
Certains jugeront surprenant qu’un "anti communiste primaire et viscéral" (ce sont eux-mêmes qui le disent), prenne position en faveur d’un justiciable qui n’en est pas à son premier tour de piste en correctionnelle.
J’explique : j’enverrais volontiers aux galères quelqu’un ayant commis une monstruosité avérée. Mais notre justice française ne peut se permettre, sous peine de perdre sa dernière crédibilité, d’être à géométrie variable et condamner pour plaire aux humeurs chagrines.
Non pas que hier, nous ayons perdu notre temps, loin de là. Les joyeuses passes d’armes entre la présidente, le procureur et les avocats étaient particulièrement jouissives.
Mais la Chancellerie, elle, a bel et bien perdu son temps et l’argent des contribuables dans un procès qui n’avait pas lieu d’être !
L’affaire est simple et risible, voire ridicule. Tout débute avec la lettre d’un corbeau, en 2009, qui se fait fort de démontrer que le maire de Saint-Louis "fraude les marchés publics"… et ne démontre que sa volonté de nuire, c’est évident comme le vide au fond de mes poches.
La commune de Saint-Louis a passé un marché avec le sieur Papy, pour la mise à disposition d’un camion avec chauffeur. But de l’opération, le ramassage des sachets d’ordures et autres déchets verts ou encombrants. Ceci serait normalement de la compétence de la CIVIS mais cette dernière n’a jamais satisfait à cette obligation à laquelle la soumet pourtant ses statuts. La commune, déjà accusée d’être "la plus sale de l’île", se substitue donc au défaillant et, n’ayant pas assez de camions, lance un marché.
Le maire n’a jamais assisté à la réunion de la commission d’appel d’offres. Il s’avère, après ouverture des soumissions, que sur les deux candidats, M. Papy est le seul à satisfaire aux conditions du marché (ce que démontrera sans peine la défense). Ce faisant, le maire signe le contrat qui lui est présenté par ses services.
Pas de quoi fouetter un chat : la prestation est honorée par le contractant auquel la commune confie deux employés car M. Papy ne peut être à la fois chauffeur et ramasseur. Il n’avait donc pas à payer les cotisations sociales de deux employés communaux, ce qui lui était également reproché, outre l’accusation de recel de fraude aux marchés publics.
Et c’est tout ! Mais ça suffit pour qu’une lettre écrite par un lâche soit à l’origine d’une enquête menée à charge, selon ce qui nous a été lu à l’audience.
Il est sûr que le caractère un peu spécial de Claude Hoarau a eu de quoi, dès le début de l’audience, irriter quelque peu la présidente. Ca commençait bien et la suite a tenu toutes ses promesses. Entre une présidente incisive, qui ne laisse passer aucune virgule, un procureur au mieux de sa forme, et deux avocats remontés comme des pendules suisses, l’affrontement a été de haut niveau… sur le plan du pur spectacle seulement. Si Me Grand-Jo-la-Flûte a été égal à lui-même, bouledogue qui ne lâche jamais son os, le jeune Me Omarjee a confirmé, une fois encore, qu’il s’alignait dans l’arène des meilleurs.
Les différents éléments à charge ont été mis en pièces l’un après l’autre.
Le procureur a réclamé 6 mois avec sursis et 15.000 euros d’amende. Les avocats ont logiquement plaidé la relaxe pure et simple. Jugement en janvier prochain.
L’opinion des plaidants est qu’il "fallait bien, après avoir écarté un challenger de droite à Saint-Louis, disqualifier aussi un leader de gauche". Sauf que ce dernier n’est pas candidat.
C’est vraiment du temps et de l’argent défenestrés sans même une apparence de logique.
Jules Bénard