De l’aveu de Thierry Robert, sa municipalité est la première de l’île à s’engager autant pour apporter le précieux liquide dans les zones agricoles situées au-delà des 800 mètres d’altitude. Le constat est implacable : Au-delà de cette altitude, la desserte en eau est soumise à de fortes contraintes techniques et financières liées à la topographie des lieux.
Les incendies successifs du Maïdo combinés à la sécheresse de cet hiver ont accentué les difficultés et mis en péril les exploitations agricoles de la Chaloupe et du Plate. Cette partie du territoire communal, faiblement peuplée, n’est actuellement desservie en eau que par camions citernes. Malgré leurs rotations quotidiennes, ils ne permettent pas d’apporter la quantité d’eau nécessaire aux activités pouvant s’y développer comme l’élevage, le maraîchage ou même les gîtes ruraux.
Le dispositif d’aide est fractionné en trois
Concrètement, qu’est-ce qui est proposé aux exploitants et agriculteurs de ces zones ? Le dispositif d’aide est fractionné en trois.
La première est la plus intéressante financièrement pour les agriculteurs, si tant est qu’ils arrivent à se mettre d’accord pour se regrouper en association syndicale ou foncière. Il est ainsi proposé à ces derniers de construire ou de réhabiliter des retenues collinaires à vocation collective.
C’est simple, le Fonds européen agricole pour le développement rural apporte jusqu’à 60% du financement, Etat et Département se partageant les 40% restant. Reste à la charge des agriculteurs demandeurs le paiement de la TVA et les frais liés aux prêts bancaires. Sur ce dernier point, la mairie fait un effort supplémentaire en proposant de financer 80% de ces frais.
« Les agriculteurs ont tout intérêt à choisir ce dispositif de retenues collectives », conçoit Jocelyn Boyer, de l’association des territoires des hauts. A ce jour, une seule retenue collective existe dans les hauts de Saint-Leu mais celle-ci « est tombée en désuétude par manque d’entretien. Sans doute qu’elle sera réactivée », espère-t-il.
Le deuxième volet concerne la réhabilitation des retenues individuelles. La ville de Saint-Leu sort de sa poche 5% des dépenses liées à leur réparation. Un apport qui s’ajoute aux 75% avancés par le Conseil général. Dans ce cas de figure, il reste à charge de l’exploitant 20% des frais de restauration des retenues. Déjà moins intéressant financièrement. Entre le Plate et la Chaloupe, les services de la mairie estiment à 35 le nombre de retenues individuelles à rénover. Ces deux dispositifs de retenues sont destinés à l’alimentation en eau brute non traitée à déstination des élevages et à l’irrigation.
Gare aux résidences secondaires
La troisième partie de ce dispositif d’aide est en forme de cadeau de Noël pour les exploitants. Elle concerne l’eau potable cette fois. La mairie propose de disposer gratuitement des mini-stations de potabilisation de l’eau aux habitations associées aux exploitations agricoles. En clair, elles visent ces dizaines d’exploitants qui ont fait le choix de vivre sur leurs parcelles agricoles. « Les mini-stations vont permettre le développement d’activités dans les hauts telles que les tables d’hôte, des gîtes ou encore de camping. Aujourd’hui, on est passé des paroles aux actes », se félicite Thierry Robert.
Christophe Chien Chow Chine, responsable du service environnement de la mairie estime à « une cinquantaine » le nombre d’habitations susceptibles de solliciter la mairie pour l’installation chez eux de ces mini-stations. Mais attention, l’installation des mini-stations est soumise à condition. Evidemment, la parcelle ne doit pas être desservie par le réseau d’eau potable. Il doit s’agir d’une activité permanente, l’exploitant devant être présent quotidiennement sur son exploitation. Exit donc les résidences secondaires qui ont choisi un panorama avec vue sur océan.
Le budget total consacré à tous ces dispositifs s’élève à 150.000 euros par an, soit un montant total de 450.000 euros sur trois ans, chiffre le maire. Les élus devront adopter ces propositions la semaine prochaine en conseil municipal. Le maire veut aller vite : « les dispositifs seront opérationnels en 2013, et déployés en fonction des demandes que nous recevrons ».