Le 10 mars dernier dans la cour d’une résidence de Saint-Benoît, un groupe de quatre individus répond à un rendez-vous fixé par un autre groupe constitué lui aussi de quatre dalons. Les deux bandes ont pour point commun de défendre chacun les intérêts d’un leader qui se dispute l’amour d’une même jeune femme. Les invectives de part et d’autre débutent sur le réseau social Snapchat et se poursuivent malheureusement « in real life ».
C’est donc en bas de l’immeuble de l’ex-petit ami de la jeune femme que le règlement de comptes a lieu. Après s’être donné rendez-vous sur le parking du Leader Price tout proche, le premier groupe voit que le portail de la résidence est ouvert. Ils entrent et tombent dans un guet-apens. En face d’eux ils voient surgir quatre autres individus. Parmi eux, trois majeurs n’ont à peine 24 ans en moyenne et l’un d’eux est armé d’une arme blanche. Le quatrième est mineur.
Deux cousins du groupe des « visiteurs » reçoivent des coups de couteau. Dans le même temps, l’un d’eux est frappé par le petit frère, encore mineur, du rival. Les deux cousins en réchappent blessés, avec des ITT de 15 et 10 jours.
Fait assez inédit lors d’une audience de comparution immédiate, le ministère public a requis 7 ans de prison à l’encontre de celui qui a porté les coups. Une réquisition lourde devant une telle juridiction, mais ajustée au regard de l’acharnement dont il a fait preuve : il a continué à porter des coups alors que la victime était à terre, ce qui mènera la procureure à qualifier l’affaire d’extrême violence.
Il faut dire que les magistrats ont eu de la matière pour former leur jugement. Fait rarissime, le président de séance a donné son accord pour que soit montrée la vidéo de la rixe, avec l’accord des avocats. « C’est rare de ne pas parler d’une scène mais de pouvoir la voir », déclare ainsi la procureure, bénéficiant comme toute l’audience de la vidéo surveillance du bâtiment en plus de la video prise par un voisin. Cet élément a pour effet d’écarter toute possibilité de variation d’interprétation entre les huit protagonistes.
L’auteur des coups de couteau est condamné à 4 ans dont 12 mois de sursis probatoire ainsi qu’un mandat de dépôt. La procureur avait requis 7 ans de prison avec mandat de dépôt. Idriss S. n’avait pas de casier.
L’ex-petit ami (dans la bande des « visiteurs), qui est à l’origine de ce traquenard, prend 2 ans dont 1 an de sursis probatoire ainsi qu’un mandat de dépôt. Avaient été requis à son encontre 3 ans dont 18 mois de sursis probatoire et mandat de dépôt. Jordan J. avait déjà 3 mentions au casier judiciaire.
Sans casier, le deuxième dalon qui a, sur la fin de la bagarre, essayé de calmer les choses voyant que ça avait gravement dérapé, a été condamné à 12 mois avec sursis simple. 18 mois dont 12 mois de sursis, sans mandat de dépôt, avaient été requis un peu plus tôt à son encontre.
Le mineur et frère de l’auteur des coups de couteau est quant à lui passé au tribunal pour enfants.