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Selon une commissaire européenne, « l’avenir sera meilleur dans les RUP d’ici 10 à 15 ans »

La quarantaine de membres de la délégation réunionnaise à Bruxelles, composée de quelques élus mais surtout de représentants du monde socio-professionnel, est entrée dans le vif du sujet ce matin avec l’ouverture officielle du 4ème Forum des régions ultrapériphériques.   Les principaux intervenants ont pris la parole tour à tour pour expliquer en quoi les […]

Ecrit par zinfos974 – le vendredi 31 mars 2017 à 02H21

La quarantaine de membres de la délégation réunionnaise à Bruxelles, composée de quelques élus mais surtout de représentants du monde socio-professionnel, est entrée dans le vif du sujet ce matin avec l’ouverture officielle du 4ème Forum des régions ultrapériphériques.
 
Les principaux intervenants ont pris la parole tour à tour pour expliquer en quoi les RUP sont importantes pour l’Europe.
 
« Oui, nous avons été fautifs… »

Corina Cretu, la Commissaire européenne pour la politique régionale, a été la première à s’exprimer en tant que personnalité invitante. Le ton s’est voulu direct et franc : « Des valeurs que nous pensions acquises sont aujourd’hui contestées« , référence au départ de la Grande Bretagne de l’UE et aux prises de position anti-Europe de certains candidats à la présidentielle en France, ce qui oblige les responsables européens à parfois faire leur mea culpa. « Oui, nous avons été fautifs en matière de communication, nous n’avons pas suffisamment fait savoir ce que nous faisions pour les populations. Et il faut arrêter de dire que quand c’est bien, ça vient des états, et quand c’est mauvais ça vient de l’Europe« .
 
Corina Cretu a ensuite cité Jean-Claude Juncker : « Nous devons nous rapprocher de ce que les citoyens attendent de l’union européenne« . Mais, concernant la politique de la commission européenne concernant les RUP, elle n’a pu s’empêcher de tacler certains gouvernements : « Nous ne pouvons pas faire de miracles si les Etats ne font pas leur travail de leur côté« . Etait manifestement visée la France puisqu’elle a évoqué un gouvernement qui représentait plusieurs RUP…
 
La Commission est prête à tenir compte des remarques, des propositions que les présidents de RUP vont déposer officiellement demain matin, au travers d’un mémorandum en 150 propositions, a déclaré Corina Cretu. « Je suis très optimiste et suis convaincue que l’avenir sera meilleur dans les RUP d’ici 10 à 15 ans« , a-t-elle déclaré.
 
« Je suis impressionnée par votre dynamisme pour surmonter tous les défis liés à la distance« . A ce sujet, elle a affirmé que la Commission peut aider les RUP à compenser la distance, à intégrer ses produits sur les marchés internationaux. Une déclaration qui a dû satisfaire le président Didier Robert, dont c’était une des revendications détaillées hier (voir « [La continuité territoriale pour tous: Rien n’est impossible selon Didier Robert]urlblank:http://www.zinfos974.com/La-continuite-territoriale-pour-tous-Rien-n-est-impossible-selon-Didier-Robert_a112678.html « ). Même si la formulation reste vague et a encore besoin d’être précisée.

Le manque de savoir vivre de Jean-Marie Le Guen
 
Les présidents de région ont ensuite pris la parole tour à tour avant que n’intervienne Jean-Marie Le Guen, le secrétaire d’Etat chargé du Développement et de la Francophonie qui remplaçait au pied levé Ericka Bareigts, retenue en Guyane.
 
L’attitude désinvolte du représentant du gouvernement français a choqué plus d’un dans la salle. Il a commencé par oublier de saluer les présidents de région, avant de lire de façon mécanique un discours écrit par un membre de son Cabinet et qu’il n’avait manifestement pas pris la peine de lire auparavant. Preuve en est qu’il butait sur toutes les abréviations que son collaborateur avait glissées dans le texte… Un discours de 10 minutes, avant de repartir au pas de course et de disparaître, sans doute appelé à d’autres préoccupations apparemment plus importantes. A moins que ce ne soit pour faire campagne pour Emmanuel Macron qu’il s’apprête visiblement, lui aussi, à rejoindre…

« Nous sommes ici parce que nous voulons des réponses »
 
Trois discours ont tranché dans cette partie du forum, en sortant des platitudes souvent répétées.
 
C’est d’abord Vasco Cordeiro, le président du gouvernement régional des Açores, qui a un peu détonné dans le concert d’amabilités jusque là entendues. « Il ne faut pas que nous soyons venus ici pour redire à la Commission ce que sont les RUP. Nous nous sommes déjà rencontrés de très nombreuses fois et elle doit le savoir. Il ne faut pas que nous repartions de Bruxelles en ayant simplement l’impression d’avoir été entendus. La Commission sait déjà. Et nous savons qu’elle sait. Pourquoi sommes nous rassemblés pour la 4ème fois à Bruxelles ? Nous sommes ici parce que nous voulons des réponses. Nous voulons apporter notre contribution. Et nous ne pouvons repartir sans savoir ce que la Commission est prête à faire dans les RUP« , a t-il déclaré, applaudi par la salle.
 
« Il faut maintenant réparer les dégâts occasionnés par les politiques communautaires elles mêmes »

Puis c’est Younous Omarjee qui a pris la parole. Si tout le monde avait bien pris soin jusque là de ne pas froisser la Commission et de ne pas évoquer de sujets qui fâchent, le député européen réunionnais n’a pas hésité à mettre les pieds dans le plat. Evoquant les erreurs jusqu’ici commises par les instances européennes, il a affirmé que « rien ne pourra effacer par exemple les conséquences des décisions de supprimer les quotas et les aides à la canne et au sucre« . Il y a selon lui un « problème fondamental de la cohérence des politiques communautaires » et « il faut maintenant réparer les dégâts occasionnés par les politiques communautaires elles mêmes« . Pour éviter ces écueils, il faut selon lui « en amont prendre en compte les spécificités des RUP et s’appuyer sur l’art 349 telle que traduit par la Cour européenne de Justice« . « Nous n’en pouvons plus de demander à la commission européenne d’appliquer un traité« , a t-il conclu. Et « il faut répondre aujourd’hui car nous n’avons plus de temps à perdre. Ce qui se passe en Guyane est là pour nous le montrer de façon éclatante« .
 
Enfin, Georgios Dassis, le président du Conseil Economique et Social Européen, a complètement réveillé la salle grâce à sa faconde et à un sens du discours digne de l’ancien syndicaliste qu’il était. Il a su émailler son discours d’anecdotes personnelles, dans un style truculent, qui lui a valu de nombreux applaudissements.

« Je demande aux responsables européens de nous entendre, de nous écouter mieux« 
 
Il revenait à Didier Robert de conclure cette première partie du Forum, en sa qualité de président par intérim, en remplacement du président de la région Guyane retenu par les événements qui secouent actuellement son territoire.
 
Le président de la Région Réunion n’a pas hésité à comparer Paris et Bruxelles. « Autant les principales décisions prises à Paris s’inscrivent dans une démarche plus comptable que visionnaire« , autant « nous avons une véritable écoute de la part de la Commission européenne« .
 
Si la démarche est constructive, il n’en demeure pas moins qu’elle pourrait être beaucoup plus efficace, selon Didier Robert, si Bruxelles acceptait d’écouter véritablement les propositions que lui font les présidents de RUP.
 
« Il faut une nécessaire refondation des relations entre la Commission et nos régions et je demande aux responsables européens de nous entendre, de nous écouter mieux« , a poursuivi Didier Robert.
 
« Nous sommes à un tournant de nos relations. Une autre voie est possible. Je demande aux autorités européennes de ne pas avoir peur des RUP mais de nous considérer comme une parcelle de l’identité européenne à laquelle nous sommes tous attachés« .
 
Puis le président de la Région Réunion en est venu au dossier qui lui tient particulièrement à cœur : « Etre citoyen européen signifie de pouvoir se déplacer et de s’installer dans chacun des territoires européens. Mais comment le faire quand on se heurte à une discontinuité territoriale ? Je plaide pour que l’Europe accepte de nous accompagner dans ce dossier majeur de la continuité territoriale« , a-t-il répété.
 
Concernant la compétitivité économique, « nous devons être des facilitateurs et non pas rajouter des règles et des normes qui freinent notre développement« .
 
Enfin, concernant la politique commerciale européenne, il a mis en exergue le fait que certains accords commerciaux négociés par l’Europe font peser de lourdes menaces sur les économies des RUP. Il a donc plaidé pour un effort d’harmonisation afin que « les produits qui entrent sur notre territoire respectent les règles que nous, nous respectons« .
 
Et le président de Région a conclu en affirmant que, « à l’heure où certains redoutent un repli sur soi, d’autres une fragmentation, les RUP représentent un fantastique défi pour appliquer les valeurs de l’Union européenne« .

 

Selon une commissaire européenne, Selon une commissaire européenne,

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