
A Saint-Joseph, un club de football est interdit d'occupation de terrain par la municipalité, qui se base sur une décision de suspension provisoire de la Ligue réunionnaise de football envers ses dirigeants. Petite curiosité : les dirigeants du club saint-joséphois présentent la particularité d'avoir soutenu la liste opposée à Yves Ethève il y a quelques mois pour l'élection à la tête de la LRF.
En novembre 2012, Yves Ethève est réélu à la tête de la Ligue réunionnaise de football. Une victoire contestée par la liste adverse menée par Dominique Goumane.
Il se trouve que deux dirigeants de l'ADSL (l'association du sporting Langevin), club de 3e division départementale à Saint-Joseph, faisaient partie de la liste de Dominique Goumane en 2012. Ils font état aujourd'hui d'une accumulation de faits défavorables qui visent tant leur autorité de dirigeant/éducateur que les licenciés du club.
Olivier Hale, président de l'ADSL, a été suspendu à titre conservatoire - comme d'autres dirigeants - en décembre 2013. Une décision jugée infondée par la Commission supérieure d’appel de la Fédération Française de Football pour qui la LRF n'avait pas la compétence pour statuer.
Autre écueil : Olivier Hale mentionne le retard dans l'attribution par la Ligue de sa licence en 2013. Cette procédure pourtant habituelle qui demande à être renouvelée chaque année au mois de mars a été rendue beaucoup plus compliquée l'année dernière pour une raison qu'il ignore. "J'ai fait ma demande courant mars 2013 pour finalement obtenir ma licence en janvier 2014". Il craint le même scénario cette année alors qu'une autre dirigeante de son club, Honorine Dupuy, également soutien de la liste Goumane, a subi le même retard l'année dernière. Simple coïncidence ?
Devant ces obstacles curieux à ses yeux, il insiste : "nous voulons avoir des explications" auprès de la Ligue. "Le club présente une situation financière saine depuis six ans et est plébiscité par 232 licenciés", selon ses dires. Le club a même produit quatre joueurs diplômés du brevet d'Etat 1er degré en 2011. Une réussite pour ce quartier, dit-il.
La Ligue réunionnaise de football nous répond, concernant l'exclusion des dirigeants et le renouvellement jugé volontairement tardif des licences. Pour Frantz Blard, directeur général de la LRF, l'affirmation des dirigeants est "erronée car la Commission Supérieure d'Appel de la FFF n'a jamais décidé que la Ligue n'avait aucune compétence pour prendre des décisions contre les personnes ayant porté atteinte à l'image de l'institution, infraction caractérisée dans le code disciplinaire fédéral et passible de sanctions selon la gravité des faits. Le Comité Directeur de la Ligue du mois de décembre 2013 a transmis le dossier à la Commission régionale de Discipline qui, elle, a le pouvoir en matière de sanction disciplinaire pour prendre les décisions définitives à l'encontre des membres de l'ADS Langevin et des autres licenciés impliqués dans ce dossier, ce qui a été fait depuis le 9 janvier 2014 et qui se poursuit actuellement conformément aux règlements de la FFF", aborde-t-il.
Quant au délai jugé "inhabituel" pour la transmission des licences d'Olivier Hale et d'Honorine Dupuy, Frantz Blard affirme que "les licences avaient été éditées et mises à leur disposition au service comptabilité moyennant leur paiement au moment du retrait comme cela se fait pour tous les clubs mais l'ADSL ne s'est pas déplacée pour venir les récupérer malgré les appels des services de la Ligue. Ces licences ont donc été expédiées suite aux courriers reçus à la Ligue au mois de janvier 2014", poursuit le DG de la LRF.
A cette forme de "punition" qu'il entrevoit de la part de la Ligue à son encontre, Olivier Hale a dû composer plus récemment avec deux mauvaises nouvelles successives. Cette fois, ce sont les licenciés qui en payent le prix.
La mairee de Saint-Joseph a refusé en fin d'année 2013 de s'engager à mettre à disposition de l'ADSL le terrain de foot de Langevin pour les matches de l'équipe senior. Aujourd’hui, elle étend cette interdiction "à toutes nos équipes de jeunes le week-end, privant ainsi nos enfants de leur sport favori", affirme-t-il. Depuis cette décision de privation de stade dans sa propre commune, l’équipe première de l'association du sporting Langevin reçoit à... Saint-Philippe. Un comble. La justification invoquée par la mairie tient justement de la non régularité du club vis-à-vis de la Ligue. Mais l'équipe dirigeante de l'ADSL cherche toujours la raison qu'elle qualifie de moins avouable.
L'ADSL devient-elle indésirable ?
Ce jeudi 24 avril s'est tenu un moment très attendu par le club. Il s'agissait du vote des subventions dévolues aux associations de Saint-Joseph. L'affaire n° 25 concernait le club de football. "J'ai assisté au conseil mais j'ai préféré sortir à l'énoncé de la subvention revenant à notre association", explique Olivier Hale. Quelques minutes plus tôt, il avait eu droit à l'explication musclée du maire Patrick Lebreton et de son adjoint aux sports.
L'ADSL s'est vue attribuer 2.000 euros de subventions alors que les quatre autres clubs de Saint-Joseph en lice en D3 émargent à 8.000 euros. L'adjoint aux sports, Henri-Claude Huet, explique le raisonnement de la municipalité. "Si l'ADSL perçoit ce niveau de subventions, c'est parce qu'il y a des difficultés administratives rencontrées par ce club. Nous avons un certain nombre d'éléments qui nous laissent à penser que le club peut se retrouver bientôt sans activité. On propose ce niveau de subventions en attendant de voir quel sera l'avenir de cette association", a affirmé Henri-Claude Huet. Pour le dirigeant, l'argument ne tient pas. "Si vraiment la suspension de la Ligue est la raison, pourquoi nous attribuer dans ce cas 2.000 euros et pas zéro euro ?", défend-t-il sa position.
Patrick Lebreton déborde du cadre de cette explication après avoir été interpellé par le président du club en pleine séance du conseil. "Ce monsieur est suspendu par la Ligue", explique à qui veut l'entendre Patrick Lebreton qui reproche à l'opposition municipale d'avoir voulu politiser les déboires de l'ADSL. Son adjoint précise la réplique en rappelant à l'assemblée que "nous n'avons aucun problème avec les licenciés mais avec le président du club".
Simple inimitié entre dirigeants et la mairie, règlement de comptes politiques ou punition pour avoir soutenu un concurrent au président de la Ligue : le dossier de l'ADSL rivalise de lectures possibles.
La présence de hauts dirigeants de la LRF dans le milieu politico-sportif de Saint-Joseph y est-elle pour quelque chose ? Olivier Hale n'en serait pas étonné après avoir égrené le nom de dirigeants impliqués tant à la Ligue qu'à Saint-Joseph. Ginot Hoarau, directeur du service des sports de Saint-Joseph se trouve être le secrétaire général de la Ligue. Jacky Amanville, le directeur de l'Office Municipal des Sports est le 1er vice-président de la Ligue et Gérard Clément, président du même OMS, est le président de la commission de surveillance des élections à la Ligue.
Sollicitée pour plus d'explications sur l'éviction du club des terrains de foot de la commune, la mairie nous renvoie aux explications formulées de vive voix lors du conseil (à voir en vidéo affaire N°25). Joint par téléphone, Ginot Hoarau, le directeur du service des sports, a décliné notre interview, "réserve administrative" oblige, évoque-t-il. Enfin, la même demande adressée aux deux autres responsables de l'OMS de Saint-Joseph il y a une semaine est restée lettre morte. Affaire à suivre.
--------
En vidéo : les vifs échanges intervenus lors du conseil municipal
En novembre 2012, Yves Ethève est réélu à la tête de la Ligue réunionnaise de football. Une victoire contestée par la liste adverse menée par Dominique Goumane.
Il se trouve que deux dirigeants de l'ADSL (l'association du sporting Langevin), club de 3e division départementale à Saint-Joseph, faisaient partie de la liste de Dominique Goumane en 2012. Ils font état aujourd'hui d'une accumulation de faits défavorables qui visent tant leur autorité de dirigeant/éducateur que les licenciés du club.
Olivier Hale, président de l'ADSL, a été suspendu à titre conservatoire - comme d'autres dirigeants - en décembre 2013. Une décision jugée infondée par la Commission supérieure d’appel de la Fédération Française de Football pour qui la LRF n'avait pas la compétence pour statuer.
Autre écueil : Olivier Hale mentionne le retard dans l'attribution par la Ligue de sa licence en 2013. Cette procédure pourtant habituelle qui demande à être renouvelée chaque année au mois de mars a été rendue beaucoup plus compliquée l'année dernière pour une raison qu'il ignore. "J'ai fait ma demande courant mars 2013 pour finalement obtenir ma licence en janvier 2014". Il craint le même scénario cette année alors qu'une autre dirigeante de son club, Honorine Dupuy, également soutien de la liste Goumane, a subi le même retard l'année dernière. Simple coïncidence ?
Devant ces obstacles curieux à ses yeux, il insiste : "nous voulons avoir des explications" auprès de la Ligue. "Le club présente une situation financière saine depuis six ans et est plébiscité par 232 licenciés", selon ses dires. Le club a même produit quatre joueurs diplômés du brevet d'Etat 1er degré en 2011. Une réussite pour ce quartier, dit-il.
La Ligue réunionnaise de football nous répond, concernant l'exclusion des dirigeants et le renouvellement jugé volontairement tardif des licences. Pour Frantz Blard, directeur général de la LRF, l'affirmation des dirigeants est "erronée car la Commission Supérieure d'Appel de la FFF n'a jamais décidé que la Ligue n'avait aucune compétence pour prendre des décisions contre les personnes ayant porté atteinte à l'image de l'institution, infraction caractérisée dans le code disciplinaire fédéral et passible de sanctions selon la gravité des faits. Le Comité Directeur de la Ligue du mois de décembre 2013 a transmis le dossier à la Commission régionale de Discipline qui, elle, a le pouvoir en matière de sanction disciplinaire pour prendre les décisions définitives à l'encontre des membres de l'ADS Langevin et des autres licenciés impliqués dans ce dossier, ce qui a été fait depuis le 9 janvier 2014 et qui se poursuit actuellement conformément aux règlements de la FFF", aborde-t-il.
Quant au délai jugé "inhabituel" pour la transmission des licences d'Olivier Hale et d'Honorine Dupuy, Frantz Blard affirme que "les licences avaient été éditées et mises à leur disposition au service comptabilité moyennant leur paiement au moment du retrait comme cela se fait pour tous les clubs mais l'ADSL ne s'est pas déplacée pour venir les récupérer malgré les appels des services de la Ligue. Ces licences ont donc été expédiées suite aux courriers reçus à la Ligue au mois de janvier 2014", poursuit le DG de la LRF.
A cette forme de "punition" qu'il entrevoit de la part de la Ligue à son encontre, Olivier Hale a dû composer plus récemment avec deux mauvaises nouvelles successives. Cette fois, ce sont les licenciés qui en payent le prix.
La mairee de Saint-Joseph a refusé en fin d'année 2013 de s'engager à mettre à disposition de l'ADSL le terrain de foot de Langevin pour les matches de l'équipe senior. Aujourd’hui, elle étend cette interdiction "à toutes nos équipes de jeunes le week-end, privant ainsi nos enfants de leur sport favori", affirme-t-il. Depuis cette décision de privation de stade dans sa propre commune, l’équipe première de l'association du sporting Langevin reçoit à... Saint-Philippe. Un comble. La justification invoquée par la mairie tient justement de la non régularité du club vis-à-vis de la Ligue. Mais l'équipe dirigeante de l'ADSL cherche toujours la raison qu'elle qualifie de moins avouable.
L'ADSL devient-elle indésirable ?
Ce jeudi 24 avril s'est tenu un moment très attendu par le club. Il s'agissait du vote des subventions dévolues aux associations de Saint-Joseph. L'affaire n° 25 concernait le club de football. "J'ai assisté au conseil mais j'ai préféré sortir à l'énoncé de la subvention revenant à notre association", explique Olivier Hale. Quelques minutes plus tôt, il avait eu droit à l'explication musclée du maire Patrick Lebreton et de son adjoint aux sports.
L'ADSL s'est vue attribuer 2.000 euros de subventions alors que les quatre autres clubs de Saint-Joseph en lice en D3 émargent à 8.000 euros. L'adjoint aux sports, Henri-Claude Huet, explique le raisonnement de la municipalité. "Si l'ADSL perçoit ce niveau de subventions, c'est parce qu'il y a des difficultés administratives rencontrées par ce club. Nous avons un certain nombre d'éléments qui nous laissent à penser que le club peut se retrouver bientôt sans activité. On propose ce niveau de subventions en attendant de voir quel sera l'avenir de cette association", a affirmé Henri-Claude Huet. Pour le dirigeant, l'argument ne tient pas. "Si vraiment la suspension de la Ligue est la raison, pourquoi nous attribuer dans ce cas 2.000 euros et pas zéro euro ?", défend-t-il sa position.
Patrick Lebreton déborde du cadre de cette explication après avoir été interpellé par le président du club en pleine séance du conseil. "Ce monsieur est suspendu par la Ligue", explique à qui veut l'entendre Patrick Lebreton qui reproche à l'opposition municipale d'avoir voulu politiser les déboires de l'ADSL. Son adjoint précise la réplique en rappelant à l'assemblée que "nous n'avons aucun problème avec les licenciés mais avec le président du club".
Simple inimitié entre dirigeants et la mairie, règlement de comptes politiques ou punition pour avoir soutenu un concurrent au président de la Ligue : le dossier de l'ADSL rivalise de lectures possibles.
La présence de hauts dirigeants de la LRF dans le milieu politico-sportif de Saint-Joseph y est-elle pour quelque chose ? Olivier Hale n'en serait pas étonné après avoir égrené le nom de dirigeants impliqués tant à la Ligue qu'à Saint-Joseph. Ginot Hoarau, directeur du service des sports de Saint-Joseph se trouve être le secrétaire général de la Ligue. Jacky Amanville, le directeur de l'Office Municipal des Sports est le 1er vice-président de la Ligue et Gérard Clément, président du même OMS, est le président de la commission de surveillance des élections à la Ligue.
Sollicitée pour plus d'explications sur l'éviction du club des terrains de foot de la commune, la mairie nous renvoie aux explications formulées de vive voix lors du conseil (à voir en vidéo affaire N°25). Joint par téléphone, Ginot Hoarau, le directeur du service des sports, a décliné notre interview, "réserve administrative" oblige, évoque-t-il. Enfin, la même demande adressée aux deux autres responsables de l'OMS de Saint-Joseph il y a une semaine est restée lettre morte. Affaire à suivre.
--------
En vidéo : les vifs échanges intervenus lors du conseil municipal