Tout commence en septembre 2018 lorsque le président du conseil d’administration du Lycée Hôtelier de Plateau Caillou dépose plainte à l’encontre de Jean-Charles D., gestionnaire de l’établissement, pour détournement de fonds publics. Viennent ensuite deux autres plaintes en décembre de la même année pour des faits identiques, concernant les collèges des Aigrettes et de Plateau Caillou dont Jean-Charles D. est le comptable. Au préalable, le prévenu sera suspendu de ses fonctions par sa hiérarchie en octobre 2018 pour fautes et manquement professionnel.
Tout part de cette suspension. En effet, la personne désignée pour remplacer Jean-Charles D. va mettre en évidence une dette URSSAF de plusieurs millions d’euros, et tenter d’en comprendre les raisons. Elle constate alors que les bordereaux transmis à la Direction régionale des finances publiques et les relevés revenus du Trésor ne sont pas les mêmes. Suite à la réception des bordereaux de paiement, elle remarque que des bénéficiaires ont été ajoutés. L’étau se resserre sur Jean-Charles D. qui, suite aux plaintes, sera entendu puis placé en garde à vue.
Les sommes détournées avoisinent les 1,6 million d’euros !
L’histoire ne se résume pourtant pas à un simple détournement de fonds publics. Il y a dans cette affaire pas moins de sept protagonistes qui ont perçu des sommes plus ou moins importantes. Selon nos informations, les sommes détournées approchent 1,6 million d’euros. Pour bien comprendre le geste de Jean-Charles D., il faut d’abord se pencher sur la raison de cette descente aux enfers. En 2017, il est au bord du gouffre suite à une déception amoureuse. Il rencontre alors une femme, Annick A., et pour lui c’est le coup de foudre. Le seul hic, c’est qu’elle voit toujours son ex-compagnon et rencontre un autre homme.
Qu’importe, il ne veut pas perdre Annick A. et se sait prêt à tout pour la garder. Pour ce faire et ne pas la voir partir, il commence à « taper dans la caisse ». Selon nos informations, c’est allé tellement loin qu’il a accepté de payer pour être en sa compagnie, et pire, pour avoir des relations sexuelles avec elle. C’est le premier acte.
Arriva ce qui devait arriver ! Après cette relation entre 2016 et 2018, la gente dame finit par quitter le chevalier et ils n’eurent pas d’enfant ! Jean-Charles D. est dévasté. Un collègue de travail tente de lui venir en aide et propose de lui présenter un homme capable de faire revenir la femme de sa vie. C’est pour lui une lueur l’espoir, il accepte l’offre.
Le comptable s’en remet à « Gramoune Moussa »
Début du deuxième acte. Il rencontre pour la première fois Arnold C., également prévenu dans cette affaire, et faiseur de miracle. L’homme a cette faculté de se dédoubler et devenir « Gramoune Moussa ». Comprenez qu’il change de voix et apparaît soudainement les yeux révulsés.
Ce n’est pas tout, Arnold C., a également le don de démultiplier l’argent ! Il accepte de venir en aide à Jean-Charles D. mais explique tout de suite que ça va coûter cher, très cher. Le pseudo magicien façon gourou n’hésite pas, sous l’apparence de « Gramoune Moussa » à ordonner prières, sacrifices d’animaux mais surtout, fixer le montant des dons à faire ! Pris dans cet engrenage, Jean-Charles D. va détourner toujours plus d’argent pour que sa belle reste auprès de lui. Au final, ce sont presque 1,6 million d’euros qui seront piqués dans les caisses de ces trois établissements scolaires.
Jean-Charles D. ne nie pas les détournements
L’audience du 13 octobre sera intéressante à plus d’un titre. Si Jean-Charles D. ne nie pas les détournements, il s’avère qu’ils étaient de l’ordre de quelques milliers d’euros avant sa rencontre avec le « David Copperfield » local. Il sera intéressant de connaître le positionnement d’Arnold C. qui serait, selon nos informations, serait le principal bénéficiaire, via des sociétés diverses, de la majeure partie des 1,6 million d’euros.
L’audience devra notamment apporter des précisions concernant les rôles de chacun des protagonistes dans cette sombre histoire de détournement sur fond de détresse sentimentale et d’abus de faiblesse. Elle permettra également à la défense de Jean-Charles D., représentée par Me Sébastien Navarro, de mettre en exergue que, si le prévenu a sans conteste tapé dans la caisse, ce n’était jamais pour son propre compte.
Toujours selon nos informations, la femme et le « gourou » connaissaient en tout état de cause la provenance douteuse des sommes qu’ils percevaient.