Le sondage IPSOS publié aujourd’hui par le JIR nous apporte son lot d’informations attendues, mais aussi quelques surprises…
Parmi les choses prévisibles, la première place de l’Alliance, créditée de 24%. Un score malgré tout un peu en deçà de ce que Paul Vergès aurait pu espérer puisque, rappelons-le, l’Alliance avait réalisé 28% aux dernières Européennes il y a un peu moins d’un an, et 34% au 1er tour des Régionales de 2004. Dix points de perdus en 6 ans, ça fait quand même beaucoup !
La deuxième place de Didier Robert fait aussi partie des choses prévisibles, même si là aussi, il a de quoi sans doute être déçu par son score de 16%. Par contre il doit être rassuré d’arriver en deuxième position derrière le leader de l’Alliance, tant les rumeurs les plus folles avaient circulé ces derniers. Christian Annicet, qui figure sur la liste de TAK, n’avaut-il pas par exemple été jusqu’à affirmer à un journaliste de Zinfos il y a quelques jours que TAK allait arriver devant Didier Robert?
Avant d’aller plus loin, relativisons les chiffres du sondage dans la mesure où il ne s’agit que… d’un sondage, portant sur un échantillon très faible de 466 personnes et que cet exercice de style s’est souvent montré très approximatif par le passé. Ensuite, vous aurez certainement noté que l’addition de tous les scores des candidats ne faisait que… 86%, une partie des personnes interrogées ayant refusé de répondre ou ne sachant pas encore pour qui elles allaient voter. Les scores accordés aux différents candidats peuvent donc se voir gonfler d’un ou deux points supplémentaires.
Venons-en maintenant aux surprises. La plus grosse à mes yeux se situe au niveau du résultat annoncé du PS qui n’est crédité que de 8% des suffrages, derrière Eric Magamootoo. La honte! Surtout que le PS détient aujourd’hui un certain nombre de « grosses » villes (Saint-Denis, Saint-Benoit, Saint-Joseph…) et qu’on pouvait donc s’attendre à un score bien meilleur. Manifestement, « la mayonnaise Michel Vergoz » ne prend pas. Et les dissensions internes ne semblent pas avoir disparu. La difficulté à se positionner entre la Droite et l’Alliance contribue sans doute également à troubler les sympathisants : On « allume » la liste de Didier Robert et on fait les yeux doux à Paul Vergès, alors qu’on sait très bien que, comme en 2004, Paul Vergès n’a aucune intention de fusionner avec les socialistes au second tour. Les militants, en majorité contre le tram-train et contre la MCUR, ne comprennent pas non plus qu’après avoir violemment critiqué ces projets, leur tête de liste fasse aujourd’hui profil bas sur ces différents points. La clarté a toujours payé en politique…
Eric Magamootoo fait un score honorable, qui lui permettra en l’état, de pouvoir fusionner avec une autre liste au second tour. Un score sans doute dû à une campagne très médiatique, et qui a probablement gagné un ou deux points après le coup d’éclat devant Antenne Réunion la semaine dernière. A voir cependant s’il tiendra la distance dans la dernière ligne droite…
Pour le reste, c’est la grosse déception…
Jean-Paul Virapoullé à 8%… Le sénateur est en passe de rater sa sortie…
Nadia Ramassamy à 6%, juste au dessus de la barre fatidique des 5%, est en phase avec son score de 2004. Mais on sait qu’elle espérait beaucoup mieux…
Vincent Défaud et Europe Ecologie à 5%, loin, très loin du score de 13% de Rahiba Dubois aux dernières Européennes… Le retour sur terre est brutal !
TAK à 3%. L’ancien député-maire du Tampon prend conscience qu’on ne peut être et avoir été. Mais le principal pour lui sera son score au Tampon, et plus particulièrement à la Plaine des Cafres, dans l’optique des prochaines cantonales. Une chose ressort tout de même de ce résultat, s’il devait se confirmer : TAK ne pourra pas fusionner avec la liste de Paul Vergès pour le second tour… C’est Nassimah Dindar qui doit se féliciter de ne pas être allée dans cette aventure…
Et enfin, tous les autres candidats (Aniel Boyer, Johnny Arnachallum, Jean Yves Payet et Daniel Pouny) sont à 1%. Là aussi, c’est l’heure des désillusions…
Ces résultats concernent le 1er tour. Voyons maintenant ce que pourrait donner le second.
Si l’Alliance et le PS font l’union, ce qui est très improbable, les carottes sont d’ores et déjà cuites. 24 + 8 = 32%, auxquels il faut rajouter les 5% des Verts et les 3% de TAK, soit un total d’environ 40%, auxquels il faut rajouter les quelques points de ceux qui ne veulent pas se prononcer et ceux provenant de la dynamique de la 1ère place au 1er tour…
Par contre, si le PS se maintient au second tour, les choses sont beaucoup plus équilibrées et rien ne serait joué, contrairement à ce que pourraient laisser croire les chiffres du sondage. Si l’on met de côté les 8 ou 10% du PS, on se retrouve face à deux blocs de force à peu près égale, la Droite et l’Alliance, et ce sont les « petites listes » d’Eric Magamootoo, de Nadia Ramassamy et de Vincent Defaud qui pourraient faire la majorité.
Conclusion : rien n’est fait pour la désignation de la nouvelle majorité du Conseil régional et les 15 derniers jours de campagne vont s’avérer décisifs…
