec Joseph Sinimalé, il se réjouit de la garantie de mener à bien une délégation sur son projet économico-touristique.
Côté financement de ce décor si rutilant, Claude Moutouallaguin vise le zéro impact sur les finances publiques en procédant à des appels à projets internationaux. Le seul moyen d’aller vite, dit-il, et de s’affranchir des freins administratifs français. « Le privé est en attente, le privé est prêt à investir. Il y a des milliardaires dans la zone, en Australie, à Maurice, en Afrique du Sud, en Inde… ». Dans les premiers mois après les élections, Claude Moutouallaguin se voit dans le rôle du concepteur avec l’appui technique de bureaux d’études pour mettre sur papier un tel défi.
Avant de conclure sa démonstration, il ne peut passer outre les conclusions de la Cour des comptes à l’égard du tourisme dans les DOM tombé mi-février. Il en lit quelques extraits : « Le tourisme des DOM doit être plus adapté aux attentes de la clientèle internationale (…) Il faut inscrire le tourisme au cœur des stratégies de développement des DOM (…) Une offre touristique en déclin en outre-mer et en progrès chez les concurrents : l’exemple de la croisière – Avec 250.000 croisiéristes en 2012 à la Guadeloupe et 92.103 à la Martinique, les deux îles accusent un retard dans la zone puisque, dans chacune des îles voisines, la fréquentation en escales est de l’ordre du demi million de croisiéristes par an », cite-t-il.
Il en ressort conforté sur son optique. « Ce que disent les magistrats de la Cour des comptes, c’est finalement ce que j’annonçais en janvier dernier lors de la présentation de ma candidature », se plaît-il à répéter.
Le privé peut-il réussir là où le secteur public a échoué à faire décoller le tourisme, c’est au fond le pari que prend Claude Moutouallaguin.