

"Dans l'affaire de la ZIC N°1 du Port, il y a deux volets. Le premier concerne les locataires qui ont sous-loué et pour lesquels le Tribunal de Grande Instance a été saisi par la CCIR. Nous, nous n'avons rien à voir avec ce volet", témoigne un chef d'entreprise, relayé par un autre patron de la zone qui confirme à ses côtés. Il faut dire que le sujet a largement circulé dans le secteur depuis une semaine, obligeant les principaux incriminés à se dévoiler... un peu.
En pleine déferlante, et alors que tout semble montrer du doigt ces chefs d'entreprises, ces derniers tentent aujourd'hui de mettre en lumière une situation de blocage qui pèse sur leur activité.
"Le Plan local d'urbanisme (PLU) dans les tuyaux de la mairie du Port est catégorique : la ZIC est située en zone Uem1", affirme un chef d'entreprise prêt à se former en collectif des entrepreneurs de la zone, parmi lesquels on trouve des grands noms de la vie économique et politique de l'île (Moolan, Ravate, Thien-Ah-Koon…).
Secteur très convoité
Le PLU de la mairie du Port approuvé le 29 juillet 2004 et mis à jour par petites touches en 2006, 2008 et 2010 ne laisse pas de place au doute. Avant d'en préciser les activités attendues : "le secteur Uem est à occupation mixte industrielle, tertiaire, artisanale, d'équipements et de services liés", il détaille également une restriction de taille. "Il comporte un sous-secteur Uem1 dans lequel l'installation d'activités industrielles et l'extension d'activités industrielles existantes sont interdites", explique le chef d'entreprise.
Une dernière phrase qui éveille l'inquiétude des chefs d'entreprises rencontrés. "La CCIR, et c'est normal, souhaite relever le prix du loyer de la ZIC mais pour quels services rendus aux entrepreneurs de la zone en contrepartie ? La voirie, les installations n'ont pas évolué depuis 50 ans". Et que dire de la mainmise foncière toute légitime de la municipalité portoise qui souhaite bloquer toute nouvelle extension d'activités avant de pouvoir décider du sort réservé à cette zone très convoitée.
Les chefs d'entreprises mettent également en doute la sincérité de la CCIR (de 2004) quant à sa défense du dossier et du sort de la ZIC qu'elle a pourtant acquise dans les années 60. Les textes stipulent bien que l'Etat, les collectivités territoriales ainsi que les organismes consulaires doivent être associés à l'élaboration d'un PLU. Or, les chefs d'entreprises questionnent : "la CCIR a-t-elle défendu les intérêts de ses ressortissants en 2004 ? On a des doutes", disent-ils désabusés.
0,95 centimes le mètre carré ! Pas moins
Dans la tourmente, la CCIR a pourtant voté à l'unanimité hier la qualification en "baux commerciaux" des contrats trop évasifs qui existent en l'état sur la ZIC du Port. La précision juridique apportée par la Chambre indique que "cette qualification présente en outre l’avantage de permettre une demande de révision des loyers dans le cadre des dispositions du Code de Commerce". Pour justifier cette intervention musclée, Ibrahim Patel a évoqué les tarifs appliqués par le passé. De 0,09 cts d'euros au début des années 2000 (sous l'ère Macé puis Magamootoo), puis montant progressivement à 0,11 cts, 0,14 cts pour finir à 0,19 cts aujourd'hui, le loyer dérisoire au mètre carré ne se justifiait résolument plus.
A de nombreuses reprises, Ibrahim Patel brandira le rapport sévère de la Chambre régionale des comptes comme le garant ultime de son coup de balai dans l'application des tarifs. Un mètre carré dont le loyer sera relevé à 0,95 cts a ordonné Ibrahim Patel. Assurément, des dérives du passé jettent aujourd'hui "le discrédit sur l'ensemble des acteurs de la ZIC", témoignait Daniel Moreau lors de l'AG de la CCIR. Mais ces derniers semblent désormais attendre de pouvoir étendre leurs installations existantes. Côté municipalité, le PLU doit vivre à partir de ce mois d'août une phase d'enquête publique. Le chapitre est donc loin d'être clos.
Pour comprendre l'emplacement stratégique de la zone industrielle et commerciale N°1 du Port, voici listé quelques entreprises et autres locataires célèbres qui y sont implantés :
Bourbon Bois
Ravate
CMM
Holcim
Moolan
Thien-Ah-Koon
Castel
Le Capricorne
Groupe Marbour
Un extrait du PLU révisé de la mairie du Port :
