Des points de vue parfois difficilement conciliables, c’est le résumé que l’on peut faire à la fin de la première journée du séminaire « risque requins ». Comme nous l’avons déjà évoqué, l’ensemble des acteurs impliqués dans ce dossier participe à ce séminaire. Scientifiques et responsables d’associations peuvent donc confronter leurs analyses et préconisations respectives. Toutefois, on pouvait s’en douter, il sera compliqué d’aboutir à un consensus entre les différentes parties.
Du côté des associations, et plus particulièrement de Prévention Requin Réunion, on reste persuadé qu’il faut recourir aux prélèvements pour sécuriser la pratique du surf. « Le seul moyen pour réduire le risque, ce sont les prélèvements. On ne parle pas d’éradiquer les requins mais de pêcher une dizaine ou une vingtaine de requins qui se sont sédentarisés sur la côte Ouest », explique Serge Leplège.
Le porte-parole de l’association PRR estime d’ailleurs que les études scientifiques menées à la Réunion ne permettent pas d’affirmer que les requins marqués dans le cadre du programme Charc (Connaissances de l’Écologie et de l’Habitat de deux espèces de Requins Côtiers sur la côte Ouest de la Réunion) n’étaient pas impliqués dans les récentes attaques à Trois Bassins et Saint-Leu.
« Les requins bouledogues ne sont pas menacés. Ce n’est pas une espèce protégée. Il faut arrêter de tourner autour du pot et faire ces prélèvements rapidement car malheureusement on risque d’autres attaques », insiste Serge Leplège qui prend en exemple l’Australie, un pays qui serait sur le point de relancer la pêche de requins blancs, « une espèce pourtant protégée », rappelle-t-il.
» Les points de vue dans ce type de problématique peuvent être complètement antagonistes »
La position de PRR tranche donc radicalement avec celle de Mickael Hoarau qui affirmait ce matin que les prélèvements répondent principalement à une « pression populaire » ([lire ici).]url:http://www.zinfos974.com/Prelevements-de-requins-Une-mesure-inadaptee-pour-repondre-a-la-pression-populaire_a48171.html
« Les attentes étaient fortes. Ça a permis aux gens d’échanger et que chacun donne son point de vue », tempère Jean-Sébastien Philippe. Le chef de projet Biotope, qui a conduit l’étude commanditée par la Région, considère qu’il est particulièrement difficile d’isoler les thématiques car elles sont toutes liées entre-elles : « On se rend compte dans les ateliers que toutes les actions sont liées. La connaissance est liée à la prévention qui est liée à la surveillance, qui est liée aux secours, qui sont eux-même liés à la protection des usagers. L’exercice dans les ateliers est donc difficile mais nécessaire. Ca permet d’aborder les différentes mesures qu’on va essayer de décliner pour définir un programme global de la gestion du risque requins à la Réunion », explique-t-il.
« Les points de vue, dans ce type de problématique, peuvent être complètement antagonistes. Il y a un travail de prise de conscience de chacun. Il y a des enjeux économiques, sociaux et environnementaux. C’est très complexe. L’exercice consiste à trouver une ligne directrice pour qu’on aille dans le bons sens et surtout dans le caractère opérationnel de gestion du risque », conclut le chef de projet Biotope.
La synthèse du séminaire est attendue demain. Reste à savoir si elle satisfera l’ensemble des acteurs. Rien n’est moins sûr.